Le champ politique dont la propriété essentielle demeure la production et la reproduction de la domination est perceptible en République démocratique du Congo à travers le comportement des élites et les principes qui régissent le fonctionnement de l’État. La mise en œuvre de cette domination mène les acteurs au déploiement des stratégies et comportements qui caractérisent l’homme politique congolais.

L’histoire politique du Congo relève qu’à chaque moment fort de la vie politique du pays, on assiste au chamboulement de la classe politique, à la mise en place des structures, des alliances qui, au final, n’ont pas pour objectif de défendre ou de répondre aux désidératas de la population, mais plutôt de servir les intérêts des acteurs politiques. Il y a alors une lutte de positionnement des élites, des scissions partisantes et la prolifération des leaderships. L’histoire politique récente du pays nous donne quelques bels exemples de cette situation. Lorsque le processus de démocratisation du pays est lancé vers années 90, dans la foulée, une Conférence Nationale Souveraine devait être organisée. Face à la machine politique du Mouvement Populaire pour la Révolution (MPR) se dressant une alliance appelée « Union Sacrée » constituée principalement de l’UDPS, de l’UFERI de NGUZ et le PDSC d’ILEO.

 Bien que l’objectif poursuivi par cette alliance fût d’édifier une société démocratique par la lutte contre la dictature, mais très vite, les divergences sont apparues entre ces trois partis politiques mentionnés ci-haut. Ces divergences donnant naissance à une autre alliance appelée « Union Sacrée Libérale et Démocratique ». À l’origine des divergences, le conflit personnel entre NGUZ et TSHISEKEDI lorsque le premier a accepté le poste de chef du gouvernement à la place du second. Face à la férocité de la lutte de positionnement et pour protéger son poste, le président MOBUTU essayait de diviser l’opposition pour briser les attaques de celle-ci. Aussitôt, NGUZ annonce son départ du cartel « Union Sacrée » et va bénéficier du soutien du MPR.
Lors du dialogue inter-congolais qui réunissant divers groupes d’élites congolaises : les patriarches, les recrues de l’étranger, les recrues nationales, les religieux engagés, les notabilités, la diaspora opportuniste, les aventuriers locaux, les réactionnaires éparpillés dans toutes les délégations, on va assister de nouveau à la nature de l’homme politique congolais, toujours celle de la lutte de positionnement pour ses propres intérêts avec un radicalisme à outrance de certains partis politiques, notamment l’UDPS et le FONUS. Comme le président MOBUTU, le président Joseph KABILA va utiliser la stratégie de division de ses détracteurs en parvenant à un accord avec le MLC de Jean-Pierre BEMBA qui écartait les radicaux (UDPS, FONUS et le RCD) et qui permettait également de créer le cartel « Camp de la patrie », stigmatisant les radicaux comme étant les ennemis de la patrie. Devant cette impasse et pour se repositionner aux enjeux, l’UDPS et le RCD/Goma constituèrent à leur tour le cartel « Union pour la Sauvegarde du Dialogue ».
En 2017, après deux élections organisées en 2006 et 2011, la vie politique du pays semble être bloquée, la cause principale, la non-organisation des élections en 2016. Sans se focaliser sur les discours et contre discours des acteurs sur cette crise, il apparaît à ce jour que, la nature de l’homme politique congolais resurgie : lutte de positionnement, scissions des partis politiques, création des alliances et d’un nouveau leadership sans vision claire. Le pouvoir politique en place utilise les mêmes méthodes face à la classe politique. La non-organisation des élections en 2016 a créé une situation de crise politique. Lorsqu’il y a crise politique, il faut un mode de résolution adapté qui est parfois loin du juridisme. Dans des situations pareilles, l’homme politique congolais se déchire, se réinvente avec des discours, mais à la fin, reste égal à lui-même. Pour dénouer la situation de crise actuelle, un procédé communément mobilisé dans les pays africains, va être utilisé, à savoir le dialogue. Il y en aura deux : le dialogue de la cité de l’Union africaine et celui de la CENCO. Ces deux pourparlers nous ont montrés comment l’homme politique congolais se positionne, se repositionne avec pour intérêt, trouver son compte sans se soucier du pauvre citoyen. Tout tourne autour de la répartition des postes, des ministères. Qui va occuper tel poste ? Pourquoi lui et pas ? Et pendant ce temps, on assiste à une prolifération des alliances : Rassemblement, Dynamique de l’opposition, Opposition signataire de l’accord du 18 octobre 2016, le groupe de Sammy BADIBANGA, société civile signataire de l’accord du 18 octobre 2016, etc. Entre ces différents groupes, il y a une vraie lutte de positionnement, de création d’un nouveau leadership, du dénigrement des uns et des autres avec pour conséquence, difficile de se mettre d’accord. Cette situation arrangerait d’ailleurs la majorité au pouvoir qui joue sur le facteur temps pour bien planifier ses stratégies de conservation de pouvoir.
La scène politique est un monde des enjeux dit-on, l’accession au pouvoir reste primordiale pour tout homme politique, mais en République démocratique du Congo, celle-ci reste un moyen qui permet de bien décortiquer la vraie nature de l’homme politique congolais.
Hervé KIANA NSIABAR

Diplômé en master en administration publique, l’Université de Liège/Belgique
Diplômé en master en sciences politiques, l’Université de Liège/Belgique
Licencié en relations internationales, l’Université de Kinshasa/RDC
Chercheur en sciences politiques
Aspirant doctorant
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