Séraphine P, quatre ans révolus, est occupée à jouer dans un coin de la parcelle. Un grincement de la porte la fait sursauter. Levant la tête, elle aperçoit deux fillettes de son âge en uniforme bleu et blanc. Séraphine se fige. Elle n’arrive pas à détacher son regard de la porte. Des larmes lui coulent des yeux, inconsolable.

Plus d’un an s’est écoulé depuis que la mère adoptive de Séraphine P. l’a amenée à Kinshasa. Mais jusque-là, elle n’est plus allée à l’école. En voyant ses amies sur le chemin de l’école, vêtues d’uniforme bleu et blanc se rendant à l’école. Séraphine regrette de ne plus être en mesure d’étudier. Orpheline de père et de mère, elle l voit ses rêves brisés. Car sa tutrice, une pauvre femme, ne peut pas l’envoyer à l’école. Consternée, Séraphine ne semble rien comprendre de ce qui lui arrive. "Quand j’étais à Ilebo (province du Kasaï), je fréquentais l’école, mais à Kinshasa, ce n’est plus le cas", se dit-elle.

VIOLATION DU DROIT A L’EDUCATION
A l’instar de la petite Séraphine, beaucoup d’enfants dont les parents sont dépourvus de moyens ne vont pas à l’école. " Ma fille vivait en Angola. Elle est morte laissant trois orphelines âgées respectivement de deux, quatre et six ans. Aucune d’elles ne va à l’école faute de moyens. Je me démène seulement pour leur trouver à manger ", explique maman Mvuemba, la grand-mère de ces enfants.
" Priver un enfant d’école par manque de moyens financiers, c’est violer l’un de ses droits les plus fondamentaux. L’enfant a droit à aller à l’école, à manger, à s’habiller, à avoir une habitation… tous ses services auxquels il a fondamentalement droit sont devenus pour lui un luxe actuellement à Kinshasa, comme à l’intérieur du pays ", a indiqué, un avocat au barreau de Kinshasa /Matete.
La gratuité de l’enseignement primaire, prônée dans la Constitution rd-congolaise, peine encore à être totalement appliquée. Des acteurs sociaux dénoncent ces inégalités dans l’accès au système scolaire à Kinshasa. Ces disparités sont renforcées par la différence d’accès aux ressources économico-financières telle que vécue dans cette mégapole de plus de 10 millions d’habitants. C’est ce qui, expliquent-ils, renforce davantage les clivages sociaux entre ceux dont les moyens permettent d’envoyer leurs enfants à l’école et ceux qui ne le peuvent pas.

DEPERDITION SCOLAIRE
L’Etat congolais étant déficitaire dans la prise en charge de l’éducation au niveau primaire, fait le lit des privés. Le foisonnement des écoles privées à Kinshasa, comme à l’intérieur du pays, crée plus de problèmes qu’il n’en résout. Fondées par des particuliers, ces écoles ont pour objectif premier, de réaliser des bénéfices. Pour leurs promoteurs, ce sont des affaires avant tout. Elles se caractérisent, pour la plupart d’entre elles, par une promptitude à renvoyer les élèves pour non-paiement des sommes exigées dès la première semaine de la rentrée scolaire.
Cette pression exercée sur les parents par ces écoles est à la base de la hausse du taux élevé de déperdition scolaire sur l’étendue du pays. Interrogés à ce sujet, les animateurs sociaux dénoncent ce qu’ils qualifient d’« un enracinement de la violation des droits humains les plus fondamentaux à travers le territoire ».
" Le niveau de l’enseignement a considérablement baissé dans notre pays comparativement aux années 70-80 ", entend-t-on souvent dire à Kinshasa. Les acteurs sociaux œuvrant dans le secteur éducatif attribuent cette dégringolade du niveau scolaire à la réduction de l’enveloppe que l’Etat alloue à ce secteur crucial de la vie nationale.
Des études menées à Kinshasa font état de violations de droits à l’éducation scolaire, notamment la gratuité de l’enseignement primaire, ainsi que l’accès à l’école pour les enfants issus des familles pauvres.

PLAIDOYER
" Certains bâtiments abritant des écoles privées comme publiques du pays sont dans un état de délabrement avancé. Des bibliothèques pratiquement inexistantes. Il y a même de l’espace de recréation qui commence maintenant à poser problème pour les élèves, parce que les promoteurs cherchent à construire des nouveaux bâtiments et ajouter d’autres filières ", a déclaré un défenseur des droits de l’homme.
Fort de ce tableau sombre, les acteurs de la société civile invitent les autorités politiques à faire preuve de bonne volonté, afin de faire appliquer la gratuité de l’enseignement au niveau primaire. Ils saluent, par ailleurs, l’augmentation au niveau national du taux de participation des filles au système éducatif, notamment l’année scolaire 2016-2017.
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