L’assassinat de deux experts onusiens au Kasaï au mois de mai dernier continue de susciter des inquiétudes au Conseil de sécurité de l’Onu. Dans un communiqué de presse daté d’hier jeudi 17 août, le Conseil a déploré les violences qui continuent dans cette zone, comme l’a attesté le récent rapport du groupe d’experts onusiens.

Occasion pour certains membres du Conseil de sécurité de revenir sur ce qu’ils considèrent comme « lenteur dans l’application » de l’Accord de la Saint Sylvestre. Réponse rassurante : « les élections auront bel et bien lieu en Rdc ». Lire ci-dessous, le condensé du rapport.

Les membres du Conseil de sécurité s’inquiètent de la poursuite des violences en RC

17 août 2017 – L’examen jeudi par le Conseil de sécurité du rapport final du Groupe d’experts des Nations Unies sur la République démocratique du Congo (RDC) a été l’occasion pour les membres du Conseil de sécurité de rendre un hommage appuyé aux deux experts du groupe - Michel Sharp et Zaïda Catalán - assassinés fin mars au Kasaï en même temps que leur interprète, en présence de membres de leur famille.

Les membres du Conseil ont en outre fait part de leurs préoccupations face à la poursuite du pillage des ressources naturelles du pays, dont le trafic illicite représente une importante source de financement pour les nombreux groupes armés responsables de multiples exactions. De même, ils se sont inquiétés de la lenteur avec laquelle est mis en œuvre l’Accord politique conclu le 31 décembre dernier ainsi que des incertitudes qui pèsent toujours sur le processus électoral.
« Cette séance ne peut être une séance comme les autres », a déclaré dès l’ouverture du débat la représentante de la France, qui, comme tous les autres intervenants à sa suite, a présenté ses condoléances aux membres présents de la famille des deux victimes.
« C’est en public, face aux familles des deux experts assassinés, qu’il faut exiger la justice pour ces meurtres », a ajouté le représentant du Royaume-Uni, qui a rappelé que c’est le Conseil de sécurité qui leur avait demandé de collecter les informations pour lesquelles ils ont été assassinés, qui leur avait demandé « d’être ses yeux et ses oreilles ».
Également présent lors du débat, le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’intégration régionale de la RDC, Léonard She Okitundu, a assuré que les auteurs de l’assassinat des deux experts seraient « sévèrement sanctionnés ».
Toutefois, M. She Okitundu a jugé « inopportune » la mise en place d’une enquête internationale indépendante sur l’assassinat des deux experts, recommandée dans le rapport final. Pour le ministre, le Gouvernement de la RDC collabore déjà avec les mécanismes de l’ONU mis sur pied et avec les instances des pays d’origine des deux victimes.
Il a reçu l’appui de la Fédération de Russie, qui a estimé que Kinshasa faisait déjà preuve d’un niveau élevé de coopération dans le cadre de l’enquête avec les Gouvernements de la Suède et des États-Unis, pays dont les victimes étaient ressortissantes.
En revanche, plusieurs autres membres du Conseil ont appuyé l’idée d’une enquête internationale ou d’un mécanisme de suivi, y compris la Suède et les États-Unis, qui enquêtent déjà sur place auprès des autorités congolaise.
Si l’assassinat des deux experts témoigne des conditions dans lesquelles travaillent le personnel des Nations Unies en RDC, il est aussi un rappel des souffrances imposées à un grand nombre de civils innocents dans ce pays, a fait observer le Président du Comité chargé des sanctions relatives à la RDC (le « Comité 1533 »), Amr Abdellatif Aboulatta, de l’Égypte.
M. Aboulatta a estimé que le rapport présentait « une image complexe des différents défis auxquels la RDC est confrontée », qu’il s’agisse de l’évolution des groupes armés qui sévissent dans le pays, de plus en plus connectés à des groupes étrangers, ou du pillage des ressources naturelles. À propos de celles-ci, il a noté la relative efficacité de la traçabilité des minéraux mise en place et qui, bien qu’imparfaite, a considérablement réduit les possibilités pour les groupes armés de tirer directement profit de leur exploitation illicite.
À sa suite, plusieurs délégués ont souhaité le perfectionnement du système et surtout son extension au traçage de l’or, dans l’exploitation illégale duquel sont impliqués de hauts responsables militaires congolais, a affirmé le représentant de l’Italie.
Plusieurs orateurs ont également fait le lien entre les violences qui ravagent plusieurs régions - marquées par de nombreuses violations des droits de l’homme sur lesquelles enquêtaient les experts assassinés - et la non-application de l’Accord politique du 31 décembre, « seule feuille de route crédible pour permettre une sortie de la crise que connaît le pays » selon la représentante française.
Cet accord doit être clairement mis en œuvre, ont demandé plusieurs représentants. « À défaut, que se passera-t-il ? », a demandé le représentant du Royaume-Uni, qui a fait état de 430 violations des droits de l’homme recensées officiellement depuis le début de l’année, soit plus que durant toute l’année 2015.
Le Vice-Premier Ministre s’est voulu rassurant sur ce point. Le processus d’enregistrement des électeurs progresse et les élections « auront bel et bien lieu en RDC, conformément au calendrier électoral qui sera publié par la Commission électorale nationale indépendante », a-t-il assuré.
Pour l’avenir, les États-Unis estiment que le travail du Groupe d’experts et celui du Comité n’est « pas achevé » et la Suède appuie la recommandation du Secrétaire général de prolonger de dix-huit mois le mandat du Groupe. Pour M. She Okitundu en revanche, la question a été réglée par la résolution 2360 (2017) qui a prévu une prolongation du mandat du groupe d’experts jusqu’au 1er août 2018.
Quant aux sanctions elles-mêmes, prévues par la résolution 2360 (2017) jusqu’au 1er juillet 2018, le Président du Comité 1533 a annoncé son intention d’organiser en fin d’année une réunion avec les États de la région, à l’occasion de laquelle il présentera un résumé des réactions au rapport final du Groupe d’experts ainsi que ses impressions sur la visite qu’il entend faire en octobre en RDC. Ce sera, a-t-il estimé, l’occasion de promouvoir une discussion sur l’efficacité du régime de sanctions et les moyens de renforcer sa contribution à la paix et la stabilité dans le pays.
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