* L’implication de la femme dans cette gouvernance très sollicitée.

La République démocratique du Congo regorge d’énormes potentiels en ressources naturelles. Son sol et son sous-sol sont tellement riches que ce pays ne peut pas être classé parmi les pays les plus pauvres de la planète.

Au regard de ce sombre tableau, l’opinion s’interroge. Pourquoi ces ressources ne contribuent-elles pas au développement de cette nation ? Qu’est ce qu’il faut faire pour transformer ces potentialités en véritables richesses au profit des populations congolaises ? Pourquoi les taxes et impôts déclarés par les sociétés minières, forestières et de pétrole ne contribuent-ils pas au Trésor public ?
Face à toutes ces interrogations, les experts du secteur sont formels : pour que ces ressources naturelles soient bénéfiques aux populations congolaises, il faut une politique cohérente pour booster l’économie nationale. A cela, il faut ajouter la lutte contre la fraude, et l’implication de la femme.

VISION
« La pauvreté de la RDC réside dans la vision qu’elle a de ses richesses du sol et du sous-sol qu’elles pourrait transformer en richesses économiques palpables », a fait savoir Léonie Kiangu, membre du secrétariat exécutif de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE).
« Le pays n’a pas une politique claire de transformation de ses richesses minières en ressources monétaires pour un développement durable. En plus, la RDC ne se remet pas en question pour faire un état de lieux de l’extraction de ces ressources un siècle après ». « Nous sommes un pays pauvre sur une terre riche. Nous n’avons pas de politique pour nous imposer sur les marchés mondiaux", déplore-t-elle.
Pour Léonie Kiangu, il faut une volonté forte des autorités congolaises pour renverser la vision actuelle de la gestion des ressources naturelles. Tendance tournée vers l’égocentrisme, l’enrichissement personnel, des partenariats frauduleux. Pour cela, dit-elle il faut une rigoureuse application des lois pour une gestion rationnelle des revenus des industries extractives, ainsi que l’instauration de la redevabilité afin de lutter contre la fraude dans ce secteur.
D’après Leonie Kiangu, la fraude dans le secteur se situe en amont de la chaîne des valeurs des industries extractives, du système fiscal congolais qui est déclaratif et complexe. Suite notamment au manque de moyens de l’Etat pour doter ses services de matériels adéquats de contrôle, de suivi. Aux dires de la déléguée de l’ITIE, le manque de vision des mines pour le développement de la RDC pose un problème de conscience. Le fait de laisser les étrangers apporter les moyens financiers, la technologie, la main-d’œuvre exportée n’aide pas le contrôle de l’extraction minière en RDC. « Qui contrôle et maîtrise la production, la commercialisation, le retour des devises au pays et dans quelles banques sont-elles logées ? », s’interroge Léonie Kiangu, qui invite les parents à orienter leurs enfants (filles et garcons) vers les études de géologie, de transformations des ressources naturelles, de pétrole et nouvelles technologies, ces secteurs créateurs d’emplois.

L’IMPLICATION DE LA FEMME
« La femme est la première victime de la mauvaise gestion des ressources naturelles en RDC », indique cette experte de l’ITIE. Convaincu que la RDC est capable de faire bouger les lignes. Mme Kiangu entonne : "Levons-nous et unissons nous dans les associations afin de mieux comprendre les ressources naturelles de la RDC et savoir comment les utiliser. Brisons la peur en posant des questions pertinentes pour avancer avec les hommes", exhorte-t-elle.
Pour sa part, la responsable des questions économiques à l’Ong internationale Open Society Initiative for South Africa (OSISA), Mme Euphrasie Amina a fait savoir que les femmes doivent chercher à s’approprier le plaidoyer pour la bonne gouvernance des ressources naturelles en RDC.
D’après elle, OSISA dispose d’un programme qui soutient les initiatives sur la bonne gouvernance des ressources naturelles depuis 2009.
Le constat est que très peu de femmes sont actives dans ce secteur, alors qu’elles sont les premières victimes dans la problématique de l’exploitation des ressources naturelles en RDC.
Selon Euphrasie Amina, il est nécessaire que la femme victime ait un mot à dire dans le débat sur la gestion des ressources naturelles. Abordant la question des communautés locales, elle les a priées de se regrouper en réseaux pour mieux suivre l’évolution et définir les priorités en matière de développement de leurs coins afin de les canaliser vers les décideurs. Aussi, les invite-t-elles à élaborer un cahier des charges avec des objectifs précis, répondant à leurs besoins spécifiques.
Pour sa part, la coordinatrice de la plateforme « Forum des femmes pour la gouvernance des ressources naturelles (FFGRN) » a estimé qu’il est plus que nécessaire de renforcer les capacités des femmes vivant aux alentours des sites d’exploitation des ressources naturelles. Selon la princesse Dominique Munongo, il importe d’aider ces femmes à être capables d’influencer les autres et de mener le plaidoyer principalement en direction des décideurs, et, leurs calvaires.

LA FORET CONGOLAISE, DEUXIEME POUMON MONDIAL
La forêt de la RDC est le deuxième poumon mondial par son écosystème. Mais elle est, à ce jour, en perte de son espèce rare et de sa forêt. L’exploitation illicite des bois, le braconnage sont à la base de la destruction de la faune et de la flore. Comme conséquence, les peuples autochtones, réputés gardiens de forêts, ont commencé à quitter leurs milieux naturels.
A ce sujet, le président national de la Ligue des peuples autochtones, Kapuku Diwa, accuse le Gouvernement de marginalisation des peuples autochtones.
La RDC couvre 135 millions d’hectares de forêt naturelle avec un taux de couverture de près de 60% du territoire, soit 10% de l’ensemble des forêts tropicales et du monde, et environ 45% de celle d’Afrique. Ces forêts, fait remarquer un expert, possèdent une diversité d’espèces végétales et biologiques, constituant ainsi un atout important pour le développement du pays.
Malgré toutes ces richesses de la faune et de la flore, il est avéré que la RDC ne bénéficie pas de toutes ses potentialités. En dépit des efforts de gestion durable des forêts, la pression anthropique, en termes de surexploitation de trafic illicite des bois, constitue un problème par rapport aux espèces exploitées dont certaines considérées comme vulnérables.
En outre, l’utilisation des bois de chauffe dans les ménages en RDC expose les femmes, qui utilisent souvent des braises pour la cuisine, a fait savoir Arnaud Lokonda, un directeur de Metelsat. La braise, dit-il, contient du CO2, une substance chimique contenant un gaz à effet de serre.
Aux dires d’Arnold Lokonda, le dégagement du CO2 dans l’atmosphère contribue au réchauffement climatique. "La déforestation a un impact sur le changement climatique". La forêt est une source de l’atmosphère en ce qui concerne l’humidité de l’air. "Quand vous détruisez la forêt, c’est-à-dire que vous aurez moins d’humidité, et moins d’évaporation", Arnaud Lokonda.
Il déplore à cet effet le fait que la RDC n’a pas bien joué son rôle pendant la Cop 22, tenue à Marrakech, au Maroc. Grâce à sa forêt, elle devait, comme le Brésil, bénéficier d’une somme importante pour le crédit carbone.

HYDROCARBURES, UN SECTEUR POURVOYEUR
La RDC dispose d’un potentiel important en matière d’hydrocarbures, soit 70% du territoire national. Malheureusement, ce secteur reste improductif. A en croire un expert, le secteur d’hydrocarbures est pourvoyeur de l’économie nationale. Pour M.Joseph Pilipili Mawezi, les autorités de la République doivent prendre des mesures pour vulgariser le décret portant règlement sur les hydrocarbures en RDC et veiller à l’application de cette loi, en vue d’améliorer la bonne gouvernance du secteur des hydrocarbures.
Pour y arriver, cet expert est convaincu que la procédure doit être définie clairement. Même au niveau des acquisitions des données géologiques, pour que le pays ne tombe pas sous le coup de la loi sur les marchés publics.
Joseph Pilipili exhorte le gouvernement à exploiter le plus rapidement possible le gaz méthane contenu dans le lac Kivu pour éclairer cette province qui accuse un déficit énorme en énergie électrique. Car, le risque d’explosion est imminent, lâche-t-il.
Ce travail est réalisé par les membres du FFGRN, une plate-forme créée à l’issue de trois formations organisées par OSISA à l’intention des femmes des médias, du secteur public et de la société civile en mai 2016.
Cette plate-forme vise notamment à renforcer la prise en compte du genre dans la gouvernance des ressources naturelles. aussi d’appuyer les connaissances existantes des journalistes comme alliées aux différentes femmes formées, pour amplifier le plaidoyer avec les médias, puis créer une couche des militantes et des dirigeantes éco féministes.
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