L’humanité a célébré le 19 août dernier la Journée humanitaire mondiale. Occasion pour ’’Forum des As’’ de braquer les projecteurs sur ces acteurs qui donnent le meilleur d’eux-mêmes pour apporter assistance aux personnes vulnérables, au péril même de leurs vies. A travers ce dossier concocté avec le concours de la Coopération britannique (DFID/UKAID) et des agences des Nations unies opérant en République démocratique du Congo, la rédaction du quotidien de la 11ème rue vous présente trois femmes au courage exceptionnel. Echantillon de milliers d’humanitaires qui se déploient dans des zones de conflits pour soulager tant soit peu les souffrances des sinistrés. Dossier.

AGENT D’OCHA A BUKAVU
Godelive Sipula : "Le métier d’humanitaire m’aide à apporter joie, sourire et dignité aux sinistrés"
Agent des Nations Unies, œuvrant pour OCHA à Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, Godelive Sipula se considère comme la voix des sans voix dans les zones des conflits. La cinquantaine révolue, cette humanitaire qui opère en province, avec résidence permanente à Kinshasa, s’active à mener des plaidoyers en vue de mobiliser des fonds et voler à la rescousse des personnes vulnérables dans les contrées où elles vivent dans des situations précaires. A’’Forum des As’’, elle se dévoile en marge de la Journée humanitaire mondiale, célébrée le 19 août de chaque année.


Le travail d’humanitaire est-il celui que vous aviez toujours désiré réaliser ?
J’aime beaucoup mon travail. Il me permet d’approcher des personnes vulnérables lors des évaluations de besoins ou des visites de terrain. J’ai ainsi l’occasion de plaider pour leur assistance et le respect de leurs droits à vivre dans la dignité. C’est une profession qui m’aide à apporter beaucoup de joie aux sinistrés, et de les aider à retrouver sourire et dignité. En d’autres termes, mon travail consiste à être la voix des sans voix. La voix qui mobilise la communauté tant nationale qu’internationale pour assister des personnes vulnérables dans les situations de crise.

Comment votre travail aide-t-il les populations ?
Notre travail consiste en l’évaluation des besoins, ainsi qu’en la collecte, à la gestion et en la diffusion de l’information. Il intègre également la mobilisation des financements, la communication et le plaidoyer, ainsi que l’organisation de la réponse basée sur des principes.OCHA nous permet concrètement d’identifier et de prioriser les besoins, suscités lors d’une crise humanitaire dans une zone bien définie. Il nous aide à dimensionner les interventions et favorise une mobilisation des fonds pour une assistance, permettant de soulager la souffrance et de sauver des vies. Pas étonnant que les populations bénéficiaires de notre appui reconnaissent le rôle d’OCHA dans la défense de leurs droits et la fourniture de l’assistance. Voilà pourquoi des demandes d’assistance venant des communautés de différents villages et territoires sont régulièrement adressées à OCHA.

En quoi votre Intervention en tant qu’humanitaire aura-t-elle été utile à la communauté ?

En 2005, j’ai participé à la mission d’évaluation inter agences, qui a servi de soubassement à l’élaboration du premier Plan d’action humanitaire -PAH 2016. Au cours de cette mission, j’ai eu l’occasion de parler avec les déplacés, les retournés, les populations locales affectées par le conflit armé dans l’ex-province du Katanga. A cette occasion, une femme m’a raconté qu’elle était toujours inquiète chaque soir à la tombée de la nuit, parce que, munie d’un seul pagne, elle n’avait aucun tissu pour couvrir ses enfants pendant la nuit. Quelques mois plus tard, j’avais été déployée dans la zone comme responsable de l’antenne OCHA à Mitwaba, pour assurer la coordination de la réponse humanitaire. J’avais suivi comment l’état de milliers des déplacés s’était améliorée graduellement grâce à l’assistance fournie et à la protection assurée par les partenaires humanitaires (ACF, Unicef, PAM, HCR, FAO, ONG locale ACP, MSF, CICR)...

Qu’est-ce qui, selon vous, constitue un frein à votre travail ?
Le manque de financements pour organiser efficacement la réponse aux besoins prioritaires des personnes vulnérables en situation de crise...

Y a-t-il un cas concret qui vous a personnellement ému ?
Bien sûr ! Dans un centre nutritionnel appuyé par Unicef, PAM, et ACF à Mitwaba en 2006, un homme assurait la garde de son bébé de moins 6 mois, qui était dans un état de malnutrition aiguë très sévère. Cet homme s’occupait seul de ses enfants, après le décès de son épouse à l’accouchement pendant leur déplacement dans la brousse. Quelques mois plus tard, l’enfant a été déchargé de soins nutritionnels. Mais cet homme continuait à le porter au dos et allait puiser de l’eau, cueillir du bois et préparer les repas dans un contexte culturel où, seule, la femme a la charge des travaux de ménage !

Quel souvenir positif gardez-vous de votre métier ?
J’avais reçu un jour à mon bureau la visite de deux parents, habitant la cité de Mitwaba. Ils étaient venus présenter le cas de leur fille, victime de viol, mais dont l’auteur (un militaire FARDC) les menaçait pour les intimider à ne pas porter plainte. Suite au plaidoyer mené auprès de la section Droits de l’homme de la Monuc, qui a appuyé le suivi judiciaire de ce dossier, le militaire a été interpellé et condamné par la justice. Les parents étaient venus ensuite m’exprimer leur satisfaction, grâce à mon intervention.

Que pense votre famille du travail d’humanitaire que vous exercez ?
Ils sont fiers du travail que je fais, car je leur en parle. Une fois, ma fille m’a demandé d’où je tirais tout ce que je rédigeais dans les rapports, quand il m’arrivait de travailler à la maison. Je lui ai répondu que ces idées venaient de plusieurs activités (visites de terrain auprès de personnes affectées, réunions avec les partenaires, lecture des rapports sur la situation humanitaire...).
Interview réalisée par Yves KALIKAT, avec le concours de OCHA et de la Coopération britannique
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