Les journées de violence se succèdent à un rythme soutenu en République démocratique du Congo. Après les attaques perpétrées contre de nombreuses prisons du pays, qui ont déversé leur lot de criminels dans les rues, après une attaque en plein jour contre le grand marché de Kinshasa (incompréhensible au vu de la cible), des échanges de tirs nourris ont de nouveau éclaté, ce lundi 7 août, aux abords de la prison de Makala. Mais cette fois, les locataires de la prison centrale n’ont pu goûter aux joies du retour à la liberté.

“Nous avons repoussé les assaillants. Ils étaient très nombreux”, explique un policier présent aux abords de la prison. “Il était un peu plus de 9 heures du matin quand les premiers coups de feu ont éclaté, explique un Kinois qui a « le malheur de vivre pas très loin de la prison. J’ai parlé avec des voisins ou des amis qui habitent dans les environs et personne ne peut dire d’où est venue l’attaque. On n’a pas vu venir les assaillants. Quand ça a commencé à tirer on s’est tous cachés. C’était vraiment très violent et ça a duré au moins une heure. Maintenant (en début d’après-midi) la situation s’est calmée. La police patrouille et les véhicules sont de nouveau autorisés à circuler mais cela demeure très calme. Les gens ont peur. Surtout que des attaques ont aussi eu lieu à d’autres endroits de la capitale. On ne comprend rien à ce qui se passe.”

Il est vrai que l’explosion de colère de ce lundi a de quoi surprendre par la multitude des lieux d’où est parti ce mouvement. D’est en ouest, du quartier de l’université pédagogique nationale, mieux connu sous le nom d’UPN, à la commune de Matete, à l’autre bout de la capitale tentaculaire, mais aussi dans la commune de Lemba ou de Ndjili. Une organisation et une synchronisation qui n’ont eu de cesse de surprendre dans le chef d’un mouvement sectaire qui, même s’il a déjà pris les armes, ne semblait disposer jusqu’ici ni des moyens logistiques, ni de la structure pour mettre sur pied une telle séquence. D’autant qu’au moment où les manifestations se succédaient dans des endroits éloignés les uns des autres à Kinshasa, la même secte politico-religieuse, dont le chef Ne Muanda Nsemi avait été un des détenus libérés lors de l’attaque contre la prison centrale de Makala le 17 mai dernier, menait des actions dans le Kongo central, sa terre originelle.


La bandelette rouge, signe distinctif
Les villes de Boma, Matadi et même Moanda étaient en effet secouées par des manifestations menées par des hommes qui avaient pour la plupart le front ceint d’une fine bandelette rouge, signe distinctif du mouvement de Ne Muanda Nsemi mais aussi, désormais, de tous ceux qui semblent vouloir contester le pouvoir en place en République démocratique du Congo, comme la rébellion Kamwina Nsapu, au Kasaï. Le mouvement de colère de ce lundi s’est finalement dispersé peu avant midi sans qu’il y ait de revendication crédible.

Le bilan humain serait de douze victimes, essentiellement dans les rangs des assaillants, selon le bilan donné à Kinshasa par le colonel Mwanamputu Empung, porte-parole du commissaire général de la police nationale congolaise. Par contre, une fois de plus, la terreur s’est installée à Kinshasa.
“Manifestations encadrées”

Dans la province du Kongo central, à l’ouest, divers témoignages reçus de Boma faisaient état de manifestations encadrées par les forces d’ordre. “Soit c’est le sommet de la démocratie, soit c’est la démonstration qu’il s’agit d’une opération ourdie par le pouvoir”, expliquait un témoin, joint lundi en fin de journée. “On a vu des manifestants venus d’on ne sait où, certains avec le fameux bandeau rouge autour de la tête, crier des slogans hostiles à Kabila et à sa clique, certains avec des pancartes accusant Kabila d’être un Rwandais, le tout sous la protection de la police et des FARDC. Du jamais vu et de quoi alimenter une analyse qui veut que le pouvoir soit derrière ce chaos et s’apprête à annoncer l’état d’urgence. Ce lundi, qui plus est, on était à la veille d’une journée ville morte de l’opposition. Cette manœuvre risque d’en décourager plus d’un.”

afrique.lalibre.be
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