Que faut-il rappeler? La mort “banale” d’un Chef coutumier tout à fait inconnu, ou le viol de sa femme par des FORCES DE L’ORDRE? Il faudra tout aussi rappeler que sa milice – oui il en avait dans un pays organisé – s’est mise en colère au point de s’attaquer à l’Etat entier et, à en croire les autorités, aux civils.

Le fait est qu’il n’y aurait rien à se rappeler si, en plein mois de mars, alors que le monde entier avait le regard fixé sur les interminables négociations de partage de pouvoir et de transition hypothétique, deux experts de l’ONU, un américain (en plus), Michael Sharp et sa collègue suédo–chilienne Zaïda Catalan ne s’étaient pas officiellement retrouvés au mauvais endroit au bon moment.



En deux semaines à peine, une crise locale, une banale tuerie silencieuse prend des ampleurs internationales. Ses méfaits aussi. Le monde occidental fait alors semblant de (re)découvrir la tragédie congolaise, renommée, pour l’occasion, en celle du Kasaï.

Que s’est-il passé? Des coupables sont automatiquement désignés, selon que l’on soit naturellement opposé ou ou non au pouvoir de Kinshasa. D’abord un député, Clément Kanku, écouté malgré lui dans son intimité, se félicitant d’attaques et de meurtres d’officiers, civils compris. Evidemment innocent, il pointe – il n’est pas le seul – systématiquement du doigt un certain Evariste Boshab. Malheur pour les deux citoyens du monde libre tués, ce dernier est un hiérarque du pouvoir. L’affaire s’embrase. Ou plutôt, se complique.

Car à défaut de chercher à rendre justice, il faut bien que ces crimes trouvent une revendication politique. Ça tombe bien: Kabila doit partir. D’autant plus qu’il organiserait ce chaos, tuant deux experts de l’ONU et des milliers de congolais, dans le seul but de repousser les élections. Entre-temps, on ne manquera pas de remarquer que le non-respect de l’accord signé le 31 décembre suffisait à lui seul pour ne pas organiser ces élections salvatrices pour tout un peuple.

Thèse, antithèse. Dés révélations s’enchaînent, toutes aussi accablantes. Personne, en dehors de suspicions légitimes n’arrive alors à désigner les vrais coupables. Ils sont en fait trop connus et, de ce simple fait, intouchables. D’autant plus que la justice congolaise, mondialement réputée juste, courte, se lance dans une procédure aussi loufoque qu’ahurissante: des prévenus qui passent en témoins, les pointés du doigt jamais épinglés, rappelant étrangement un certain Procès Chebeya. En réalité, le crime était parfait. Il l’est. Car, dans un monde où chaque fait doit avoir logique, le bain de sang du Kasaï, entremêlé à des enjeux politiques, se trouve devant une multitude des mobiles.

Les civils auraient tant été tués par des Bana Mura que les Kamwina Nsapu. M. Sharp et Mme Catalan auraient tous aussi été tués tant par toutes les parties: l’ONU qui n’aurait visiblement pas “mieux sécuriser ses poulains”, Kinshasa qui ne les a guère apprécié, un député de l’opposition dont les raisons restent aussi vagues, ou encore, des Kamwina Nsapu sans visées politiques.

A l’ONU, António Guterres est menacé par une furie américaine, qui veut réduire ses pouvoirs et réformer l’Institution jugée inefficace. Face à cette situation, seule une poignet de pays, dont… la RDC, s’y oppose et défend le Secrétaire général de l’ONU. Le même Secrétaire général est partagé quant à faire lumière sur les possibles failles de son institution sur la protection de deux experts, où accabler Kinshasa qui soutient son maintien. Suivez mon regard!

Le chaos, rend donc le crime parfait, avec la participation de tous. Les conséquences restent néanmoins réelles. Une région embrassée, où des congolais ont vu d’autres congolais venir tuer leurs parents, enfants, mères et sœurs ; créant ainsi des racines d’un conflit à venir. La justice, rendue impossible par cette situation attendra. “Il n’y a pas de crime parfait, il n’y a que des crimes impunis, ceux dont l’imperfection n’a pas été découverte“, a certes dit un homme sage.
LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top