Il était juste là. Juste derrière le Raïs. Hasard ? Peut-être. C’est en tout l’avis d’un haut cadre du PPRD. « Le jour où vous verrez Naanga dans son église, poseriez-vous la même question? Norbert n’a pas participé à la réunion du bureau politique. À la séance photo, en nous séparant, il a jugé bon d’apparaître. C’est dans l’exercice de ses fonctions que vous devriez juger de son indépendance. On connaît la provenance de tous les membres de la Ceni. C’est constitutionnel », dit-il dans un forum Whatsapp. Trop gros pour passer. Pour beaucoup, le timing, l’endroit et les raisons de cette importante réunion autour de “The Boss”, comme l’appellent certains cadres du PPRD, n’est pas innocent bien que le vice-président de la CENI soit du PPRD et il ne l’a jamais caché. Son portrait officiel sur le site de la CENI est clair : « Député National PPRD élu de Walungu depuis 2011, c’est en sa qualité de cadre de ce parti, Membre du Comité Exécutif National, du Conseil National et du Bureau Politique du parti que l’honneur lui a été fait d’intégrer la Commission Électorale Nationale Indépendante ». Clair et limpide. Avait-il ou pas le droit d’être derrière le Raïs…à Kingati? Revenons à cette photo ou mieux à cette réunion à Kingati. N’avait-il pas le droit de s’afficher comme PPRD ou mieux de participer à une réunion PPRD ? Il est intéressant de remarquer que sur base de l’article 21 de la loi organique régissant la Commission électorale nationale indépendante, que l’homme a prêté serment avec exactement les mots ci-dessous: « Je prends l’engagement solennel de n’exercer aucune activité susceptible de nuire à l’indépendance, à la neutralité, à la transparence et à l’impartialité de la CENI, de garder le secret des délibérations et du vote, même après la cessation de mes fonctions, de ne briguer aucun mandat électif ». De l’avis de l’opposition, c’est suffisant pour démontrer que la CENI et ses animateurs jouent le jeu de la Majorité présidentielle ou carrément de Joseph Kabila. Dans l’entourage de Kabila depuis plus d’une décennie, Basengezi est plus que la mémoire du camp présidentiel. Et dans l’hésitante machine électorale congolaise, « il a été 2ème Vice-président de la Commission Électorale Indépendante (CEI) en Charge de l’Inscription des électeurs et des candidats (2003-2008). A l’occasion, il a visité les 145 territoires et 20 villes de la RD Congo en vue de réussir les scrutins référendaire (2005) et électoraux de 2006. Fort de cette expérience électorale avec 25.712.000 d’enrôlés pour les premières élections libres, démocratiques et transparentes, il a été invité entre 2005 et 2008 en qualité d’observateur International des élections dans plusieurs Etats de la SADEC », renseigne sa biographie officielle. Basengezi, le véritable boss de la CENI ? Cet ancrage dans le parti présidentiel a toujours été pointé du doigt par l’opposition. « Nous reprochons à la CENI de ne pas bien faire son travail, Nangaa est en train de faire des choses qui ne sont pas conformes à la constitution. D’ailleurs, il est inféodé par la majorité et ce n’est pas Naanga le président de la CENI. Il en est plutôt le porte-parole. Le vrai président de la CENI, c’est Norbert Basengezi, le délégué du PPRD. C’est lui qui dirige la CENI », avait déclaré Martin Fayulu le 9 septembre dans le #NewsForum organisé par ACTUALITE.CD à Kinshasa. Plusieurs fois, il a heurté le directoire de la CENI avec des déclarations à la presse qui n’ont pas toujours étaient du goût d’autres membres du bureau de la CENI. Au-delà de la CENI, un pion majeur de la géostratégie du Kivu Parmi les hommes de confiance de Kabila, Norbert Basengezi Katintima est l’un de ceux qui essaient de marquer à la culotte Vital Kamerhe dans la géostratégie du non moins important Sud-Kivu, dont il a été gouverneur (1999-2002). « Le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, c’est déjà 7 millions d’enrôlés. Si on doit ajouter l’Ituri, on pourra dépasser les 12 millions. Si on ajoute le Maniema, on pourra atteindre les 15 millions. Ces provinces peuvent à elles seules décider de l’avenir de ce pays », avait un jour dit Kamerhe.