Cette interview avec Billy Kambale a été réalisée dans son appartement dans la commune de Bandalungwa, dans la matinée, quelques heures avant sa nomination à la tête de la direction nationale de la jeunesse de l’UNC. C-NEWS a échangé avec le nouveau patron de la jeunesse kamerhiste autour de plusieurs questions d’actualités notamment les consultations que Kamerhe organisait pendant quatre jours durant et son rapprochement avec Katumbi. Billy Kambale qui n’a toujours pas sa langue de sa poche, n’a pas ménagé la communauté internationale. Comme Martin Fayulu, le président de la ligue des jeunes de l’UNC s’interroge aussi sur le comportement de la communauté internationale à propos de Kabila. (Ci-dessous l’interview de ce jeune loup, devenu grand et qui ravage tout sur son passage)    


Quelles ont été les objectifs des consultations menées par Vital Kamerhe, pendant exactement quatre jours?

Premièrement, c’est en prévision de la mise en place des structures du parti. Vous savez que le parti a connu plusieurs départs. Après ce coup, il y a eu plusieurs arrivées aussi. Il ne faillait pas directement procéder au remplacement des départs. Nous avions pris du temps pour observer le degré de loyauté et de militantisme des nouveaux venus, au sein du parti pour procéder à une mise en place. Ils ont été mis à l’épreuve pour ça.


Pourtant, certains affirment que ces consultations s’inscrivaient dans la perspective des élections?

C’est pourquoi, je dis, que deuxièmement, c’est en prévision des échéances électorales. Vous savez que le Congo, ce sont les 88.000 villages, 26 provinces et ces plus de 600 regroupements. Le Congo c’est la complexité. Il faut donc mettre en place des structures qui tiennent compte d’abord de la géopolitique, la représentative des jeunes et des femmes. Le président a tenu de consulter tout le monde avant que cette mise en place ne soit effective. Je crois que dans les prochaines heures, nous connaîtrons les noms des personnes sur qui le président a jeté son dévolu.


Sans entrer dans le secret de Dieu, pouvez-vous nous citer quelques noms des nominés?

Rires… non. C’est le pouvoir discrétionnaire du chef. Nous pouvons épiloguer sur des noms ici, mais vous allez voir d’autres noms sortir, ce n’est pas bon. Nous préférons garder pour l’instant le secret. Je crois que le chef lui-même sait. Il nous a tous évalué pendant tout ce temps. Il connait le degré de loyauté. Nous avons connus plusieurs épreuves : d’abord Genval, dialogue de la cité de l’OUA et gouvernement. Nous devrions résister face à toutes ces épreuves. Nous qui sommes là avec le chef aujourd’hui, nous sommes le dernier carré du chef. Il compte des meilleurs éléments là dedans, c’est à lui de voir qui fera l’affaire.

Vous faites partie de ce carré du chef. C’est pourquoi on vous appelle même le dernier des mohicans. Vous approuvez cela?

Rires… vous savez, ce sont des termes des journalistes. Moi, je suis à l’UNC par conviction. J’ai été sollicité par ci par là…

Vous étiez prêt d’ailleurs à suivre Jean-Pierre Kangudia?

Non. C’étaient des gens qui spéculaient. Moi je ne peux pas à ce stade. D’abord 1, je suis encore jeune. Vous êtes déjà affiché aux côtés du président Kamerhe, qu’on vous voit demain entrain de défendre quelque chose d’autre, ça jette le discrédit. Deuxièmement, le président Kamerhe ; moi et lui, c’est d’abord question de conviction. J’ai la chance de discuter avec lui sur les grandes questions. Le président Kamerhe contrairement aux leaders que nous connaissons dans ce pays, c’est l’une des rares personnes qui discutent.

Vous êtes entrain de dire que toutes les décisions prises à l’UNC, les sont après débats?

Quelle que soit l’option qu’il va lever, il discute d’abord avec les gens. Il vous montre le pour et le contre, ensemble vous pesez. Même les schémas les plus suicidaires. C’est là que Kamerhe fait la différence avec les autres. Il sait anticiper sur ce qui peut arriver six mois, une année ou deux après. Parfois, il prend des décisions sur base de ce qui arrivera dans l’avenir.

Mais, il n’a pas vu qu’il allait être roulé par Kabila pour le poste de premier ministre?

Le problème n’était pas de travailler pour Kabila ou de travailler sous Kabila. C’était de travailler par rapport à la nouvelle configuration. Ce que l’on ne sait pas dire aux gens, et c’est ça que j’aime toujours répéter aux hommes politiques, l’hypocrisie généralisée. Tom Periollo quand il arrivait ici, il nous menaçait entant qu’opposants. C’est ce qu’on ne sait pas dire. L’Union africaine, à chaque fois qu’elle envoyait des délégations ici, c’était de venir nous dire que vous n’avez pas de choix que de dialoguer avec Kabila.

Et ainsi vous avez cru?

C’était une demande internationale. L’intraitable Tshisekedi a fini à la table des négociations à la CENCO. Ça n’a jamais été sa volonté première. Vital Kamerhe lui-même, souvenez-vous de son émission Top Press sur Top-Congo fm, il a été clair. Il avait dit que dialoguer avec Kabila, c’est un piège. Il avait dit même à l’UDPS, que si vous dialoguez, et que vous aboutissiez sur des bons résultats, il allait signer le premier. Parce que nous savions que Kabila était de mauvaise foi.

Vous êtes quand même allé à un dialogue avec lui ?

Nous avons demandé des garanties de la communauté internationale sur l’engagement de Kabila à rester sa porale. Cette communauté internationale nous a donné tout un tat des choses, des garanties qui n’ont pas produit de faits. Je crois que la personne à condamner aujourd’hui, c’est la communauté internationale. Ce n’est ni Vital Kamerhe encore moins les opposants qui ont accepté de dialoguer avec Kabila. Ce sont ces gens de la communauté internationale, qui nous ont donné des garanties, selon lesquelles ils ont parlé avec Kabila ; ils sont venus ici, ils nous ont miroité.

Miroiter…?

Oui. Les délégations sont venues nous persuader de dialoguer avec Kabila. On nous laisse dialoguer avec Kabila, par après on nous lâche sur un terrain où Kabila lui-même est en connivence avec eux.

Faites-vous allusion à la communauté internationale toujours?

Oui. A la communauté internationale dans son ensemble. Aujourd’hui, nous devons dire la vérité à notre peuple. Nous sommes à la veille du 31 décembre, les mêmes pressions sont exercées sur nous au sujet des mêmes attitudes à adopter par rapport à Kabila. Nous estimons comme s’il y a un complot international. Nous ne nous laissons plus prendre ni faire. Le peuple nous regarde.

Epousez-vous donc l’interrogatoire de Fayulu sur la position de cette communauté internationale à propos de Kabila?

Bien sur que oui. Aujourd’hui la communauté internationale doit être claire avec nous. Ça ne sert à rien de multiplier des communiqués, qui ne produisent aucun effet. Nous avions, nous à l’époque, cru en la bonne foi de la communauté internationale, mais pas à celle de Kabila. Nous n’avons jamais cru en la bonne foi de Kabila. Dialoguer avec Kabila a toujours été un défi pour nous, parce que nous le savions très bien, que nous le faisions sans l’appuie du peuple congolais. Mais un leader, compte tenu des données à sa possession peut voir ce qu’est le lendemain. Notre bonne fois a été abusée.

Admettez-vous que la communauté internationale a manipulé l’opposition, alors qu’en réalité, elle travaille pour pérenniser Kabila au pouvoir?

La communauté internationale nous avait fait croire, qu’elle avait déjà tout bouclé et que Kabila était sur la porte de sortie. Elle disait même que son sors était scellé. Que n’avons-nous pas entendu? Le secrétaire d’Etat américain John Kerry est venu jusqu’ici. Nous avons cru que les choses étaient déjà bouclées. Discuter donc avec Kabila était le chemin qui était le moins couteux. C’est vrai que c’était douloureux pour le peuple congolais de voir encore Kabila au-delà du 19 décembre 2016, mais nous, entant que politiques, on s’était dit, si c’est le prix à payer pour la paix, ça vaut la peine d’essayer. Mais, notre foi a été abusée.

Acceptez-vous que vous avez été tout de même roulé?

Dire rouler, ça n’a jamais été une question de vie ou de mort, pour nous, occuper des postes avec Kabila. Encore que nous le savions et le disions à haute voix que Kabila, vous donnera que des postes, mais ne vous donnera pas le pouvoir. Voyez-vous comment des ministres pleurent dans les cabinets.

Des ministres pleurent pour quelles raisons?

Ils n’ont même pas les frais de fonctionnement pendant trois mois. Certains sont impayés. Aujourd’hui, les signataires partent de la présidence. Les ministres du budget et finances ne sont que des simples regularisateurs. La personne qui gère le pays c’est Nehemi (directeur de cabinet de Kabila). Il ne réponde de rien. Puisqu’il n’est pas responsable devant le parlement. Et c’est ça le régime de Kabila que nous sommes entrain de combattre.

Pour bien combattre ce régime, on vous appelle encore à l’unité de l’opposition. Comment jugez-vous le rapprochement entre Kamerhe et Katumbi?

Nous sommes entrain d’encourager. Il faut que ça évolue, mais cette fois-ci sur des bonnes bases. Nous devons arrêter la cacophonie et zizanie dans nos alliances et plateformes. Il ne faut plus vivre ce comportement de changement des plateformes à toute occasion qui se présente pour raison de positionnement.

Comment arrêter ces antivaleurs, parce que votre parti est également concerné?

Nous qui sommes autour des leaders, nous devons cesser de les induire dans les erreurs. Nous induisons nos chefs dans les erreurs parce que nous voulons nous positionner. Repartons sur les nouvelles bases. Le peuple nous regarde. Nous avons discuté à la cité de l’union africaine, nous sommes partis à la CENCO, sachons le très bien que ça n’a jamais été avec l’avale du peuple congolais.

Vous assumez avoir fait de votre tête?

Le peuple congolais voulait absolument en finir définitivement avec Kabila au 19 décembre. Aujourd’hui, le défi est lancé, nous devons aller vers là. Mais, je crois qu’il est important aussi de signifier que chaque camp ou chaque partie doit garder son identité et son autonomie. Moi personnellement je suis contre les organisations ou des plateformes politiques.

Pourquoi, on n’ai en politique?

D’abord le politicien, c’est un homme ambitieux. Là dedans, chacun voudra que la plateforme soit utilisée pour son bien et pour son compte. Ça pose généralement le problème. Deuxièmement, l’homme politique congolais est connu pour ses versatilités et vagabondages politiques. Aujourd’hui il est avec vous, demain avec tel ou tel autre.

Qu’est-ce que vous suggérez?

Chacun devrait donc garder son identité et autonomie, mais nous devons définir les stratégies et les actions à mener ensemble. Et au peuple de nous départager lors des élections. C’est vrai que l’idéal reste que l’opposition participe à la bataille et avec un seul candidat président de la République. Tout le monde a un rôle à jouer dans cette bataille. Le président Kamerhe et moi, nous avons toujours été d’accord que le leadership collégial est la meilleure solution pour une démocratie assise en Afrique. Regardez ce qui arrive aujourd’hui à Mugabe. S’il avait joué collectif, on ne serait pas dans cette situation d’aujourd’hui. Il faut savoir jouer collectif.

D’accord ou pas du rapprochement Kamerhe-Katumbi?

J’appuie le rapprochement.

Et même sa consolidation?

J’appuie le rapprochement et sa consolidation. Je veux que les communicateurs, que ça soit du côté de nos partenaires, que ça soit nous-mêmes, que nous adoptions des attitudes qui favorisent effectivement ce rapprochement. Quand les gens doivent se tirer entre les pattes, ça ne nous unis pas. Ça profite plutôt à Kabila.

Ce sont donc là des instructions que vos chefs ont données?

Les réseaux sociaux ont plus fait du mal à l’opposition que le servir. Les réseaux sociaux ont servi aux gens de s’attaquer mutuellement ; et Kabila est là entrain de suivre comment nous nous entretuons et ça fait son bonheur. Alors que dans tous les camps de l’opposition, il y a des énergies, qu’une fois mises ensemble, Kabila ne peut même pas avoir un mois à la tête du Congo.

Vous n’y arrivez pas?

Mais, parce que nous préférons nous tirer entre les pattes, voilà le résultat. C’est la pérennisation du régime de Kabila. Il est temps que nous puissions nous ressaisir et repartir sur les nouvelles bases et voir ce que nous pouvons construire ensemble, au lieu de nous appuyer sur ceux qui nous détruisent encore et encore d’avantage.

Avez-vous un mot par rapport à la marche du 30 novembre?

Je crois que, même à l’UNC, toutes les actions de nature à anéantir Kabila sont à encourager. C’est dans la logique de l’UNC. On ne peut pas réussir une marche sans une organisation. Les partis qui ont des cellules opérationnelles doivent se mettre autour d’une table pour définir la stratégie pour que l’action réussisse. Puisque chaque action qui échoue, c’est le discrédit de l’opposition et c’est pour renfoncer la machine de Kabila.

Que doit faire l’opposition pour que ses manifestations enregistrent un succès, comme dans le passé?

Il est temps que l’opposition arrête de penser qu’une marche réussie avec les réseaux sociaux ou avec la télévision. Ce sont bien sur les moyens de communication, mais le travail, c’est sur le terrain avec les hommes de terrain. Tant que cela ne sera pas fait, nous ne réussirons pas des marches.

Vous faites dans ce cas quoi, vous qui êtes aussi l’homme de terrain?

Je suis homme de terrain. Nous attendons les signaux. Nous sommes des hommes politiques et nous n’agissons pas comme tout le monde. De peur de poser des actes qui peuvent vous entrainer vous-même. La dynamique de l’opposition a réussi comment. Elle connaissait les hommes de terrain. Ce sont eux qui planifiaient les stratégies des marches et actions. C’est à ce prix seulement que nous pourrions réussir les actions.

Justement, la Dynamique a réussi puisque ses sociétaires étaient unies. Ce n’est pas le cas aujourd’hui?
Que l’on se sert de la recette de la Dynamique de l’opposition. On ne peut pas donner un mot d’ordre de la marche à partir de l’Europe. La grande masse suit d’abord ce que les cellules de base ont élaboré comme plan sur place à Kinshasa. Que l’on cherche les hommes de terrain, qu’on doit responsabiliser.

Vous, pourquoi ne prenez-vous pas cette initiative?

Moi, je suis disposé à travailler pour la réussite de toutes les marches et actions visant à anéantir Kabila. Je suis prêt à m’offrir. D’ailleurs, je suis toujours en première ligne pendant toutes les manifestations de l’opposition.





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