L’opposition aura-t-elle un candidat unique à la présidentielle? La recette avait donné de bons résultats au Sénégal. En RDC, l’idée était lancée l’année passée par Moïse Katumbi. Face aux égos très poussés des opposants, la mayonnaise va-t-elle tenir? Dans l’autre camps, la Majorité présidentielle s’évertue à déstabiliser toutes les têtes d’affiche de l’opposition pour s’offrir un chemin royal vers la victoire.

“Unus pro omnibus, omnes pro uno”

“Un pour tous, tous pour un”. Cette devise popularisée par les Trois Mousquetaires, dans le roman d’Alexandre Dumas, met en valeur la vertu de solidarité, pour renforcer les liens d’une équipe, qui ne fait ainsi qu’un. Face au rouleau compresseur du pouvoir, l’opposition compte-t-il aligner une candidature unique? L’idée avait déjà été lancée par Moise Katumbi.

En janvier 2016, l’ancien gouverneur du Katanga Moïse Katumbi avait évoqué l’éventualité des primaires au sein de l’opposition en prévision de la présidentielle. “Je suis en train de voir toute l’opposition pour avoir un candidat unique. Nous sommes en pourparlers. Il y a une stratégie que nous sommes en train de mettre en place pour avoir un candidat unique, peut-être aller aux primaires pour choisir notre candidat”, avait-il dit.

Certains ne l’ont pas encore évoqué. Néanmoins, “tous ont compris que pour vaincre la dictature, ils doivent être ensemble. Désormais une seule chose compte: le Congo ! Rien que le Congo et l’intérêt du peuple congolais!”, écrit Olivier Kamitatu sur la nécessité d’une opposition soudée.

Et Vital Kamerhe de paraphraser Mbusa Nyamwisi: “Que le peuple soit plus que rassuré. Ou on gagne tous ou on disparaît à cause de nos égo.” Lui-même Kamerhe suscite encore quelques méfiances à cause de son dernier casting raté avec Joseph Kabila. N’ayant pas obtenu la primature, ni la présidence du CNSA, comme l’enfant prodige, il est revenu aux bons sentiments tout en s’empressant de faire son mea culpa: ” Qui n’a jamais fait des erreurs dans sa vie? Seul Dieu est infaillible. Et les autres reconnaîtront ils publiquement leurs erreurs?”

En apparence, l’opposition souhaite la même chose: rester soudée pour se donner toutes les chances de battre le prochain candidat de la majorité. S’ils n’ont pas encore inscrit le sujet à l’ordre du jour et l’approche, néanmoins, ils ont la commune volonté de faire tomber le régime de Joseph Kabila à l’échéance de 2018 pour une alternance démocratique. Les divergence vont plutôt porter sur le profil du futur candidat unique et sur leur égo.

L’appel de Jean-Pierre Bemba

De sa prison de La Haye, Jean-Pierre Bemba envoie un message interpellateur: “Je lance un appel à tous les Congolais de réunir leurs forces, idées, et ressources dans tout le pays, au Nord comme au Sud, à l’Est comme à l’Ouest, dans une grande coalition de forces sociales et de responsables politiques afin de relancer une alternance démocratique dans notre pays”, a écrit l’opposant dans un communiqué

Les contre-stratégies de la Majorité

Si la Majorité n’a pas encore intériorisé l’option de la candidature unique de l’opposition à la présidentielle, elle travaille déjà pour éliminer ou fragiliser les éventuels candidats qui pourraient l’ébranler.

Moise, hors jeu

Leur grand adversaire, surement le plus redoutable, Moise Katumbi est, soutient un haut cadre de la majorité, déjà anéanti. Avec deux dossiers cousus de toutes pièces qu’on lui a flanqué, la majorité le voit déjà éliminé de la compétition. Une condamnation pour spoliation qui va le contraindre indéfiniment à l’exil et, la supposée nationalité italienne qui lui prive le droit d’éligibilité en RD-Congo.

Sindika, non partant

Sindika Dokolo, le citoyen engagé pour son pays. Avant la majorité le prenait pour un potentiel rival de Moise Katumbi. Il a l’argent et tire ses origines de l’ouest du pays. L’ouest votant difficilement pour un candidat de l’est, les stratèges de la Majorité misaient sur lui pour déjouer les plans de Katumbi. Et pourquoi pas, le recruter pour en faire leur candidat. Ils ont vite déchanté en voyant Sindika flirter avec Katumbi à qui il a rendu hommage pour sa “vision” et son “projet de société” pour la RDC.

Pour les stratèges de la majorité, Moïse Katumbi serait capable de pousser Sindika à postuler à la présidentielle et lui apporter tout le soutient pour une victoire écrasante.

Pour le neutraliser, le pouvoir recourt à la Justice. Il écope une condamnation d’un an de prison pour faux et usage de faux dans un conflit immobilier et au paiement d’une amende de 15 000 dollars. Pour Sindika Dokolo, il ne lui faut pas un dessin pour comprendre qu’il s’agit d’une condamnation politique.

Vital Kamerhe fragilisé

S’i n’avait pas rejoint le dialogue de la Cité de l’Union Africaine et s’il n’avait pas cautionné l’accord falsifié de la Saint Sylvestre, Kamerhe avait toutes les chances avec lui pour prétendre au fauteuil présidentielle. Connaissant ses ambitions un peu démesurées, il fallait le compromettre devant l’opinion.

D’abord, en l’impliquer dans le dialogue de la Cité de l’Union Africaine. Sa participation à ces assises va les crédibiliser. Mais aux yeux de l’opinion, Kamerhe a vendu son âme au diable en faisant le lit de Kabila. Pour toute récompense, l’UNC aura quelques postes ministériels dans le gouvernement Samy Badibanga. Ensuite, l’entraîner dans le dialogue de la CENCO sans le gratifier après avec un poste en vue. On ne pouvait tout de même pas lui donner les moyens pour les assommer après.

Comme Katumbi et Dokolo, Kamerhe traîne aussi un dossier en justice dont le verdict peut tomber à tout moment. En effet, il est poursuivi en matière répressive pour dénonciation calomnieuse et imputation dommageable à l’endroit de Wivine Moleka, députée de la majorité présidentielle. A tout moment, la majorité peut activer la peine.

Félix Tshisekedi, l’homme à abattre

la mort d’Etienne Tshisekedi n’ayant pas fragilisé l’UDPS, il devenait impérieux de trouver des mécanismes pour y parvenir. Du moins, tant qu’elle restera unie.

Le camps du résident Kabila ne peut compter sur Félix. Il voit grand et nourrit de grandes ambitions. Comme son père, Félix est imprévisible. La majorité présidentielle monte alors une série de stratégies appliquées dans une chronologie bien affinée.

Première étape. Lui priver de la primature. Pour y parvenir, exiger au Rassemblement une liste de cinq candidats. Ainsi, le pouvoir aura la latitude de se choisir un homme de paille parmi les cinq qui, on s’en doute, ne sera pas Félix Tshisekedi.

Deuxième étape. Diviser l’UDPS en divisant le Rassemblement. La nomination de Pierre Lumbi comme président du Conseil des sages est une aubaine. il fallait après pousser à la dissidence Olengha Nkoy et Bruno Tshibala. Ce dernier ferait bien l’affaire. Originaire du Kasaï, modérateur du Rassemblement depuis Genval, il est aux cotés de Tshisekedi depuis son jeune âge. Et surtout, financièrement, il est dans le besoin. Aux abois.

Troisième étape. Jeter l’opprobre sur Félix Tshisekedi afin d’entacher son image. Pour y parvenir, Valentin Mubake, qui ambitionne aussi de devenir premier ministre, ferait l’affaire. Question de lui faire miroiter la possibilité d’avoir le poste convoité. Et lui révéler après “les démarches secrètes” entamées par Félix auprès de Kabila sur leur dos. Les stratèges de la majorité savaient qu’une fois informé, Mubake mettrait l’affaire sur la place publique. Assuré de sa nomination, il a joué le jeu.

Quatrième étape. Nommer Bruno Tshibala premier ministre pour anéantir et effacer Félix Tshisekedi. Pourquoi lui? Il ne représente aucun danger pour la majorité car, politiquement, il n’a aucun poids. Un “Birindwa” bis. Même s’il postulait à la présidentielle, il ne représente aucun danger. Un poids qui ne sera élu que par sa femme et ses enfants.

Cinquième étape. Pousser Tshibala à organiser le congrès de l’UDPS afin de s’approprier le parti. Une fois les résolutions de ce congrès déposées au ministère de l’Intérieur, Félix Tshisekedi n’aura plus que ses yeux pour pleurer car se retrouvant déposséder du parti fondé par son géniteur.

Mission réussie car à ce jour, malgré les élucubrations de Félix Tshisekedi, il ne contrôle plus l’UDPS. Du moins, sur Papiers. Tshibala en est “l’autorité morale”. Si Félix le veut, il pourra aller en justice avec une seule certitude: il ne gagnera jamais le procès.

Un observateur averti tire la sonnette d’alarme: “Si l’opposition ne s’unit pas et qu’elle ne cherche pas à présenter un candidat unique, la majorité aura encore dix ans au pouvoir. Et le peuple va souffrir davantage”.lexclusif.info
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