Les catholiques congolais sont-ils en train de prendre en main la contestation ? Kabila n’a pas répondu aux laïcs.

Le monde catholique congolais avait annoncé qu’il ferait teinter les cloches des églises ce jeudi, sur le coup de 21 heures. Un signal symbolique pour appeler les autorités et surtout le chef de l’Etat hors mandat, Joseph Kabila, à respecter les prescrits de l’accord de la Saint-Sylvestre, notamment sur la décrispation et la normalisation de la scène politique qui doit permettre l’organisation d’élections réellement libres et démocratiques.
Dans la foulée, les ecclésiastiques et les laïcs catholiques avaient aussi appelé la population à se faire entendre. Un vrai défi alors que les derniers mouvements de mobilisation avaient été combattus par une importante mobilisation policière qui n’hésite jamais à arrêter les manifestants, voire à faire usage de ses armes.
Ce jeudi soir, pourtant, malgré la présence policière, ils ont été nombreux à osé sortir, armés d’un sifflet, d’une vuvuzela ou même en klaxonant au volant de leur voiture pour défier le pouvoir jusque dans le centre de Kinshasa.
Des manifestations qui démontrent que la population des grandes villes de la RDC n’est pas résignée.
Pas de réponse de Kabila
Parallèlement, ce vendredi 15 décembre était la date butoir placée à l’attention du président hors mandat Joseph Kabila par les laïcs catholiques congolais. Dans leur courrier, les laïces avaient en effet demandé à Joseph Kabila de s’engager à ne pas se représenter à la prochaine présidentielle.
En guise de réponse, la majorité présidentielle a fait voter la révision de la loi électorale qui prévoit, notamment, un seuil de représentativité national pour être élu à l’Assemblée nationale et qui entérine aussi le passage au vote électronique, la fameuse « machine à voter » (rebaptisée « machine à tricher » par l’opposition).
Le bras de fer est donc engagé entre le pouvoir et le monde catholique congolais. Un monde ecclésiastique qui reconnaît aujourd’hui qu’il « a été trahi » ou « instrumentalisé » l’année dernière à la même époque par le clan présidentiel dans le cadre des négociations entre la majorité présidentielle et l’opposition qui ont finalement abouti à la signature de l’Accord de la Saint-Sylvestre « qui a permis à Kabila de se maintenir, avec l’aval de tous, un an de plus au pouvoir », nous explique un évêque.
La population congolaise a mal vécu cet épisode, elle qui était motivée, à l’époque, pour se mobiliser contre un président qui foulait au pied la constitution – qu’il a lui-même ratifié en 2006 – qui lui interdit de se maintenir au pouvoir au-delà de deux mandats consécutifs.
Le dernier appel des laïcs n’a donc pas été entendu par Kabila qui a refusé, une fois de plus, de se prononcer sur son avenir. Face à cette attitude, les laïcs n’ont le choix qu’entre deux attitudes. Prendre acte de ce silence sans réagir (ce qui leur ferait perdre définitivement leur crédit auprès de la population) ou constater ce refus et embrayer sur de nouvelles actions de mobilisation populaire, encouragés par les coups de sifflets de ce jeudi soir.
« Nous pensons que l’absence de réaction de Joseph Kabila est l’ultime preuve qu’il ne veut pas quitter le pouvoir.  Nous devons donc en tirer les conclusions qui s’imposent et prendre notre futur en main »,poursuit notre ecclésiastique, convaincu que « d’ici la fin de l’année, d’autres mouvements vont naître pour mettre la pression sur un président qui pense qu’il peut prendre en otages 80 millions de Congolais avec sa petite clique et ses mercenaires. Ce pouvoir vacille. Il n’y a plus grand monde derrière Kabila.»
« Ce jeudi soir, à Kinshasa, j’ai suivi l’évolution des manifestations à côté d’un policier haut gradé. Avec son Motorola, on pouvait entendre ce qui se passait un peu partout dans la ville. Je peux vous dire qu’il n’était pas triste de ce qui se passait. Il espérait même que cela prenne plus d’ampleur. Il n’est pas le seul dans ce cas », explique un presque voisin des Tshisekedi, établi non loin de la place commerciale de Limete. « Les policiers ne sont pas payés. Ils sont le plus souvent désarmés. Ils ne vont pas affronter la population si celle-ci se met à marcher vers la Gombe (quartier où est situé le palais présidentiel, NdlR). »


afrique.lalibre.be Par Hubert Leclercq
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