Des rumeurs d’une démission imminente du Premier ministre, Bruno Tshibala, s’amplifient au fil des jours dans le microcosme politique congolais. Selon des sources officieuses, la Majorité Présidentielle voudrait changer de joker dans sa logique de « glissement » du calendrier électoral au-delà du 23 décembre 2018, date plus qu’incertaine de la tenue des élections présidentielle, législatives nationales et provinciales.

Le successeur présumé de l’ancien Secrétaire général adjoint de l’UDPS serait Raphaël Katebe Katoto, opposant au régime de Joseph Kabila depuis la fin du Dialogue Intercongolais, homme d’affaires, membre du Rassemblement/aile Kasa-Vubu, et frère aîné de Moïse Katumbi Chapwe, un des candidats déclarés à la présidence de la République.

A en croire certaines sources diplomatiques, l’intéressé serait considéré, par les Occidentaux, comme le moindre mal, pour tenter d’exécuter d’un certain nombre de recommandations de l’Accord du 31 décembre 2016 jusque-là en veilleuse, notamment la libération de nouveaux prisonniers politiques et d’opinions, le retour au pays des opposants en exil, dont son jeune frère Moïse Katumbi, la réouverture des médias fermés, la conduite du peuple congolais aux urnes.

Ce qui intrigue dans le dossier, c’est le mariage contre nature entre le pouvoir en place et cet opposant, depuis mars 2017, alors qu’il était compté parmi les plus radicaux des opposants vivant en dehors des frontières nationales. En rupture avec Kinshasa depuis 2003, Katebe Katoto s’était positionné, lors du Conclave de l’Opposition à Genval, en Belgique, en juin 2016, comme un des principaux alliés de feu Etienne Tshisekedi, le père de la démocratie congolaise. Il était même vu comme un des bailleurs de ce forum ayant donné naissance au Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement.

Mais à partir de février 2017, peu après le décès du président de l’UDPS, Katebe était revenu en catastrophe à Kinshasa, avant même que ne soient mises en exécution les mesures de décrispation politique arrêtées dans le cadre de l’Accord de la Saint Sylvestre. Plus grave, il affirmait, la main sur le cœur, avoir été la dernière personne à s’entretenir avec Etienne Tshisekedi avant sa mort et que ce dernier ne lui avait jamais fait part de sa décision d’avoir désigné Félix Tshisekedi au poste de Premier ministre, conformément à une disposition de ce deal politique.


Et comme si le choc provoqué par cette déclaration ne suffisait pas, Katebe Katoto soutenait avoir reçu le quitus de l’illustre disparu pour succéder à Samy Badibanga à la Primature. La suite, c’est que dès l’atterrissage de son avion à l’aéroport de N’Djili, il annonçait les couleurs en adhérant à la thèse de la Majorité Présidentielle exigeant au moins trois candidats à proposer au Chef de l’Etat pour le poste de Premier ministre, alors que le Rassemblement exigeait le respect strict de l’Accord de la Saint Sylvestre qui parlait d’un candidat unique à désigner par le président de son Comité des Sages, en l’occurrence Pierre Lumbi, successeur de Tshisekedi au poste.

Dribblé comme beaucoup d’autres « primaturables » consultés soit, directement par le Chef de l’Etat, soit par des membres de son pré-carré, l’ancien président du Tout Puissant Mazembe avait regagné la Belgique sur la pointe de pied, se livrant à un jeu d’équilibrisme consistant à caresser le pouvoir en place à Kinshasa dans le sens du poil et à l’égratigner tendrement dans le dossier immobilier dans lequel avait été condamné son jeune frère, Moïse Katumbi.

Selon des analystes politiques, Katebe Katoto n’est pas l’oiseau rare que recherche Kinshasa pour la gestion de la transition jusqu’aux élections présidentielle, législatives nationales et provinciales, par un fusible provisoire, à l’image de Bruno Tshibala, ayant pour fonction de lui permettre de gagner du temps dans l’optique du « glissement » à durée indéterminée. L’objectif visé est d’attendre que le temps se prête à un referendum constitutionnel, passage idéal vers la révision constitutionnelle et le déverrouillage de toutes les dispositions constitutionnelles qui empêchent l’actuel Chef de rempiler pour un troisième mandat, voire au-delà.


Et ce plan de conservation du pouvoir ne fonctionne pas comme espéré, la vague de débauchages d’opposants pourrait se poursuivre.


Le Phare
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