Commentaire Hubert Leclercq

Deux marches des catholiques, avec des Congolaises et des Congolais de tous âges brandissant Bibles, chapelets ou rameaux pour autant de répressions violentes et mortelles de la part du pouvoir. Un pouvoir dont plus aucun membre, aucune structure n’est légitime, tous ayant largement dépassés la durée de leurs mandats faute de nouvelles élections.

Que demandent ces manifestants qui nécessite une telle répression ? Le simple respect de l’Accord de la Saint-Sylvestre, signé le 31 décembre 2016 par la majorité et l’opposition sous l’égide des évêques congolais. Un texte qui prévoit notamment la libération des prisonniers politiques, la fin des poursuites judiciaires à des fins politiques de certains opposants, la fin des dédoublements des partis politique ou encore une réorganisation de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) chargée de l’organisation des futures élections.

Le comité des laïcs de coordination qui a lancé ce mouvement de mobilisation populaire et pacifiste a aussi explicitement demandé au président Kabila de déclarer qu’il ne briguerait pas un troisième mandat inconstitutionnel.

Exigences élémentaires

Ces demandes des catholiques congolais, rejoints depuis le 17 janvier par les protestants et deux jours plus tard par les musulmans, n’ont rien de révolutionnaires. Tous demandent simplement le respect des textes (accord de la Saint-Sylvestre ou Constitution). Le premier a été signé par la majorité politique actuellement aux affaires, la seconde a été ratifiée en 2006 par Joseph Kabila, lui-même.

Mais qu’importe les promesses, les signatures ou les engagements pour le pouvoir de Kinshasa. Qu’importe aussi la vie des Congolaises et des Cogolais qui ont été abattus le 31 décembre 2017 et le 21 janvier 2018 pour avoir osé rappeler ses engagements au pouvoir qui, selon le dernier calendrier fournit par la CENI, devrait organiser, si tout va bien, le passage par les urnes le 23 décembre prochain.

Mais à onze mois de ce scrutin, plus personne ne croit vraiment que ces élections auront bien lieu même si, officiellement, la communauté internationale continue à presser le pouvoir de respecter ce calendrier.

« Pas de marche arrière possible »

Comme après la première marche des catholiques du 31 décembre 2017, mais avec plus de détermination peut-être, la communauté internationale a condamné la répression brutale de ces manifestations pacifiques qui ont tué au moins plus d’une dizaine de Congolais. Pas une voix pour tenter de défendre l’indéfendable. Le Cardinal Monsengwo, dans un communiqué publié ce mardi 23 janvier, a rappelé : « ceux qui ont prié et ont pu marcher ont été dspers2S à coups de grenades lacrymogènes, des balles éssourdissents et de désencerclement, des balles réelles (…). Nous von sencore compté des morts, des blessés (…). Alors que le chef de la police avait annoncé la consigne selon laquelle il n’y aurait aucun décès, que les droits humains seront respectés… Que nenni ! » Et le cardinal de poursuivre : « Comment peut-on tuer des hommes, des femmes, des enfants, jeunes et vieux scandant des cantiques religieux, munis de bibles, chapelets, crucifix ? Que veut-on au juste : le pouvoir pour le pouvoir ou bien le pouvoir pour le développement intégral du peuple dans la paix, la justice et la vérité. Nous voulons que règ,e la force de la loi et non la oi de la force ».

La veille les initiateurs de ces marches, les responsables du Comité des laïcs de coordination, avaient déjà condamné cette répression barbare et salué le courage des Congolaises et Congolais descendus dans les rues pour défendre leur liberté pacifiquement face à la violence et la brutalité de la répression des autorités avant de prévenir le pouvoir « nous n’avons pas peur. Il n’y aura jamais de marche arrière » et d’appeler le peuple à rester mobilisé pour d’autres marches à venir.

Condamnation uanimes

Depuis dimanche soir, la communauté internationale est unanime. Du pape François aux Nations unies, en passant par la France, la Grande-Bretagne, la Belgique ou les Etats-Unis, tous condamnent la répression sanglante de la marche des catholiques.

L’humiliation et le grostesque comme seule réponse

En face, dans le camp du pouvoir, on nie les chiffres et certains, plus zélés ou plus…, s’échignent à démontrer la « violence » des manifestants qui n’ont pas hésité à prendre d’assaut la parcelle (en construction) du ministre Félix Kabange Numbi. Lequel ministre n’a pas hésité à faire arrêter et à faire déshabiller ces manifestants (même le prêtre) pour les exhiber devant les caméras de la télévision, en violation de toutes les règles du respect des droits de l’homme. Mais que fallait-il attendre d’un pouvoir qui, trois semaine plus tôt, n’a pas hésité à faire ouvrir le feu sur des paroissiens à l’intérieur même des églises.

Et que dire de l’attitude du ministre de l’Aménagement du terrtoire, Joseph Kokonyangi, qui n’a pas hésité à expliquer que ces manifestants étaient des terroristes venus « pour assassiner le ministre Kabange », prouvant ses dires en brandissant fièrement l’arme qu’il avait saisie sur l’un d’eux… un chapelet.

Mise en garde claire…

La communauté avait appelé le pouvoir à la retenue à la veille de cette deuxième marche. Elle avait annoncé qu’elle serait attentive aux faits et gestes de l’un et de l’autre et qu’elle tirerait les conclusions qui s’imposent en cas de « dérapages ».

Sa condamnation unanime de la violence de la répression prouve qu’elle a bien été attentive.

Maintenant, des sanctions

Aujourd’hui, si cette communauté internationale ne veut pas perdre le peu de crédit dont elle dispose encore face au peuple congolais qui, lui, continue de tomber sous les balles d’une des pires dictatures de la planète, si elle ne veut pas offrir à ce pouvoir saguinaire le permis de tuer en toute impunité, alors, elle doit sévir.

Elle doit condamner… c’est déjà fait.

Elle doit surtout prendre des sanctions fortes et rapides contre le pouvoir en place. Une dizaine de lampistes et quelques responsables politiques ont déjà été touchés par des sanctions internationales.

Aujourd’hui, il faut frapper juste, il faut frapper le coeur du pouvoir. Joseph Kabila, sa famille et son premier cercle sont les vrais responsables des violences qui tuent chaque jour d’innocents civils en République démocratique du Congo.

La CPI peut être saisie

Parmi d’autres africains, un ancien chef rebelle congolais devenu un temps Premier ministre et même candidat président de la RDC croupit aujourd’hui dans les prisons de la CPI à La Haye. Jean-Pierre Bemba a été reconnu coupable de crime de guerre en République centrafricaine. Il a été condamné. Sa peine pourrait même être prolongée en appel. Kabila pourrait le rejoindre. La CPI peut se pencher sur les crimes commis en RDC. Rien que pour l’année écoulée, les pistes sont nombreuses : meurtres commis dans l’intention de détruire un groupe, viols, mutilations, torture, prises d’otage ou encore le fait d’enrôler des enfants soldats peuvent, entre autre, justifier l’intervention de la CPI. Le Conseil de sécurité peut aussi saisir la CPI comme ce fut le cas pour le Darfour en 2005 et pour la Libye en 2011. Il suffit d’un consensus issu d’un instant de courage politique pour que cette voie s’ouvre réellement.



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