Par Marie-France Cros.

Alors qu’internet était toujours coupé, mardi, en République démocratique du Congo, des images passaient en boucle depuis plus de 24 h sur la télévision publique et Tele50, pro-régime, relatant l’ »attaque » de la propriété d’un ministre par 145 personnes armées… de chapelets. Et le régime d’y voir la « preuve » de la « violence » des marches pacifiques de chrétiens.

Quelque peu secoués par les réactions unanimes de condamnation de la répression des marcheurs pacifiques chrétiens, pour la seconde fois en moins d’un mois, dimanche 21 janvier (même la ministre congolaise des Droits Humains, Marie-Ange Mushobekwa, a demandé sur Radio France Internationale que les violences policières « soient punies »), certaines personnalités du régime Kabila tentent de faire passer des vessies pour des lanternes.


Se mettre à l’abri… mauvais choix

Dimanche, alors qu’un groupe de marcheurs chrétiens tentaient de fuir les coups de feu tirés contre eux (on déplore au moins six morts), ils se sont réfugiés sur une parcelle en construction, le gardien ayant accepté de leur ouvrir le portail pour les mettre à l’abri, indique Lucha, une organisation de la société civile. Mais la police les y a enfermés et a prévenu le propriétaire du terrain, qui n’est autre que le ministre de l’Aménagement du Territoire, Felix Kabange Numbi – qui y a vu l’occasion rêvée de modifier l’image publique des marcheurs chrétiens, victimes de tirs de policiers alors qu’ils étaient parfois agenouillés sur la rue.

Profitant de l’absence d’internet et de réseaux sociaux – coupés depuis samedi pour entraver la marche des chrétiens et les rapports sur sa répression – le ministre a en effet fait filmer ces 145 personnes, dont des prêtres, après les avoir obligés à se déshabiller et à se coucher au sol les mains sur la tête – comme on le fait au Congo pour les voleurs – en assurant que c’était la preuve qu’il « n’y a pas de marche pacifique ». Le ministre a reçu l’appui d’autres faucons du régime, le pasteur Théodore Mugalu, chef de la Maison civile du président hors mandat Joseph Kabila, et Joseph Kokonyangi, secrétaire général adjoint de la Majorité présidentielle. Mais la video n’explique pas ce que ceux-ci faisaient sur la parcelle du ministre Kabange Numbi.

Chapelets mortels

Les trois notables se succèdent à l’image pour fustiger « les prêtres qui demandent aux enfants de quitter le temple de Dieu », afin de marcher en faveur du respect de l’Accord de la Saint-Sylvestre, qui balise le chemin vers des élections consensuelles, accord que le régime ne respecte pas. Ces prêtres, assure Théodore Mugalu, « ce sont des occultistes ». Et les orateurs de comparer les marches pacifiques des chrétiens , un « mouvement violent et subversif », au « fascisme de Mussolini » et au « nazisme de Hitler Adolf », tandis que Joseph Kokonyangi, agitant des chapelets, s’écrie: Voila la marche pacifique! Nous avons la preuve, ils sont venus pour tuer le ministre Kabange! Regardez ces chapelets, voilà la preuve, c’est ça la marche pacifique de l’Eglise! »



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