Samy Badibanga a été l’un de rares hommes politiques, non seulement à s’être ému du drame humanitaire dans le Kasaï, mais à faire des propositions concrètes. Dans un plaidoyer fait mercredi 13 décembre 2017, repris dans un communiqué de l’Agence internationale APO Group, le Premier ministre honoraire avait plaidé pour une conférence internationale des donateurs en faveur du Kasaï. " Une opération humanitaire dans cette partie de la RD Congo s’impose pour mettre fin à une situation humanitaire tragique ", avait-il dit en guise de sonnette d’alarme. S’appuyant sur des données chiffrées fournies par des structures qualifiées rattachées à l’ONU, Samy Badibanga avait, par ailleurs, conseillé de ne pas seulement se focaliser sur les élections en cours. "Le casse-tête politique des élections nous a tous aveuglés. L’urgence est autant politique qu’elle est humaine et humanitaire. Oui, il faut tout faire pour que le peuple congolais puisse se choisir ses dirigeants à la fin de 2018. Mais au début de 2018, la priorité absolue est de protéger la vie de 13 millions de personnes menacées par la catastrophe humanitaire en cours au Kasaï, au Kivu, au Tanganyika et autres provinces du Congo. Cela passe impérativement par une Conférence internationale des donateurs pour financer les 1,68 milliards de dollars du plan de réponse humanitaire des Nations Unies au Congo", avait-il renchéri dans un entretien avec Jeune Afrique. Samy Badibanga était donc convaincu que sans conférence internationale des donateurs, le plan de réplique humanitaire de l’ONU pour 2018 ne sera même pas financé de moitié. " Fin janvier 2018, il était financé à 2 %, fisant des Congolais en détresse les oubliés de la terre. Pourtant, une action humanitaire forte peut sauver des millions de vies et redonner l’espoir d’un nouvel avenir ", avait-il encore dit. Dans son argumentaire, l’élu du Mont Amba avait démontré qu’en " ajoutant àl’aide d’urgence des actions post-conflit de réhabilitation des infrastructures socio-économiques, il sera possible d’envisager un progrès vers les objectifs de développement durable, dans un pays de près de 90 millions de personnes dont tout le progrès peut avoir un impact majeur dans la région. C’est là que doit nous mener la Conférence internationale des donateurs pour le Congo, que nous appelons la Communauté internationale à organiser au plus vite ", avait-il conclu. Dans un pays de " prière sans cesse " comme la RD Congo où tout est prophétie, le plaidoyer de Samy Badibanga y ressemblait quelque peu, dès lors que son message a été entendu. La Conférence internationale de donateurs aura bel et bien lieu le 27 mars prochain. Voilà, un acteur politique qui sort du folklore ambiant. Mieux de la politique politicienne. A Tous égards, le cas Samy Badibanga doit donc faire école dans une classe politique où nombre d’acteurs passent le plus clair de leur temps dans des invectives, sans pour autant proposer des alternatives. Laurel KANKOLE Le verbatrim de Samy Badibanga L’année passée, Samy Badibanga a travaillé avec le Cardinal Laurent Monsengwo et le pasteur Bokundoa, président de l’Eglise du Christ au Congo (ECC, protestante) dans le cadre de la coordination Espoir afin de mobiliser, sur le plan international, des fonds pour aider des millions de Congolais dans la détresse au Kasaï, Nord-Kivu, Tanganyika et ailleurs. Homme de réseaux connu pour son carnet d’adresses plus que fourni, le député de Kinshasa/Mont-Amba a passé trois mois de plaidoyer de lobbying auprès de Nations Unies, de l’UE, et à travers les partenaires traditionnels aussi bien à Washington, Paris et Bruxelles et autres, Samy Badibanga a eu gain de cause. En effet, la conférence des donateurs qu’il appelle de tous ses vœux et dont il a fait le plaidoyer dans Jeune Afrique dans son édition en ligne, a finalement été fixée au 27 mars à Genève en Suisse. Dans cette tribune, il plaidait pour l’organisation urgente d’une conférence des donateurs internationaux au regard de la hauteur des besoins humanitaires chiffrés à 1,68 milliard de dollars américains auquel le gouvernement congolais ne peut faire face dans les circonstances actuelles. Nous avons décidé de publier ci-après la tribune de M. Badibanga dans Jeune Afrique. Le casse-tête politique des élections nous a tous aveuglé : l’urgence en RDC est autant politique qu’elle est humaine et humanitaire. Oui, il faut tout faire pour que le peuple congolais puisse choisir ses dirigeants à la fin 2018. Mais, au début de 2018, la priorité absolue est de protéger la vie de 13 millions de personnes menacées par la catastrophe humanitaire en cours au Kasaï, au Kivu, au Tanganyika et autres provinces du Congo. Et cela passe impérativement par une conférence internationale des donateurs pour financer les 1,68 milliard de dollars du plan de réponse humanitaire des Nations unies pour le Congo. Chaque seconde qui passe, cette catastrophe tue. Elle tue des femmes, des enfants et des hommes qui ont fui les violences, se sont cachés dans la forêt ou plus loin, et qui n’ont plus rien à leur retour. Cette catastrophe pourrait bientôt faire entre un et deux millions de morts si l’aide humanitaire n’est pas financée. 2,8 MILLIONS DE PERSONNES POURRAIENT MOURIR DE FAIM DANS LE KASAÏ Ces chiffres, qui donnent le vertige, traduisent pourtant très mal la réalité d’un enfant ou d’une femme qui rendent leurs derniers souffles, puisqu’ils vont mourir. Tués, non pas par les violences, mais par la famine ou la maladie. UNE CRISE HUMANITAIRE MOINS FINANCEE La crise au Congo est négligée. Aujourd’hui l’une des plus grandes crises humanitaires de la planète, elle est aussi la moins financée, bien que placée au niveau maximum d’urgence humanitaire par les Nations unies. Le conflit entre pygmées et bantous au Tanganyika a déjà, à lui seul, déplacé 500 000 personnes, soit autant que de Rohingyas en Birmanie. Au Tanganyika s’ajoute le Kasaï, avec 1,5 million de déplacés, le Kivu, avec plus de 950 000 déplacés, et d’autres provinces, pour un total de 4,35 millions de personnes, selon l’Unocha. En RDC, les besoins de financement de l’aide humanitaire s’élèvent à 1,68 milliard de dollars en 2018 En Ouganda, 238 000 Congolais se sont réfugiés pour fuir les violences au Kivu, et mille de plus arrivent chaque semaine. Au Burundi, 7 000 personnes s’y sont réfugié et 330 00 individus sont allés en Angola, pour ne citer que ces pays-là. Qui sait, aujourd’hui, que l’ensemble des déplacements de population au Congo est plus important qu’en Syrie, en Irak et au Yémen réunis ? Combien de ces 4,35 millions de déplacés rejoignent les routes de la migration par la Corne de l’Afrique vers les camps d’esclaves de Libye ? Alors que le conflit né au Kasaï, en août 2016, a fait 5 000 morts jusqu’à maintenant, 2,8 millions de personnes pourraient y mourir de faim. Comment croire que ces populations, qui ont survécu au conflit et qui reviennent aujourd’hui avec la fin des violences, ne trouvent ni nourriture, ni eau, ni toilettes, ni vêtements, ni toit, ni abri, ni travail, ni écoles, ni service public, mais des villages brûlés, des centres de santé pillés, des routes détruites, le choléra et des plantations agricoles ravagées ? POUR UNE CONFERENCE INTERNATIONALE DES DONATEURS C’est cet appel au secours venu des églises, où la population se réfugie, que nous transmettons depuis début novembre 2017, au nom de la coordination Espoir, avec le cardinal Monsengwo pour l’église catholique et le révérend Bokundoa, président de l’église protestante, aux Nations unies, à l’Union européenne, à la France et à l’ensemble de la communauté internationale. C’est au nom de cette population meurtrie, violée, déplacée et abandonnée que nous demandons l’organisation urgente d’une conférence internationale des donateurs. Le 17 novembre 2016, la Conférence Internationale pour la République Centrafricaine avait permis de réunir 2,2 milliards de dollars. En RDC, les besoins de financement de l’aide humanitaire s’élèvent à 1,68 milliard de dollars pour 2018, selon les Nations unies. Le Congo, dont la population avoisine les 90 millions, vingt fois plus que la RCA et ses 4,59 millions de personnes, a grand besoin du même niveau de solidarité mondiale. À la fin janvier 2018, le plan d’aide n’était financé qu’à 2 % Sans conférence internationale des donateurs, le plan de réponse humanitaire des Nations unies pour 2018 ne sera même pas financé de moitié. À la fin janvier 2018, il était financé à 2 %, faisant des Congolais en détresse les oubliés de la planète. Pourtant, une action humanitaire forte peut sauver des millions de vies et redonner l’espoir d’un nouvel avenir. En ajoutant à l’aide d’urgence des actions post-conflit de réhabilitation des infrastructures socio-économiques, il sera possible d’envisager un progrès vers les objectifs de développement durable, dans un pays de près de 90 millions de personnes dont tout progrès peut avoir un impact majeur dans la région. C’est là que doit nous mener la conférence internationale des donateurs pour le Congo, que nous appelons la communauté internationale à organiser au plus vite. Tiré de Grands Lacs *L’intertitre est de FDA
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