Voici un an ce 1er février que l’opposant congolais Etienne Tshisekedi est mort. Un décès qui est survenu à Bruxelles. Faute d’accord entre l’UDPS et le gouvernement à Kinshasa, le corps de Tshisekedi est toujours dans un funérarium à Bruxelles.


Pour le camp Tshisekedi à Bruxelles, la priorité n°1 est le rapatriement en RDC du corps de l’ancien Premier ministre. C’est là qu’il doit être enterré, dans la concession familiale à N’Sele, dans la banlieue de Kinshasa. Et le temps est compté. La famille a déjà déboursé quelque 16 000 euros pour le maintien du corps dans un funérarium de la capitale belge.


Mitch Katumba, président UDPS à Bruxelles, a multiplié les démarches auprès du gouvernement belge, auprès des autorités françaises et européennes, pour faciliter le retour de la dépouille au pays. En vain, pour le moment : « Kabila, il ne doit pas avoir peur, ce n’est pas le corps de Tshisekedi qui va l’enlever du pouvoir. Il n’est pas question qu’on puisse enterrer Tshisekedi à l’extérieur, Tshisekedi sera enterré au Congo, et à Kinshasa. Nous allons nous arranger pour mettre le corps dans l’avion et puis partir. On est Africains, et on est Bantous. Il y a des coutumes, nous avons nos mœurs. Une veuve ne peut pas rester comme cela pendant une année, on n’a pas enterré son mari… Elle est là, elle dort par terre, elle souffre, elle est malade. »


La famille Tshisekedi devrait participer à une veillée funéraire organisée ce jeudi après-midi à Bruxelles, avant une messe de requiem qui sera donnée samedi dans une église bruxelloise.





■ Qui bloque le corps?


La famille d’Etienne Tshisekedi déplore cette situation. Sa veuve, Maman Marthe, se retrouve contrainte de garder le deuil faute de pouvoir enterrer son mari. Son frère aîné, monseigneur Gérard Mulumba, était à la tête de la délégation de la famille qui a discuté jusqu'en juin de la question avec le gouvernement. Il assure qu'un accord avait été trouvé, notamment sur le lieu de l'enterrement sur une parcelle familiale à l'extérieur de Kinshasa, qu'un communiqué était sur le point de sortir, publié par le ministère de l'Intérieur. Et puis plus rien, pas de communiqué, plus de contacts, plus de réunion. Monseigneur Gérard Mulumba ne cache ni sa colère ni son agacement. Il appelle le gouvernement à organiser au plus vite l'enterrement, peu importe les conditions.


"Nous étions d'accord pour tout, et ça s'est arrêté comme ça... Nous voulons quoi? Qu'ils fassent ce qu'ils veulent pourvu qu'il soit enterré ici, au pays..." Gerard Mulumba


un an après le décès d'Etienne Tshisekedi, que devient l'UDPS?







Des militants devant le siège de l'UDPS à Limete, le 2 février, au lendemain du décès d'Etienne Tshisekedi.



L'UDPS, le parti d'Etienne Thsisekedi survivra-t-il à la mort de son leader ? Il y a un an, lorsque disparaissait l'opposant historique, beaucoup s'interrogeaient, tant le « Sphynx de Limete » comme on le surnommait, incarnait ce parti. Finalement, un an après, le parti est toujours là, mais plus divisé qu'autrefois et toujours orphelin.


Jean-Marc Kabund, secrétaire général du parti se félicite : « La disparition annoncée de l'UDPS n'a pas eu lieu et elle n'aura pas lieu ». D'autres en coulisse dressent un bilan plus mitigé. A l'image du du corps de son icône, toujours en attente d'être rapatrié, l'UDPS est comme « bloquée », s'inquiète un militant.


Le parti victime de ses divisions


La présidentielle est prévue dans onze mois, mais le parti évolue sans tête. Il n'a toujours pas tenu son congrès. Etienne Tshisekedi n'a donc pas été remplacé. Le parti est aussi victime de ses divisions. Elles couvaient déjà du temps du « Sphynx » mais ont éclaté au grand jour à sa mort. Exemple : Bruno Tshibala, compagnon de route d'Etienne Tshisekedi, qui dispute depuis un an l'héritage au fils d'Etienne Tshisekedi, Félix, au point d'être exclu du parti, puis, qui accepte, contre l'avis de ses anciens camarades le poste de Premier ministre et d'engager enfin une bataille juridique pour tenter de récupérer le label et le siège du parti.


« Colmater les brèches »


Privé d'Etienne Tshisekedi, figure intransigeante, et mobilisatrice, l'UDPS a aussi beaucoup plus de mal qu'autrefois à faire descendre les Congolais dans la rue. « Nous avons connu des échecs », reconnaît un proche de l'équipe dirigeante. « Du temps d'Etienne, un simple appel lancé depuis chez lui pouvait suffire », une époque révolue ! Même si nous sommes « confiants », assure cette source, nous savons qu'Etienne Tshisekedi est irremplaçable et qu'il faut nous faut encore « colmater les brèches ».


Joana Hostein
RFI
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