C’est Jeune Afrique qui révélait l’affaire fin de semaine dernière. Deux cabinets d’avocats se retrouvent chargés de défendre le intérêts des 15 personnalités congolaises sanctionnées par l’Union européenne.


C’est peu après le train de sanctions du 12 décembre 2016 que Leonard She Okintundu, ministre des Affaires étrangères, mandate une équipe d’avocats emmenés par le Belge Philippe Chansay-Wilmotte. Le temps presse, les avocats n’ont que quelques semaines pour déposer un recours devant le tribunal de l’Union européenne à Luxembourg. Ce qu’ils font le 6 mars.

Depuis, le dossier suit son cours et est examiné par les juges de l’instance européenne. RAS, en somme.

Sauf qu’en décembre 2017, Alexis Thambwe, ministre de la Justice, entre dans la danse et mandate à son tour une autre équipe d’avocats belges pour la même mission. Dans la foulée, le ministre Thambwe, pour lequel, rappelons-le, un dossier est à l’instruction en Belgique pour crime contre l’humanité durant son passage au sein de la rébellion à l’est mais aussi, notamment, pour un dossier de contrat très particulier pour la fourniture de « plateaux repas » dans les prisons congolaises (!), décide de retirer le mandat à la première équipe. Laquelle refuse de céder. Depuis, soit deux mois, et alors que des échéances approchent à grands pas, tout est à l’arrêt.

Qui a raison ?


Le ministre des Affaires étrangères, devenu une star des réseaux sociaux depuis une certaine vidéo, pouvait-il mandater une équipe d’avocats? « Oui », répondent les différents juristes contactés. « C’est dans ses prérogatives. Le ministre de la Justice peut intervenir à l’étranger pour défendre l’Etat congolais. Ici, il s’agit de particuliers, c’est donc au ministre des Affaires étrangères d’intervenir, ce qu’il a fait»… « Avec l’aval de Thambwe », ajoute un proche des milieux politiques kinois.

Alexis Thambwe serait donc intervenu à tort, selon nos divers intervenants. « Mais si l’homme est brillant et bosseur, c’est aussi quelqu’un qui ne reconnaîtra jamais ses erreurs », explique un de ses anciens collègues au gouvernement congolais.

« L’immobilisme actuel aura des conséquences fâcheuses si elle se prolonge encore un peu. Il y a des échéances à respecter et nos ministres ne doivent pas penser qu’ils vont pouvoir faire pression sur les juges européens pour qu’ils patientent », explique un juriste congolais, élu de l’opposition. « En fait, les vrais victimes de cette situation, ce sont les personnes qui sont citées sur cette liste des sanctions. Ce sont quand même des personnages qui ont un certain calibre et qui sont aujourd’hui pris en otages par la décision d’Alexis Thambwe. »

Pourquoi cette guerre entre ministres ?

« La vraie question, c’est pourquoi Thambwe est intervenu ? Peut-être voulait-il faire plaisir à des amis belges dont on dit qu’ils étaient intervenus pour aider Mende à se rendre en Belgique au chevet de sa mère malade », interroge, perfide, l’opposant.

« Les montants cités dans Jeune Afrique, s’ils sont exacts, sont plutôt maigres au regard des sommes déboursées pour un dossier similaire aux Etats-Unis. On parle ici d’honoraires avoisinant les 5 millions de dollars. Certains ont peut-être crû qu’ils allaient pouvoir bouffer de l’argent en engageant une nouvelle équipe », explique l’ancien collègue du ministre Thambwe. « C’est une hypothèse de travail… », conclut-il.

Pendant ce temps la guéguerre continue…
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