L’opposant Moïse Katumbi a pris de vitesse ses alliés de l’opposition en lançant lundi depuis l’Afrique du Sud une « machine » à gagner l’élection présidentielle prévue le 23 décembre en République démocratique du Congo (RDC), où il a de nouveau annoncé son retour, pour juin cette fois-ci.

Moïse Katumbi, richissime homme d’affaires et ancien allié de poids du président Joseph Kabila, est sous le coup d’une condamnation à trois ans de prison prononcée en 2016. Un dossier qualifié de « mascarade » par les évêques catholiques congolais dans un rapport confidentiel, mais qui lui vaut de risquer la prison s’il pose un pied en RDC.

L’ex-gouverneur de la province du Katanga (sud-est) et président du club du TP Mazembe, l’unde des gloires du football africain, partage aujourd’hui sa vie entre la France, la Belgique, l’Afrique et les Etats-Unis, a-t-il expliqué lundi.

C’est en Afrique du Sud, depuis un hôtel de la banlieue de Johannesburg, qu’il a réuni de samedi à lundi ses partisans pour lancer son parti, soutenu par une quinzaine de petites formations congolaises.

« Nous livrerons la bataille de l’alternance et nous la gagnerons », a lancé Moïse Katumbi devant quelques centaines de partisans qui arboraient des fanions de la nouvelle formation représentant une poignée de mains.

« Ainsi nous avons décidé de mettre en place un mouvement politique dénommé »Ensemble pour le changement », a-t-il déclaré, affirmant que sa « plateforme politique devait gagner » toutes les élections présidentielle, législatives, provinciales et locales de décembre 2018.

Il se présente comme le candidat de l’alternance au président Kabila, qui a plongé la RDC dans une grave crise politique en décidant de se maintenir au pouvoir au terme de son deuxième et dernier mandat le 20 décembre 2016.

« Les Congolais ont beaucoup souffert à cause d’un individu », a estimé lundi Moïse Katumbi, en visant sans le citer Kabila. « On tue tous les jours », a-t-il ajouté, assurant qu’une fois au pouvoir « le Congo ne sera plus jamais un sanctuaire pour les bandes armées ».

Interrogé par la presse, l’opposant en exil a promis de rentrer au pays d’ici juin, estimant que les fondements de sa condamnation étaient « imaginaires ».

« Je n’ai pas peur d’être arrêté », a-t-il affirmé. « Au mois de juin, les candidats vont présenter leur candidature et je serai là pour présenter la mienne », a-t-il assuré, reconnaissant par là le nouveau calendrier électoral qu’il avait dans un premier temps refusé.

Depuis ce coup de force, le calendrier électoral a été à plusieurs reprises modifié, avec des élections désormais fixées au 23 décembre 2018.

Joseph Kabila, arrivé au pouvoir après l’assassinat de son père Laurent Désiré en 2001, n’a pas déclaré publiquement qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat -ce que lui interdit la Constitution- provoquant de fortes tensions dans le pays, où des manifestations de l’opposition sont régulièrement réprimées dans le sang.

Jusqu’à présent, deux opposants ont fait acte de candidature pour la présidentielle de 2018, Moïse Katumbi et le député Martin Fayulu.

Le parti d’opposition traditionnel de l’UDPS ne fait pas partie de la nouvelle plateforme présentée lundi par Katumbi. Mais « tout ce que je fais, tout ce que fait Félix (Tshisekedi, fils du fondateur de l’UDPS Etienne Tshisekedi décédé en 2017), nous le faisons ensemble. Il y a des stratégies que l’on ne peut pas dévoiler pour l’instant », a déclaré Moïse Katumbi.

A Kinshasa, l’UDPS explique que Félix Tshisekedi sera lui aussi candidat à la présidentielle quand il aura été désigné président du parti par le congrès qui doit se tenir en mars.

« Nous verrons plus tard comment régler le problème de la candidature de l’opposition. Mais personne n’a en ce moment le droit d’interdire qui que ce soit à annoncer sa candidature à la magistrature suprême », avait commenté samedi Félix Tshisekedi.

Par MK

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