*« Quelle évaluation faites-vous depuis que vous avez lancé la bancarisation de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat sur l’ensemble du territoire national ? Depuis l’instauration de ce processus, qu’avez-vous déjà dégagé comme économie et qu’en avez-vous faite ? Quelles sont les dépenses que l’Etat effectue auprès des institutions financières et opérateurs de téléphonie cellulaire pour exécuter ces opérations de paie ? ».
Voici, en effet, trois questions limpides de Clément Kanku Bukasa wa Tshibuabua, Député élu de Dibaya, dans la Province du Kasaï Occidental, à Daniel Mukoko Samba, Vice-Premier Ministre et Ministre chargé du Budget. Il les lui a posées, ce mercredi 21 mai, au Palais du Peuple, à Lingwala, à la suite d’une question orale avec débat. C’est aujourd’hui, en principe, que l’interpellé se doit de répondre, à la fois, à l’Honorable Kanku ainsi qu’aux multiples préoccupations soulevées par d’autres Députés. A tout prendre, la question de la bancarisation suscite tellement des passions qu’elle requiert des réponses précises, pour éviter de jeter l’émoi et, même, de provoquer une grogne au sein de la grande famille de fonctionnaires et agents de l’Etat. D’où, Mukoko n’a pas droit à l’erreur, si ce n’est de dresser l’état des lieux, de reconnaître des insuffisances constatées et, enfin, d’intégrer toutes les observations dans son escarcelle, pour arrondir ainsi les angles et de rectifier, par conséquent, le tir. Il n’est jamais trop tard, pour mieux faire, dit-on.
« Comprendre le fondement et les grandes lignes du processus de bancarisation, avoir un peu de lumière sur une litanie de questions, se faire une idée de l’évaluation de l’ensemble du processus de bancarisation de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national, chiffrer l’économie dégagée et les dépenses de l’Etat dans ce processus ». Tels sont les points cardinaux de la démarche de Clément Kanku Bukasa wa Tshibuabua, Député élu de Dibaya, qui veut, en même temps, s’imprégner de mécanismes mis en place, par le gouvernement, pour rétribuer les institutions financières et les opérateurs de téléphonie cellulaire intervenant dans l’exécution de ces opérations de paie.
A son avis, des fonctionnaires et agents de l’Etat continuent à se plaindre des difficultés qu’ils connaissent pour percevoir leurs salaires, malgré que leurs noms soient bel et bien sur les listings.
‘’A l’Intérieur du pays, par exemple, certains fonctionnaires et agents de l’Etat doivent parcourir des longues distances pour atteindre les chefs-lieux des provinces, où se trouvent les institutions financières en charge du paiement de leurs salaires’’, stigmatise-t-il, en évoquant le cas des enseignants qui, paradoxalement, abandonnent les cours, pour suivre la paie sur des longues distances, en pénalisant les élèves.
‘’Et ceci, c’est un véritable calvaire surtout quand on pense que ces agents et fonctionnaires de l’Etat doivent, en plus, engager d’autres dépenses pour aller recevoir leur propre salaires’’, soutient-il.
Mais, les difficultés de la bancarisation se sont ressenties au niveau des institutions financières qui, selon Kanku, donnent l’impression de n’avoir pas été suffisamment préparées, pour effectuer ces genres d’opérations.
‘’Les maisons de téléphonie cellulaire aussi sont vite débordées quand il faut payer les salaires’’, conclut-il.
Vif débat
Après la présentation de la question, plusieurs élus nationaux se sont succédé du haut de la tribune, pour étaler les failles dudit processus de bancarisation et proposer quelques pistes de solutions. Lors de cette séance plénière, il a été relevé que les enseignants de Walikale, dans la province du Nord-Kivu, ont un salaire équivalant à 65 USD. Mais, ils touchent cet argent par une banque qui se trouverait à Goma. De ce fait, ils dépensent les frais de transport équivalant à 60USD. ‘’Donc, s’il faut faire un petit exercice de mathématique, ces enseignants ne restent qu’avec 5 USD de leurs salaires, pour couvrir les charges de tout un mois. Que peuvent-ils en faire ? ’’, s’est interrogé, le Député National Juvénal Munubo. Le problème des reliquats a été abordé par un grand nombre d’élus. ‘’Que le gouvernement nous disent, dans quel compte est logé l’argent de reliquats, fruits de la bancarisation de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat’’, s’est écrié, par ailleurs, un autre Député. Certains élus ont même proposé que ces reliquats soient utilisés pour majorer les salaires des agents et fonctionnaires de l’Etat.
Esquisse d’éléments de réponses
S’agissant de l’évaluation du processus de bancarisation, le Vice-premier Ministre et Ministre du Budget, Daniel Mukoko Samba avait, d’emblée, parlé de l’évolution du processus devant les Députés nationaux.
A l’en croire, cette bancarisation a été initiée par le gouvernement, avec le souci de mettre fin aux pratiques désuètes de l’Etat dans la paie des agents et fonctionnaires. Il fallait, par ailleurs, travailler pour la maîtrise des effectifs dans les services publics.
A propos du nombre d’agents et fonctionnaires qui sont déjà bancarisés, il a avancé quelques chiffres. En juillet 2012, le Gouvernement Matata a accéléré le processus de la réforme, en ayant l’effectif de 141.785 agents et fonctionnaires bancarisés, sans compter les éléments des forces armées et de la police. ‘’A ce jour, le processus a connu quelques difficultés de se déployer dans des zones où les infrastructures routières posent encore problème’’, a notamment, déclaré Mukoko, ce jour-là.
Mais, jusqu’au 31 décembre 2013, 612.069 agents et fonctionnaires ont été bancarisés. Il y a lieu de souligner qu’entre fin décembre 2013 et avril 2014, les effectifs à bancariser ont aussi évolué.
De ce fait, ils sont passés de 874.142 agents à fin décembre 2013 à 904.877 à fin avril 2014. Ce, suite à la mécanisation des enseignants de l’EPSP, du personnel de la santé, de l’ESU, mais aussi ceux de l’armée.
Aujourd’hui, 670.081 agents et fonctionnaires, soit un taux de 74%, sont bancarisés.
Goût d’inachevé ?
Mukoko doit, enfin, répondre et convaincre. Sinon, il risque de laisser un goût d’inachevé que ni Clément Kanku, l’auteur de la question orale avec débat, ni les autres Députés ne sauront accepter. Donc, le rendez-vous d’aujourd’hui revêt d’une importance capitale.
Le direct