C'est depuis lundi 2 juin que des officiels de Kinshasa et de Brazzaville se concertent à Kinshasa sur la brûlante question des expulsions des ressortissants de la RDC du Congo-Brazzaville en faveur de l'opération dénommée " Mbata ya Bakolo " (Gifle des aînés, en français).

La rencontre de cette commission mixte République démocratique du Congo-République du Congo a été annoncée 72 heures plus tôt par le président congolais, Joseph Kabila alors qu'il recevait des ambassadeurs accrédités en RDC et Martin Kobler, le chef de la Monusco.

Depuis le 14 avril dernier, la police du Congo Brazzaville a lancé l'opération dénommée " Mbata ya Bakolo " par laquelle elle a expulsé de manière brutale et même inhumaine plus de 130 000 ressortissants congolais de la RDC du territoire de son pays.

Ces expulsés sont finalement regroupés au centre d'instruction de Maluku, une commune périphérique située à 80 km de Kinshasa, où le gouvernement a érigé un centre de transit, après avoir passé par le stade cardinal Malula dans la commune de Kinshasa.



Une opération aux manières brutales et inhumaines

L'opération " Mbata Bakolo " est caractérisée par des manières brutales, inhumaines et violences Ce qui a choqué plus d'un. Plusieurs témoignages font état des violences que les ressortissants congolais expulsés ont subies pendant cette opération d'expulsion initiée par Brazzaville. Des voies de fait aux bastonnades en passant par des viols, dont certaines vidéos ont fait le tour du monde, jusqu'à l'expropriation des biens, les Congolais expulsés de Brazzaville ont été victimes de pires violations des droits de l'Homme.

Ce que des autorités politiques de la RDC n'ont pas hésité de reconnaître. En l'occurrence, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement de la RDC, cité par Radio Okapi, qui a reconnu sans ambages qu'il y a " une crise grave entre Kinshasa et Brazzaville, caractérisée par l'expulsion brutale, parfois irrégulière de nos compatriotes ". " Nous en avons reçu plus d'une centaine des milliers, ce n'est pas banal, et donc il faut que ce problème là soit débattu, soit mis sur le tapis, c'est ça l'objet, la question ne se pose même pas ", a affirmé Lambert Mende.



Martin Kobler profondément choqué

Le patron de la Monusco, Martin Kobler, qui avait eu à rendre visite aux expulsés de Brazzaville au site de transit de Maluku vendredi 23 mai dernier, s'est dit très choqué par les rapports et les témoignages des ressortissants de la RDC expulsés de Brazzaville.

Ces rapports et ces témoignages sont tels que le gouvernement de la RDC exige l'ouverture d'une enquête sérieuse sur ces allégations de violations de droits de l'homme. Des allégations que les autorités de Brazzaville rejettent catégoriquement, estimant que les expulsés font " de faux témoignages ".

En plus, la communauté internationale a exigé l'arrêt des expulsions et a surtout condamné les atteintes aux droits humains. Des images choquantes circulent sur le web. Au cours d'un rassemblement la semaine dernière, les femmes de la RDC ont décidé de porter plainte contre les autorités du Congo-Brazzaville et particulièrement contre le général Ndenguet, chef de la police.



Le cas Undjani Mangbama

Le cas Undjani Mangbama est sans conteste parmi les dossiers à traiter au cours de la rencontre de la commission mixte. Certains observateurs estiment aussi que la commission mixte devrait être mise à profit pour exiger des éclaircissements sur la mort du chef des insurgés Enyele, Undjani Mangbama, tué, selon Brazzaville, dans des affrontements avec la police. Pourtant Undjani Mangbama s'était réfugié au Congo Brazzaville après sa mésaventure à l'Equateur était, selon Kinshasa, supposé désarmé et aux arrêts.

Udjani Mangbama était le chef des insurgés Enyele, dans la province de l'Equateur, en RDC. A l'origine du mouvement insurrectionnel : une organisation tribale disputait des étangs de poissons à une tribu rivale. Le groupe s'est transformé en mouvement insurrectionnel (mouvement de libération indépendante et alliés) en mai 2009. Après sa mise en déroute par l'armée régulière, Udjani Mangbama s'était réfugié au Congo Brazzaville où ses autorités n'avaient jamais accédé à la demande d'extradition formulée par Kinshasa. Il a été tué le 11 mai 2014, officiellement, lors d'un échange de tirs avec la police.

A supposer que rien de grave ne soit passé à Brazzaville lors de ces expulsions, l'opinion se demande pourquoi près de trois semaines après le lancement de l'opération " Mbata ya Bakolo ", les autorités du Congo-Brazzaville ont radié de la police dix-sept policiers pour avoir commis des dérapages lors des opérations " Mbata ya mikolo " ? Ensuite, est-ce parce qu'elle en avait à redistribuer à qui mieux mieux que Brazzaville a présenté des excuses à la délégation parlementaire de Kinshasa en République du Congo, conduite par le député national Emmanuel Ramazani Shadari, concernant tous les dérapages constatés au cours du déroulement de cette opération, lors de son séjour dans la capitale congolais ?

Que sortira-t-il de cette rencontre de Kinshasa entre les officiels des deux capitales dont les relations sont tendues en raison des expulsions musclées des ressortissants de la RDC ? L'opinion nationale attend - et c'est depuis longtemps - du gouvernement congolais une position ferme sur le dossier des expulsions de Brazzaville. Un dossier qui a fait de la RDC la risée du monde !

Kléber Kungu


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