Les tribulations que connait actuellement le système en butte aux feux croisés de 1’intérieur et de l’extérieur, et l’attitude peu généreuse du chef qui devient de plus en plus dur à la détente, alors que les politiciens de son obédience ont grandement besoin de ressources à mettre de côté pour leur campagne électorale, rendent la plateforme » Mouvance Présidentielle » chancelante et la mettent à deux doigts de la dislocation.

Sentant le vent du boulet et pour ne pas être emportés par la tourmente, certains leaders et leurs partis voudraient prendre leurs distances et s’affranchir de l’emprise du Pprd dont ils reprochent aux dirigeants la prise unilatérale d’initiatives cavalières, arbitraires et dangereuses au nom de la plateforme présidentielle.

Le premier parti allié à briser la glace et à reprendre sa liberté est le Msr de Pierre Lumbi qui a dénoncé ouvertement la tentative de modification de la Constitution et est resté constant dans sa position.

Ensuite, c’est le Palu qui, dans un communiqué signé par son Secrétaire général Antoine Gizenga et médiatisé, déplore l’absence de débat et de concertation au sein de la plateforme, et déclare se réserver le droit de présenter son propre candidat à l’élection présidentielle de 2016.

Par ordre d’importance au sein de la Mp et au point de vue de la représentativité politique sur le terrain, le Msr et le Palu sont les deux partis qui peuvent prétendre voler de leurs propres ailes et ne céder en rien au Pprd.

Conscients de leur poids politique et de leur ancrage dans certaines couches populaires, ils se sont permis de s’insurger ouvertement contre des initiatives arbitraires du Pprd engageant la plateforme et ses alliés.

On croyait que le dernier conciliabule tenu au début de cette semaine qui s’achève à Kingakati, serait une occasion pour les uns et les autres de se dire leurs quatre vérités.

On pensait qu’il serait question notamment de la candidature de la plateforme à l’élection présidentielle de 2016, des événements du mois de janvier dernier, de 26 nouvelles provinces etc. Malheureusement, il n’en est rien. Pas grand-chose n’en est sorti pour fixer l’opinion.

En effet, ils ne pouvaient pas s’empêcher de se dire des vertes et des pas mûres. C’est normal que par pudeur, on ne devait pas balancer dans l’opinion l’histoire des cadavres dans le placard de la » Mouvance Présidentielle « . Ce n’est pas qu’on aurait choisi de laver le linge sale en famille, puisque la famille elle-même est déjà en déliquescence.

Des éléments émergés de l’iceberg

Que le Pprd et ses alliés de la plateforme soient dramatiquement à couteaux tirés, c’est l’évidence que ne peuvent nier les caciques de ce parti et l’autorité morale de la Mouvance Présidentielle. Mais ce vent de fronde ne souffle pas seulement des rangs des alliés, on le sent surgir aussi au sein même du Pprd où l’on voit des personnages marquants arborer courageusement l’étendard de la révolte.

L’ homme de l’anecdote de deux faux penalties, en dépit de son cinéma de court métrage de retour au bercail joué dernièrement à Kinshasa, Moïse Katumbi, et l’enfant terrible qui ne donne signe de vie il y a quelque temps, Francis Kalombo, ne sont que des éléments émergés de l’iceberg dans une mare aux grenouilles.

Et Me JC Muyambo fait partie de ces éléments émergés de l’iceberg, c’est lui qui a été le tout premier à secouer le cocotier et à essuyer les plâtres bien avant Moïse Katumbi et Francis Kalombo. Il devrait être considéré à juste titre comme le pionnier de la fronde, du prédécesseur déclaré des frondeurs de la politique menée par leur propre plateforme.

Tous ces reniements montrent que des gens éveillés ont la conviction que le système est tellement miné que son dessin est déjà irrévocablement scellé. C’est dans ce climat de méfiance, de suspicion, de sur le qui-vive, d’incertitude du lendemain, que se tenait le conciliabule de la Mouvance présidentielle à Kingakati au début de cette semaine qui s’achève.

Dans une ambiance aussi lourde de craintes, de ressentiments et de rancœurs, il n’aurait pas été possible d’être sur la même longueur d’onde et de sauver les meubles.

Des dissensions pouvaient être violentes ou profondes et la décrispation inimaginable. L’autorité morale a daigné faire acte de présence à l’ouverture de la réunion, pour ensuite se retirer aussitôt sans s’investir dans le film des échanges qui s’ensuivraient.

Les conservateurs qui se font passer pour plus kabilistes que Kabila et les frondeurs qui donnent l’impression de s’acheminer vers l’autre côté de la barricade, seraient restés se disputer comme des chiffonniers. Nul arbitre n’aurait pu être capable de calmer le jeu, les positions des uns et des autres étant diamétralement inconciliables.

Ceux qui sont pour la continuité avec Joseph Kabila dans une autocratie transformée en » Présidence à vie » et ceux qui sont partisans du respect de la Constitution et de l’évolution normale de la démocratie en RDC.

Chef mis en fâcheuse posture

Des éléments immergés de l’iceberg potentiellement hostiles au statu quo sont nombreux au sein de la Mp. Les conservateurs qui mènent un combat d’arrière-garde désespérément, restent seulement une poignée de faucons et d’obscurs flatteurs obséquieux isolés, méprisés et caricaturés dans l’opinion, tandis que le camp de la fronde s’accroit sans cesse au fur et à mesure que les réactionnaires de l’ordre établi décadent font des gesticulations et se donnent en spectacle par une politique de tâtonnements et d’expédients impopulaires, énervants, dangereux et contre-productifs.

Ils mettent le chef en fâcheuse posture, parce que c’est lui qui, dans 1’opinion, fait les frais de leurs égarements politiques.

A cause de leurs excès et de leurs discours peu diplomatiques, l’image du chef est sérieusement écornée et le système qu’il incarne très mal en point aujourd’hui. Ceux qui savent scruter l’horizon et lire les signes des temps sentent la catastrophe imminente, veulent se mettre à l’abri du danger en vouant le Pprd aux gémonies comme étant le parti de la plateforme par lequel le naufrage va arriver.

Les affres de l’agonie…

Le Pprd en tant que parti leader de la » Mouvance présidentielle » est implicitement désavoué et méprisé à cause des actions politiques arbitraires de son staff, et l’autorité morale ne parvient plus à faire régner la discipline et se faire obéir au doigt et à l’œil comme c’était le cas avant l’apparition de la crise due aux velléités de modification de la Constitution pour permettre à l’actuel président de la République de se représenter en 2016 pour briguer un troisième mandat à l’expiration du deuxième en cours.

Voilà l’origine des déchirements au sein de la plateforme. Le premier à oser donner un coup de pied dans la fourmilière est certainement le Msr. Il avait alors ouvert la brèche dans laquelle timidement ou courageusement allaient s’engouffrer les autres.

Depuis lors, le Pprd et ses alliés se regardent en chiens de faïence. La désintégration du cartel était alors amorcée. Les soubresauts qu’on observe ça et là aujourd’hui sont tout simplement les affres de l’agonie de l’establishment.

Jean N’Saka wa N’Saka/Journaliste indépendant


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