Alors que, progressivement, le décor est planté pour la tenue du dialogue politique en RDC, une réponse à la main restée très longtemps tendue du Chef de l’Etat, des voix s’élèvent pour mettre en garde contre la haute transition. La Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC) est formelle. Toute discussion ou arrangement politique en dehors de l’esprit et de la lettre de la Constitution est à bannir. Autrement dit, le dialogue ne devrait porter que sur le processus électoral. Les politiciens congolais voient-ils les choses de la même manière ? Décryptage.
Ce n’est plus qu’une question de jours. Sous peu, les politiciens congolais vont se retrouver pour dialoguer. De quoi sera-t-il question et qui seront les participants? Plusieurs hypothèses sont avancées. Une chose est sûre. On est à la recherche d’un compromis politique. Pourquoi faire ? Chacun y va son chemin. Les supputations vont bon train dans les différentes formations politiques. Certaines formations politiques espèrent qu’à l’issue du dialogue, une transition d’une durée de deux à trois ans serait instituée. Les tenants de cette thèse sont surtout les oubliés des Concertations nationales de 2013. On pense, ici, à tous ceux qui n’ont pas eu la chance d’être nommés au Gouvernement dit de cohésion nationale. Les uns agitent le spectre d’un nouvel acte constitutionnel comme après le dialogue inter-congolais de Sun City. Les autres perçoivent, par contre, le dialogue comme une opportunité de dégager un consensus national sur les modalités de constitution du fichier électoral notamment, la réouverture de l’enrôlement en faveur des jeunes dont le nombre est estimé à 9 millions de personnes. Le dialogue devrait aussi être l’occasion de discuter de l’applicabilité du calendrier électoral. En effet, le microcosme politique congolais est divisé entre ceux qui souhaitent le report des élections locales après 2016 et ceux qui veulent de l’application du calendrier global en l’état.
Sur quoi porte la main tendue ?
D’après des éléments d’information glanés dans l’entourage des opposants consultés par l’émissaire du Président de la République, il ressort que Joseph Kabila, qui a beaucoup entendu parler du dialogue, voudrait que les opposants lui proposent les termes de référence et le format. En attendant que les opposants transmettent au Président de la République leur cahier des charges unique, il y a lieu de rappeler que le dialogue comme mode de résolution des conflits est une recommandation de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, signé en février 2013 dans la capitale éthiopienne. Le Conseil de Sécurité a voté, à l’unanimité, deux Résolutions qui instituent le dialogue politique en RDC. En 2014, la 2098 qui a permis la mise sur pied de la Brigade d’intervention de l’ONU, laquelle s’est illustrée efficacement dans la neutralisation du mouvement rebelle pro-rwandais, le M23. En 2015, la Résolution 2211 dont les paragraphes 19 et 20 sont très explicites sur les conditions du dialogue.
Les réactions contradictoires
Au chapitre des réactions, un ancien compagnon de la révolution de Laurent-Désiré Kabila est sorti de la langue de bois. Mwenze Kongolo, c’est de lui qu’il s’agit, est favorable au dialogue. Il s’oppose, par contre, au glissement des mandats et au partage de pouvoir. L’UDPS donne des sons de cloche qui prêtent à confusion. Le fils d’Etienne Tshisekedi, Félix Tshilombo, à qui l’on attribue des ambitions primaturables, n’a aucune objection quant à l’organisation des élections locales et provinciales. Parallèlement, l’UDPS officielle avec Bruno Mavungu pose des conditions avant toute participation aux élections. Le Secrétaire général de l’UDPS reste sur la ligne tracée par Etienne Tshisekedi. A l’Assemblée nationale, les Députés élus sur les listes de l’UDPS ont, dernièrement, signé une déclaration avec les autres Groupes parlementaires de l’Opposition, pour boycotter les plénières. Du côté de l’Opposition Républicaine, les violons ne s’accordent plus entre l’Autorité morale Léon Kengo et certains de ses sociétaires. Kengo a chassé Gérard Kamanda, Kitenge Yesu et Idambituo. Raison évoquée, leur absence prolongée et non justifiée aux réunions de la plateforme. Ceux-ci, à leur tour, ont rendu à Kengo la monnaie de sa pièce. Des querelles motivées, si l’on y regarde de près, à la participation au dialogue. Qui, finalement, vont y participer ? La question est celle qui préoccupe le plus les politiciens congolais. Les anciens délégués de l’Opposition aux Concertations nationales, par exemple, craignent de se faire exclure. Ils sont considérés comme faisant partie de la Majorité requalifiée. Pourtant, le dialogue se veut, en principe, inclusif.
La Pros.
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