Faut-il ou pas dialoguer? La question, qui n’intéressait jusque-là que les politiciens congolais, a gagné les rues de Kinshasa. Depuis l’initiative prise par le Président Joseph Kabila d’aller à la rencontre de ses opposants, le dialogue politique est devenu le principal sujet de discussions. Les avis sont très partagés comme sur des questions de la peine de mort ou de sexe des anges. A tel point qu’on se demande si l’on n’est pas parti pour d’interminables échanges. Le débat se déroule essentiellement dans le camp de l’Opposition. Le MLC et l’Opposition aile Fatima (Vital Kamerhe, Delly Sessanga, Franck Diongo et consorts) ne trouvent aucune opportunité de dialoguer avec le Président Joseph Kabila. La raison avancée est qu’un mémo des opposants avait été déposé au Bureau de la CENI pour obtenir l’inversion du calendrier électoral, c’est-à-dire, le report des élections locales et l’organisation dans les délais constitutionnels de la présidentielle, des législatives et des provinciales. Le Groupe de Fatima estime, donc, que la CENI peut, à son niveau, résoudre le problème. Un point de vue qui n’est pas partagé par l’UDPS. A la 10ème rue Limete, siège de l’UDPS/Tshisekedi, on tourne pratiquement en bourrique les opposants qui rejettent le dialogue. Etienne Tshisekedi, depuis Bruxelles où il se refait la santé, a justifié sa position affirmant qu’un minimum de dialogue était nécessaire pour se pencher sur le contentieux électoral de 2011 pour mieux préparer l’organisation du cycle électoral 2015- 2016. Samy Badibanga, qui préside le Groupe parlementaire UDPS et Alliés à l’Assemblée nationale, note, pour sa part, que le dialogue a sa place pour parler du calendrier électoral et de l’organisation des élections générales. Il se demande comment l’Opposition pourrait obtenir le report des locales si elle ne discutait pas avec le pouvoir. Un accord de principe est toutefois nécessaire pour ne pas consacrer le fait accompli. Comment crédibiliser et fiabiliser le fichier électoral, truffé des virus, issu des élections chaotiques de 2011 ? Il faudrait, dit-on, que l’Opposition désigne ses auditeurs. Il faudrait aussi que les nouveaux majeurs soient inscrits sur les listes électorales. Ce qui passe par une nouvelle opération d’enrôlement des électeurs. Comment, en effet, y parvenir si le Gouvernement ne discute pas avec les opposants ? D’autre part, pour se rassurer de la neutralité de la CENI, une restructuration s’avère nécessaire. Il semble qu’il s’agit-là d’une recommandation en veilleuse des Concertations nationales. Il est certes vrai que le bilan des opérations de retrait et de dépôt des candidatures aux élections provinciales, à quatre jours de la date limite, montre à suffisance que la CENI est dans la nasse. Il est aussi vrai que plusieurs semaines après le Décret du Premier Ministre mettant en place les Commissions chargées d’installer les nouvelles provinces, rien n’a suivi. Les membres des ces Commissions n’ont jamais bougé de Kinshasa. Le Gouvernement a beau annoncé qu’au 30 juin prochain, les nouvelles provinces seraient installées, personne n’y croit. Le dialogue promu serait, alors, une opportunité pour le Gouvernement d’éviter de foncer tout droit au mur. Au sein de l’Opposition congolaise dite plurielle, le Député Clément Kanku souhaite la tenue d’un Conclave pour que tous les opposants parlent d’une même voix. Dans ce débat, le Président Joseph Kabila est le seul à engager la Majorité qui doit faire preuve de discipline.
Alf
MAGAZINE HESHIMA HESHIMA MAGAZINE BIMESTRIEL № 35 , AOUT 2022 / PRIX 10 $
Passez votre commande au N°+243 851 134 444, www.heshimardc.net
Prix 10$
Point de vente : Psaro, City Market, Monishop, Memling.
Le magazine qui bat au rythme de l’actualité.