*La LIDEC dit oui au dialogue. Un dialogue qui soit circonscrit aux questions électorales. Un dialogue inclusif et non pléthorique. Un dialogue d’au moins 7 à 10 jours au maximum. Inclusif en ce qu’il devrait comprendre les délégués de la Majorité, de l’Opposition et de la Société civile, le tout avec une forte représentation de la femme. Des questions à examiner au cours de ce dialogue sont, entre autres, le réajustement du calendrier électoral, avec comme résultat, le report des locales, municipales et urbaines à la fin 2017, le maintien des élections provinciales en octobre 2015, des sénatoriales, des élections des gouverneurs et vice-gouverneurs en janvier 2016, des législatives et présidentielle, le 27 novembre 2016. Les délégués au dialogue, selon Angèle Makombo, auront aussi à débattre des questions relatives au fichier électoral notamment, l’enrôlement de nouveaux majeurs. Elle envisage, par ailleurs, la révision de l’article 71 non verrouillé de la Constitution afin de ramener l’élection présidentielle à deux tours. C’est pour plus de légitimité, dit-elle.

Angèle Makombo, à la tête de la Ligue des Démocrates Congolais (LIDEC), connaît, depuis peu, une montée fracassante dans le microcosme politique congolais très dominé par les hommes. A peine rentrée au pays, après plus de 20 ans passés, à New York, à servir les Nations Unies dans le traitement des dossiers relatifs à la prévention et à la résolution des conflits en Afrique, elle doit sa percée à la constance et à la pertinence de ses idées. La RDC traverse une période particulière de son histoire politique. Le Président de la République, Joseph Kabila Kabange, a entamé, depuis une dizaine de jours, en prélude au dialogue national, des consultations politiques avec les forces vices de la Nation, la classe politique ainsi qu’avec la communauté internationale. Angèle Makombo saisit la balle au bond, pour élever le niveau de débat. Elle fait connaître sa position, dans une tribune libre parvenue, hier, dans la soirée, à La Prospérité. Tout y est. Propositions concrètes des issues au dialogue, des craintes et précautions à prendre, pour réduire, éventuellement, des tensions à l’approche des élections. Makombo Angèle y a mis toute la sauce, pourvu que les congolais, épris de paix, comprennent le sens profond de sa démarche. Dialoguer pour quoi faire, s’interroge-t-elle ? Et, à elle, de répondre : ‘’Pour un consensus sur les questions électorales et un pacte républicain pour revenir à une élection présidentielle à deux tours’’. Voilà tout. Le reste, lisez et relisez-là, dans cette analyse. Makombo, dans un français courant et accessible à tous, y crève l’abcès.

Un Dialogue pour quoi faire ?

*Pour un consensus sur les questions électorales et un pacte républicain pour revenir à une élection présidentielle à deux tours



Quelles que soient les raisons invoquées, c’est insensé de la part d’une certaine opposition RD. congolaise de continuer à refuser le dialogue, refuser de se parler dans un pays encore fragile comme le nôtre où les enjeux sont tellement importants. Mais, serait-ce un refus déguisé pour faire monter les enchères, alors que l’on finira par accepter ? Ou, serait-ce un refus définitif ?

TERGIVERSATIONS DE CERTAINS LEADERS DE L’OPPOSITION

Dans cette opposition, certains leaders politiques, qui avaient boudé les concertations nationales en septembre-octobre 2013, s’étaient pourtant regroupés dans la « Coalition pour un Vrai Dialogue » (CVD) pour réclamer à cor et à cri la tenue d’un dialogue prétendument « vrai ». Pour donner force à leurs arguments, ces leaders invoquaient l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et la résolution 2098 du Conseil de sécurité des Nations Unies qui encouragent le dialogue politique avec toutes les parties prenantes congolaises. Aujourd’hui, prétendant que le contexte a changé, ils ne veulent plus de ce dialogue au motif que le Président Kabila, s’il y a dialogue, risquerait d’en profiter pour effectuer un « glissement » du calendrier électoral, donc pour prolonger son mandat.

D’autres leaders politiques appartenant à l’Ordre Républicain du Président du Sénat Kengo wa Dondo, participants actifs aux Concertations nationales, ont commencé par dire oui au dialogue, ensuite non, et puis oui. Ils motivaient leur « non » par le fait que les recommandations des Concertations nationales étaient suffisantes et attendaient toujours leur mise en oeuvre.

Du fait de leurs tergiversations, ambiguïtés ou stratagèmes, certains politiciens sèment la confusion au sein de l’opinion et discréditent davantage l’opposition congolaise qui, d’ailleurs, n’est pas à une contradiction près.



EN POLITIQUE, ON N’A JAMAIS TORT DE DIALOGUER….

En politique, on n’a jamais tort de dialoguer surtout lorsqu’il s’agit de préserver la paix et la stabilité de notre pays, d’y asseoir la démocratie et d’engager son avenir vers des lendemains meilleurs. Or, la consolidation de la paix, durement acquise, et l’enracinement de la démocratie, passent par la tenue d’élections libres, apaisées, transparentes et crédibles. Par contre, des élections agitées peuvent mener au chaos, comme nous avons pu le constater ailleurs sur le continent.

La classe politique congolaise étant divisée sur le processus électoral et d’autres questions majeures, comment peut-on diluer ces divergences sinon par le dialogue? Comment dégager un calendrier électoral consensuel et tenir des élections apaisées sinon par le dialogue ? C’est comme dans une famille, lorsqu’il y a des problèmes, aussi délicats soient-ils, si chacun campe sur sa position et refuse de s’asseoir sous « l’arbre à palabres », il n’y a point de salut !

Sage parmi les sages, le Cardinal Archevêque de Kinshasa Laurent Monsengwo Pasinya, quant à lui, n’a pas tergiversé à propos du dialogue. A la sortie de son audience avec le Chef de l’Etat, le 2 juin dernier, il a déclaré à la presse que le dialogue est bon, à condition que l’on sache exactement ce que l’on veut et qu’on ne déborde pas sur les délais constitutionnels. Il croit, a-t-il ajouté, que le Chef de l’Etat écoutera tout ce qu’on lui dira au cours de ces consultations politiques pour ne pas dépasser le délai constitutionnel.

A son tour, Tom Malinowski, Secrétaire d'Etat adjoint américain à la Démocratie et aux droits de l'Homme, à l'issue de sa visite à Kinshasa, le 4 juin, a déclaré à la presse congolaise que Washington encourage la tenue d’un dialogue politique en RDC. Il a, cependant, recommandé que ce dialogue se focalise sur des questions électorales et ne serve pas de prétexte pour retarder les élections. Propos qui ont visiblement irrité le Ministre de l’Information, Porte-parole du Gouvernement, Lambert Mende Omalanga.

POSITION ET PROPOSITIONS DE LA LIDEC

Ancré dans l’opposition, une opposition qui se veut constructive, notre parti politique, la Ligue des Démocrates Congolais (LIDEC) se distingue par sa constance. Aussi, avons-nous toujours prôné le dialogue pour résoudre les différends, que ce soit par exemple au lendemain des élections contestées de 2011, ou suite à la crise politico-militaire provoquée par le M23. Quant à moi personnellement qui ai passé plus de vingt ans au siège de l’Organisation des Nations Unies, à New York, traitant de la prévention et de la résolution des conflits en Afrique, le dialogue, les pourparlers, les négociations, les bons offices du Secrétaire général de l’ONU sont au centre du dispositif des mécanismes de prévention des conflits, prévus dans la Charte de l’Organisation. Aussi, rejeter le dialogue politique pour mon pays serait insensé. Cela équivaudrait à renier aujourd’hui ce que j’ai prêché pendant plus de deux décennies pour les autres pays.

Il nous faut donc un dialogue qui devrait nous permettre de décrisper le climat politique déjà délétère à mesure que nous approchons des échéances électorales 2015-2016. Pour réussir ce dialogue, il faut qu’il soit ciblé et circonscrit aux questions électorales, qu’il soit inclusif sans être pléthorique (comprenant des délégués de la majorité, de l’opposition et de la société civile) avec une représentation significative des femmes ; de brève durée (7 à 10 jours maximum) ; peu coûteux (pas de per diem); qu’il se déroule à Kinshasa avec comme facilitateur, une personnalité d’une intégrité, moralité, impartialité et indépendance sans faille. Pourquoi chercher midi à quatorze heures alors que nous avons une personnalité avec un tel profil sous la main en la personne de Martin Kobler, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies dans notre pays et N°1 de la Monusco ?

S’agissant des questions à examiner au cours du dialogue, mon parti politique, la LIDEC et moi-même préconisons un réajustement du calendrier électoral pour comprendre un report des élections locales, municipales et urbaines à la fin 2017 ; le maintien des élections provinciales en octobre 2015, les sénatoriales, l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs en janvier 2016, les législatives nationales et la présidentielle, le 27 novembre 2016. Les questions relatives au fichier électoral et aux nouveaux majeurs doivent également être examinées.

En outre, nous tenons à réitérer notre appel lancé plusieurs fois déjà en faveur de la révision de l’Article 71 de la Constitution modifié en janvier 2011 et qui prévoit l’élection du Président de la République à « la majorité simple des suffrages exprimés », donc une élection au suffrage universel direct à un seul tour au lieu de deux tours comme auparavant. Les Congolais, comme nous le savons, sont allergiques à toute idée de révision constitutionnelle. Mais, ne nous y trompons pas : la révision de l’Article 71 de la Constitution, article non verrouillé, est nécessaire. Imaginez, en 2016, il y aura probablement une multitude de candidats à l’élection présidentielle. Or, avec une élection présidentielle à un seul tour, nous risquons de nous retrouver avec un Président élu avec 20% ou 30% des voix. Donc un Président avec une faible légitimité. Mais, parce qu’il n’aura pas eu besoin de l’apport d’autres forces politiques pour le soutenir pendant un second tour, ce Président là pourrait estimer qu’il a réussi tout seul à se faire élire et devenir, par conséquent, un despote. C’est une question cruciale et préoccupante dont on parle peu ou pas du tout, que ce soit dans les rangs de l’opposition ou de la majorité.

Par conséquent, compte tenu des réticences de la classe politique et de l’homme de la rue en RDC face à toute question touchant à la révision de la Constitution, nous proposons l’élaboration et la signature d’un pacte républicain en vertu duquel les participants au dialogue s’engageraient solennellement à recommander et à soutenir la révision de l’Article 71 uniquement et pas d’un autre.

Angèle MAKOMBO N’TUMBA

Présidente Nationale de La Ligue des Démocrates Congolais (LIDEC)



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