L‘émergence de l’économie congolaise passe par la promotion du secteur privé. C’est une évidence. Mais, lorsque certains opérateurs s’arrangent pour s’ériger en monopole dans leurs secteurs respectifs jusqu’à faire agir à leur guise les autorités publiques, il y a bien des raisons de tirer la sonnette d’alarme. La suspension des vols Ethiopian Airlines à Goma est dictée par cette logique, économiquement irrationnelle pour la RDC.

Le 10 juillet 2015, un avion d’Ethiopian Airlibes, un Dash 8-400 se pose sur la piste rénovée de l’aéroport de Goma dans la province, du Nord-Kivu. L’avion parti, quelques heures auparavant d’Addis-Abeba, n’a à son bord que moins de dix passagers. Il repart néanmoins avec 19 passagers qui, à partir de la capitale éthiopienne, peuvent prendre une correspondance et s’ouvrir au monde

Pendant ce temps, à Goma, la population jubile. Enfin, Goma, ville touristique de la RDC, s’ouvre au monde. Mais, on a ignoré que la RDC est ce pays de tous les contrastes, où généralement c’est le plus fort ou le mieux introduit, qui fait la loi. Lundi dernier. Ethiopian Airlines n’a pas pu atterrir à Goma.

Sur ce point précis, des versions diverses. Mais les plus officielles, parce qu’émanant du gestionnaire des installations aéroportuaires de la RDC, a annoncé que la compagnie aérienne éthiopienne ne pouvait pas faire atterrir ses avions à Goma en raison des travaux en continuation sur l’aéroport de la ville. Selon la RVA – parce que c’est d’elle qu’il s’agit – l’aéroport de Goma n’était pas approprié pour accueillir les aéronefs de la trempe de ceux utilisés par Ethiopian

Airlines. Quand on sait que sur la même piste atterrit trois fois par semaine l’Airbus A320 de la Compagnie africaine d’aviation (CAA) contre le Dash 8-400 d’Ethiopian Airlines, il n’y aune bonne raison de s’interroger.

A ce sujet, l’Autorité de l’aviation civile congolaise S’est presque mise à l’écart, évitant certainement d’être rappelée par sa hiérarchie. Car, la RVA n’a pas agi. Elle doit avoir reçu des ordres. De qui ? L’on n’en sait pas grand-chose. Mais, connaissant les mœurs congolaises, on n’est pas loin de cette éventualité.

En réalité, ce qui arrive à la compagnie aérienne éthiopienne n’est juste que le reflet de la grande pieuvre qui ronge le secteur aérien de la RDC. Tout récemment, la compagnie Bluesky Airlines en a fait les frais en se voyant interdit de vol en RDC pour des litiges montés pour le besoin de la cause Pourtant, la compagnie disait avoir rempli toutes les formalités d’usage. Une décision de justice a même été rendue en sa faveur. Mais, la RVA – toujours elle – est restée de marbre et lui a refusé tout vol sur le ciel congolais.

LA PEUR DE LA CONCURRENCE

Toutes ces affaires ont quelque chose en commun. C’est la peur de la concurrence. Depuis la débâcle de la compagnie aérienne nationale de la RDC, LAC (Lignes aériennes congolaises), des privés font la loi dans ce secteur. Aujourd’hui, c’est FLYCAA.qui fait la loi, talonnée difficilement par Korongo Airlines, compagnie créée en partenariat avec SN Brussels Airlines. Les LAC étant à l’agonie, FLYCAA trône en maitre dans l’espace congolais. Pat conséquent elle impose sa loi sur tous, aussi bien aux passagers, obligés de supporter des tarifs exorbitants, qu’à d’éventuels concurrents. Aujourd’hui, la victime s’appelle Ethiopian Airlines. En effet, derrière la suspension cavalière des vols Ethiopian Airlines, il y a cette main noire de FLYCAA qui a décidé de jouir indéfiniment du quasi monopole dont il se targue au grand dam de la population, médusée. Derrière la régence de FLYCAA, il y a éventuellement cette complicité interne des autorités congolaises, agissant via la RVA.

La suspension des vols d’Ethiopian Airlines à Goma n’a pas de sens – en tout cas si l’on s’en tient aux raisons évoquées par la RVA. Derrière cette suspension, c’est une fois de plus la ROC qui sort complètement ridicule de ce scénario. Heureusement qu’au pays de Lumumba, le ridicule ne tue pas. Mais, multiplier des incongruités aussi flagrantes peut bien déprécier les efforts multiples que le gouvernement déploie pour assainir davantage le climat des affaires.

Pour l’instant, ça ne sert à rien d’interpeller le gouvernement. Car, sa marge de manœuvre est réduite. La pieuvre qui ronge le secteur aérien congolais est tel que seul le président de la République peut remettre de l’ordre dans le secteur. Garant de la sécurité des biens et des personnes, le chef de l’Etat se sent donc interpellé par toutes ces interférences – parfois intempestives – qui viennent dans le sens de saper ses efforts pour l’émergence de la RDC. En effet, la relance du secteur aérien congolais passe inévitablement par Une ouverture du marché aux autres opérateurs. Il n‘est pas bon que la population continue de subir les caprices d’un seul opérateur aérien qui dicte sa loi.

Dans ces conditions, on ne peut même craindre l’avenir de Congo Airways, la nouvelle compagnie aérienne de la RDC. Car comme bien d’autres avant elle, Congo Airways risque aussi d’être écrasée par la situation de monopole de fait qui s’installe dans le secteur aérien de la RDC.

Par Faustin K.

Le potentiel






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