Les masques sont tombés. La proposition de loi référendaire aura été la goutte d’eau qui a déversé le vase. Moïse Katumbi, l’homme de la thèse de trois penaltys, quitte le PPRD et démissionne de ses fonctions de Gouverneur de la province du Katanga. Pourquoi abandonne-t-il le navire ? Quelles sont ses motivations ? Que va-t-il faire ? Décryptage.


Aujourd’hui, a-t-il dit, j’ai informé le SG du PPRD de ma démission. Katumbi avance : ‘‘Au moment où, nous, peuple congolais entrons dans la dernière ligne droite du mandat constitutionnel du Président de la République, les faits indiquent que depuis maintenant un an, tout est mis en œuvre pour ne pas respecter la Constitution, en entretenant retard, flou et illisibilité du cycle électoral et en élaborant une stratégie de glissement des dates des scrutins’’. Il ajoute : « Après la tentative de changer l’article 220, pourtant, verrouillé de notre Constitution, après l’échec des Concertations nationales, à l’ordre du jour figure maintenant un projet de loi portant sur les modalités d’organisation des référendums qui renforce encore la confusion ». Le très célèbre et dernier Gouverneur du Katanga s’interroge à voix haute : « Est-il opportun d’avoir une telle loi aujourd’hui ? ». Pour démontrer qu’il n’est pas convaincu du bien-fondé de la démarche, Katumbi se demande si le Gouvernement national qui prétend manquer des moyens pour respecter le calendrier électoral, aurait-il les moyens d’organiser un référendum ? Certainement pas. Ce faisant, il prend position : «Je m’oppose fermement à tout prétexte pour retarder les élections, tel que le manque des moyens financiers ». Au passage, il dénonce la mauvaise foi du Gouvernement qui, devant la Cour Constitutionnelle, a annoncé que le pays est incapable de mobiliser deux millions de dollars américains pour respecter les délais de l’élection de nouveaux Gouverneurs. Poursuivant sur sa lancée, il enfonce le clou : «Et en Conseil des Ministres, ce même Gouvernement nous a annoncé qu’il a opté pour la nomination des Commissaires spéciaux pour remplacer les Gouverneurs élus». Cela énerve notre Constitution, tranche-t-il.

Replaçant les choses dans leurs limites, Moïse Katumbi rappelle que le pouvoir vient du peuple et uniquement de lui. «Notre légitimité d’homme et de femme politiques n’existe que par sa volonté et nous sommes responsables devant lui», fait-il savoir à ceux qui l’auraient oublié. Le désormais ex-Gouverneur du Katanga prodigue quelques conseils à ses pairs : « Nous lui devons clarté dans nos engagements et respect de la parole donnée. Les manifestations de janvier 2015 doivent nous rappeler cette vérité essentielle. Nous ne devons pas ignorer les aspirations du peuple ». Pour clôturer sa déclaration, il assène quelques coups au pouvoir. Katumbi refuse de cautionner l’absence de l’Etat de droit, le recul généralisé des libertés individuelles, la hausse du niveau d’intolérance politique dont la Nation est victime.

Des coïncidences avec la dernière déclaration du G7

La déclaration de Katumbi arrive un jour après la dernière déclaration politique du G7 contre la proposition de loi référendaire. Lundi 28 septembre, les dirigeants de cette nouvelle plateforme politique ont invité toutes les Institutions de la République à apporter des solutions aux véritables problèmes qui se posent au pays notamment, la sécurité à l’Est, l’administration des provinces et l’organisation des élections libres, transparentes, crédibles et démocratiques dans le strict respect de la Constitution, au lieu de se livrer à un jeu dangereux de distraction du peuple. Les membres du G7 trouvent l’initiative téméraire, provocatrice, inopportune et sans objet. Ils estiment, en effet, que le climat politique actuel en République Démocratique du Congo n’autorise pas une telle initiative qui ne fait qu’exacerber les suspicions, quant aux intentions de la majorité de réviser ou de changer de Constitution dans le seul but de conserver le pouvoir.

On en sait, désormais, un peu plus sur le contenu de la lettre que le Premier Ministre a adressée, le 25 septembre, au Vice-Premier Ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité, dans laquelle il l’instruit de travailler en mode d’urgence sur la proposition de loi portant modalités du référendum que le Président de l’Assemblée nationale avait transmise, en début de semaine dernière, au Chef du Gouvernement. Selon les instructions du Premier Ministre, le toilettage de la proposition de loi référendaire, au niveau du Gouvernement, devrait être terminé avant fin septembre 2015. La proposition ainsi nettoyée devait reprendre la direction du Parlement dès le début du mois d’octobre. Le temps presse. Il faut faire vite.

Or, c’est aujourd’hui mercredi 30 que prend fin le mois de septembre. Une plénière est prévue, dans la journée, à l’Assemblée nationale pour adopter l’ordre du jour et examiner la proposition de loi modifiant la loi cadre de l’éducation nationale. Le G7 tire sa légitimé de sa lutte pour le respect absolu de la Constitution. Dans les jours qui ont suivi ce départ fracassant, les dirigeants du G7 ont été sérieusement vilipendés. Jusqu’à ce jour, des communiqués les désavouant sont encouragés et lus dans tous les médias publics et privés. Le mercredi 16 septembre, le Bureau Politique de la Majorité Présidentielle réprimandait les dirigeants du G7, accusés d’avoir voulu exposer l’Autorité morale de la famille présidentielle, conjuguée au passé dans leur lettre, à la vindicte publique.

Vers une jonction G7 –Katumbi ?

Les ambitions de Moïse Katumbi ne font plus l’ombre d’un doute. On se demande, toutefois, s’il va rejoindre le G7 ou la Dynamique de l’Opposition. Il est possible qu’il travaille pour un vaste rassemblement des forces sociales et politiques du pays.


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