La crise que traverse la majorité présidentielle vient de faire émerger deux nouveaux acteurs sur la scène politique congolaise : le G7 et Moïse.
La lettre de sept membres de la majorité présidentielle (MP), demandant au président Joseph Kabila de respecter la Constitution en quittant le pouvoir en 2016 a créé un véritable séisme politique en République démocratique du Congo – voir notre article. Deux poids lourds de la majorité ont été rapidement « punis » pour leur participation à la fronde : Olivier Kamitatu (ARC) a été débarqué du ministère du Plan et Pierre Lumbi (MSR) a été révoqué de son poste de Conseiller spécial du président Kabila en matière de sécurité. Par effet domino, on ne compte plus les démissions et les exclusions en cascade à la suite de « l’affaire G7 » comme on l’appelle à Kinshasa. Charles Mwando, premier vice-président de l’Assemblée nationale a donné sa démission pour rejoindre la nouvelle plateforme. Puis, ce fut au tour du ministre des Sports, Sam Lukonde d’annoncer ce mardi avoir renoncer à ses fonctions pour obéir à la consigne de son parti, Avenir du Congo.
Débaucher les déçus du kabilisme
La fronde du G7 a tout d’abord permis d’en savoir un petit peu plus sur les intentions réelles du président Joseph Kabila pour 2016. L’opposition craint en effet que le président congolais ne cherche à retarder le calendrier électoral pour s’accrocher à son fauteuil, via une possible période de transition. La sortie des frondeurs et les exclusions qui ont suivi, prouve, si certains en doutaient encore, que le président congolais souhaite bien rester au pouvoir au-delà du délai constitutionnel. La deuxième leçon de l’implosion de la majorité présidentielle est l’arrivée du G7, comme nouvelle plateforme politique sur l’échiquier congolais. Avec environ 80 députés, dont l’intégralité ne suivra sans doute pas les nouvelles consignes de leur parti, le G7 peut désormais peser dans le paysage politique, même s’il n’est pas en mesure de faire chuter le gouvernement. En se positionnant volontairement en dehors de l’opposition, mais plutôt dans le camp anti-Kabila, le G7 compte bien débaucher tous les déçus du kabilisme, ou en tout cas, tout ceux qui ne souhaitent pas qu’il se maintienne au pouvoir après 2016. L’irruption du G7 sur la scène politique risque enfin de venir concurrencer les multiples partis et plateformes existantes de l’opposition congolaise. Avec une coalition de plus dans le camp anti-Kabila, on frôle le trop plein.
Katumbi : le premier des frondeurs
Troisième leçon du G7 : la contestation anti-Kabila dans la majorité pourrait bien faire émerger un nouveau leader. L’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, encore membre de la majorité présidentielle, s’apprête à faire « une annonce importante » selon son compte Twitter, créé pour l’occasion. Le bouillonnant président du célèbre club de football, TP Mazembe, n’a jamais caché son opposition à un troisième mandat de Joseph Kabila. Il avait même été le premier à le déclarer publiquement lors de son retour très médiatique à Lubumbashi fin 2014 – voir notre article. Depuis cette date, plus personne n’est dupe des ambitions présidentielles du gouverneur de la riche province minière. La création de son compte Twitter quelques jours après l’implosion de la majorité font dire à certains observateurs que les actions du G7 et de Moïse Katumbi seraient « concertées ». Les frondeurs pourraient même être la tête de pont de la futur machine électorale de l’homme d’affaire. Le frondeur Gabriel Kyungu serait chargé de faire basculer le Katanga du camp Kabila à celui de Katumbi, alors qu’Olivier Kamitatu s’occuperait de son fief du Bandundu.
Katumbi doit avancer ses cartes rapidement
Mais pour l’instant rien n’est lancé. Katumbi n’est pas encore candidat et on ne sait rien du timing qu’imposera Joseph Kabila pour se maintenir au pouvoir (glissement du calendrier électoral, modification de la Constitution ?…). Dernière inconnue : rien ne dit que l’élection présidentielle aura bien lieu en novembre 2016. Mais si le président congolais reste pour le moment le maître du temps, le temps presse pour les candidats à sa succession. Moïse Katumbi doit avancer ses cartes rapidement pour obliger Joseph Kabila à réagir et éviter l’enlisement. Le président du TP Mazembe doit également prendre le temps de revêtir l’habit du présidentiable – voir notre article. Si le businessman et le président de club de foot n’ont plus vraiment rien à prouver, l’homme politique reste encore à construire et notamment à l’international. Moïse Katumbi pourra tout de même s’appuyer sur son bilan à la tête du Katanga, où si beaucoup reste à faire, son passage aux affaires est plutôt jugé positivement dans la province minière.

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