Le Conseiller spécial et les IPJ rattachés à son Cabinet ont été abasourdis d’apprendre que des hauts cadres politiques et administratifs du pays ont pesé pour obtenir la relaxe d’un homme poursuivi, preuves accablantes à l’appui, pour fraude fiscale et blanchiment des capitaux.


Les Inspecteurs de police judiciaire rattachés au cabinet du Conseiller spécial en charge de la lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux ont mis la main mardisur le patron de MinoCongo, Trans Gazelle, Pain victoire et Inalca, poursuivi pour fraude fiscale et blanchiment des capitaux. Mais dans leur combat, Luzolo et son équipe font désormais face à la farouche résistance de la pieuvre qui s’est emparée de l’administration judiciaire, où Saeb, en garde à vue au Parquet général do la Gombe, a recouvré la liberté mercredi en échange de USO 3 millions amenés par son frère venu à la rescousse de Beyrouth Ses soutiens ont obtenu qu’il ne revienne que pour des dépositions.


AfricaNews tient ces informations des sources à l’intérieur de l’enquête. Saeb, de nationalité libanaise, paraît avoir minutieusement observé le fonctionnement de l’administration RDcongolaise et s’être rendu compte de la faiblesse et de la corruption de l’Etat. A en croire les Inspecteurs judiciaires commis au cabinet du Conseiller spécial Luzolo Bambi, cet homme d’affaire s’est lancé dans la maffia à partir de 2007 via ses entreprises MinoCongo, Trans Gazelle, Pain victoire et Inalca. Ils affirment qu’il a transformé des hauts fonctionnaires de l’Etat en «chiens de garde, qui le protègent dans son entreprise de blanchiment des capitaux et financement du terrorisme». Son modus operandi passe par «la souscription frauduleuse des licences d’importation auprès des banques commerciales de la place sous prétexte d’importer des biens de consommation… mais en réalité il n‘importe rien ou presque. Il laisse les sommes en question à l’extérieur, probablement dans des pays du Moyen orient». C’est le blanchiment des capitaux dans le pire des cas. Dans le meilleur des cas, il souscrit pour USD 10 millions pour n’importer que pour USD 390.000 voire moins. La différence ‘est blanchie à l’extérieur. Dans le cas d’espèce, sur base duquel il a été pisté et appréhendé par les IPJ attachés au cabinet Luzolo, Saeb a souscrit les différentes licences auprès de la banque Byblos.

Montant: USD 39 millions non retournés à la RD-Congo en violation de la loi en la matière. A la Rawbank, USD 50 millions jamais rapatriés à Kinshasa, au point où cette banque commerciale l’a exclu pour «banditisme financier». A Sofibanque, Saeb a négocié et obtenu USD 10 millions non retournés au pays. A Fibank USD 40 millions.



Les millions du frère venu de Beyrouth



Ces différents montants ajoutés à USD 50 millions d’impôt que les entreprises de Saeb ne payent pas depuis 2007 à la date de son arrestation, la calculatrice affiche environ USD 190 millions auxquels il faut greffer les pénalités. Les sources à l’intérieur de l’enquête confient également que pour assurer son impunité, le Libanais est devenu ami aux plus hautes autorités politiques et judiciaires du pays. Recherché depuis vendredi 23 octobre quand certains de ses complices, notamment le Directeur général de MinoCongo, Lukusa, et le Directeur administratif, Me Paulin Kamba, et des cadres de la BCC, de l’OCC et de l’ex-OFIDA, ont été écroués au Parquet général de la Gombe, Saeb a été arrêté mardi 27 octobre par des flics sous la coordination des Inspecteurs généraux Boniface Kabisa et Boyau Nsala, après avoir tenté en vain de soudoyer les agents chargés de l’exécution du mandat d’amener. Après son arrestation, les faits graves lui reprochés, preuves à l’appui, ont été portés à la connaissance de Madame le Procureur général près la Cour d’appel de Gombe. Les enquêteurs du cabinet de Luzolo laissent entendre que ce magistrat a reçu d’énormes pressions et les ordres de plusieurs autorités politiques et administratives lui demandant de relâcher 1’ incriminé malgré les faits accablants pour lesquels les IPJ l’ont entendu et mis aux arrêts. Coup de théâtre. Cette pression, indiquent les mêmes sources, n’est pas gratuite. «Saleh, le frère de Saeb a quitté Beyrouth en jet privé dans la nuit du 27 au 28 octobre et a atterri à N’djili avec une mallette contenant USD 3 millions. Tapies dans l’administration judiciaire voire au cabinet même du, Président, ces autorités à l’origine de la pression se sont partagé cette somme», affirme une source intérieure à l’enquête. Incroyable. Dans leur combat contre la corruption et la fraude, Luzolo et son équipe font désormais face à la farouche résistance de la pieuvre qui s’est emparée de toute l’administration. Du coup, la maffia politico-judiciaire a entrepris de narguer le Président Kabila et le conseiller spécial Luzolo Bambi. L’objectif de Joseph Kabila de redonner une nouvelle image au pays dans le cadre de la lutte contre la corruption et la fraude est sapé, les efforts des hommes du conseiller spécial anéantis, la République flouée et la maffia judiciaire renforcée. Révoltant alors que le combat pour débarrasser le pays de la prédation et la pieuvre, c’est celui que tous ses fils devraient s’approprier collectivement. Luzolo et ses hommes doivent-ils se décourager pour autant? «Le plus important, ce n ‘est pas qui tient le drapeau du combat: c‘est le nombre de gens qui sont derrière le drapeau», a dit l’homme politique français Jean-Luc Mélenchon. Le combat pour la bonne gouvernance en RD-Congo intéresse la majorité de ses habitants. Volumineux et accablant, le dossier Saeb est encore aux mains des Inspecteurs judiciaires qui pourraient s’en servir tôt ou tard. Il n’y a jamais de défaite définitive.



Par YA KAKESA
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