Un phénomène étrange touche les jeunes femmes à la peau foncée, et d’ailleurs, pas seulement les femmes : le désir de se dépigmenter la peau en ayant recours à des crèmes à base d’hydroquinone.

Un phénomène en lien avec l’histoire et les médias
La cause de cette pratique : une médiatisation de la beauté des peaux blanches, l’association de la peau blanche à un signe extérieur de réussite sociale et, d’après une explication plus approfondie proposée par le journaliste franco-ivoirien Serge Bilé dans son livre Blanchissez-moi tous ces nègres paru en 2010, un sentiment d’infériorité par rapport au type occidental résultant de la colonisation et de l’esclavage.

Une soumission psychologique imposée aux Africains et qui leur coûte cher, tant au niveau financier qu’au niveau des dégâts causés à leur peau et du danger qu’ils font encourir à leur santé.

De nombreux pays africains connaissent ce phénomène : le Sénégal en premier lieu où une forte proportion de femmes le pratiquent, mais aussi le Mali, le Cameroun, le Ghana, le Nigéria, la Côte d’Ivoire. Dans chaque pays, la dépigmentation a une appellation différente : Xessal au Sénégal, Bojo au Bénin, Tchoko au Congo… Des noms qui sonnent comme des codes que seule la population locale semble comprendre et qui révèlent l’aspect tabou de ce fléau.

Une loi contre la dépigmentation en Côte d’Ivoire
En fin avril dernier, le gouvernement ivoirien a décrété une loi interdisant l’utilisation des produits de dépigmentation. En y mettant quelques conditions : les crèmes comportant du mercure et ses dérivés, des corticoïdes, ou de l’hydroquinone au-delà du seuil de 2% sont prohibés selon un décret voté par le conseil des ministres. L’hydroquinone, principal agent éclaircissant, a été découvert dans les années 60 alors qu’il était initialement utilisé comme révélateur de photographie. Au-delà d’une concentration de 2% dans un produit, l’hydroquinone a un effet décapant et cause une augmentation de la sensibilité au soleil. Ce produit peut également causer des réactions allergiques sévères et aurait un effet cancérigène.

Avec toutes ces propriétés toxiques, la ministre ivoirienne de la Santé Raymonde Goudou Coffie met en garde contre les risques que de nombreux individus font encourir à leur santé. Malheureusement, ni les législations ni les discours ne semblent diminuer l’ardeur de ces femmes à décolorer leur peau.

Quatre mois après l’adoption du décret, son application reste très relative et les salons de beauté du pays continuent de proposer leurs soins éclaircissants. Des affiches publicitaires ventant les mérites de ces produits et mettant en avant des mannequins blancs prolifèrent. Les amendes sont pourtant lourdes (de 76 à 534 euros), mais l’absence d’un décret d’application fait que tout cela demeure théorique.

Est-ce réellement la solution que d’interdire et de mettre des taxes sur ces produits quand la plupart des consommateurs de ces produits persistent dans cette recherche de blancheur à tout prix ? La Côte d’Ivoire et tous les pays touchés par ce fléau ne doivent-ils pas plutôt faire des campagnes de sensibilisation et d’information pour réveiller les consciences et défaire ces constructions mentales qui poussent les Africains à guerroyer contre leur peau d’ébène ? Cela semble être en tout cas la solution qui se profile pour enrayer ce triste phénomène.

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