Des agendas cachés des acteurs politiques en présence plombent la convocation du dialogue national. Des positions figées sur le terrain, l’ombre des stratégies du chao ou l’épouvantail d’une prise de pouvoir par la rue qu’agitent les uns et les autres ne rassurent pas quant à l’avenir. Respect de la Constitution pour les uns, manœuvres visant à obtenir un glissement du processus électoral (transition), pour les autres, les positions demeurent diamétralement opposées. D’où, ce décor d’un consensus difficile pour un dialogue réellement porteur.

Le Potentiel

Le dialogue national ou politique (c’est selon) promis par le chef de l’Etat tarde à être convoqué. Et pour cause ? Aucune visibilité, ni sur le terrain, ni à l’horizon. Les consultations annoncées en pompes en son temps n’ont pas donné le résultat escompté. Le processus piétine comme frappé par une léthargie inexpliquée.

Sans se lasser, le président de la République est revenu à la charge, en s’entretenant cette fois avec les présidents des deux Chambres du Parlement mais aussi avec la Société civile dans toutes ses déclinaisons. Joseph Kabila a annoncé à ses interlocuteurs, « l’imminence » de la convocation de cette table ronde et tous ont pensé que la machine allait être débloquée.

A l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), l’on est sorti du bois. Des structures officielles du parti ont, en ce qui les concerne, annoncé le retour du lider maximo en vue de conduire la délégation de son parti. Mais, des confidences glanées dans la haute ville, ne présagent pas d’un dénouement rapide et heureux du processus ainsi engagé.

Selon des indiscrétions, le président Kabila n’accepterait pas de convoquer cette grand-messe sous la pression de qui que ce soit. Aussi devient-il de plus en plus difficile d’envisager la tenue d’un dialogue dont le train quitterait la gare au courant de ce mois de novembre. Pour des sources contactées, le dialogue ne pourrait être convoqué qu’au mois de janvier 2016.

Dans ce cas, la participation de l’UDPS devient hypothétique. Le parti d’Etienne Tshisekedi n’a cessé de marteler qu’au-delà du 30 novembre 2015, il ne se sentirait pas concerné par l’offre du dialogue. Bruno Tshibala, secrétaire général adjoint et porte-parole de l’UDPS est clair là-dessus : « A un moment, l’UDPS évoluera dans une autre logique ». Ce couac qui s’annonce ne peut être négligé. Il éloignera, à coup sûr, le consensus tant recherché.

Au même moment, les partis et plateformes politiques notoirement opposés au dialogue, campent sur leurs positions. Les ténors du G7, tout comme ceux de la « Dynamique de l’Opposition » ainsi que d’autres encore radicalisent leur position contre le dialogue. Pour eux, aucune conciliation n’est possible. Ils ne jurent que par le respect strict de la Constitution qui organise et consacre l’alternance après deux mandats présidentiels consécutifs.

Tranchants, ils considèrent que toutes les manœuvres de la Majorité visent justement à imposer un glissement du calendrier électoral. En apparence, leur position ne pourrait évoluer qu’en cas d’une force plus importante.

Dans la foulée, l’Eglise catholique dit sa disponibilité à prendre part au dialogue, mais elle pose des conditions, notamment le respect de la Constitution et l’organisation des scrutins présidentiel et législatifs dans les délais prévus par la loi fondamentale. Pour l’Eglise catholique en RDC, il est hors de question de sortir des institutions ou d’aller vers une éventuelle « transition illégitime » à l’issue du dialogue. Les esprits sont fixés, certes, mais ils sont en même temps surchauffés. Chacun campe sur sa position. Au même moment, les ambigüités entretenues par la communauté internationale les encouragent à s’arrimer à des positions inconciliables.

Le peuple, la communauté internationale

L’équation pour le peuple est simple : la paix, la stabilité par le respect des textes en vue d’éviter l’arbitraire, la jungle. Pour cette raison, le principe d’un dialogue ne choque pas les Congolais qui estiment que les dirigeants et tous ceux qui se disent leaders devraient se parler. En permanence, d’ailleurs. Donc, pour une concertation ou un dialogue de plus, cela n’offusquerait personne. Mais la principale condition est celle de respecter les règles établies, de privilégier la stabilité et la paix fragile en tenant compte des réalités du terrain.

Dans cette équation, la communauté internationale se trouve également face à un dilemme. D’un côté, il y a ceux qui soutiennent que l’ordre et la stabilité passent avant la démocratie. L’autre camp soutient que c’est plutôt le contraire. Ils sont d’avis que la démocratie va consolider l’ordre et la stabilité. Tant que la communauté internationale n’aura pas levé une option claire là-dessus, les protagonistes resteront pour longtemps attachés à leurs positions actuelles.

Pour s’en convaincre, il suffit de scruter attentivement les attitudes affichées vis-à-vis des autorités du Congo-Brazzaville en rapport avec le référendum ayant conduit au changement de la Constitution ; la tolérance des actes posés par le président rwandais Paul Kagame pour s’éterniser au pouvoir et les molles condamnations à l’encontre du Burundais Pierre Nkurunziza.

Le ballet diplomatique entamé par Kinshasa auprès des capitales voisines et amies ne passe pas inaperçu auprès des observateurs avertis. La population qui est la plus grande inconnue, personne ne la maîtrise. Et pourtant, elle pourrait faire la décision le moment venu. Il faut la préparer à la sérénité et à l’apaisement afin de négocier ce tournant avec succès. Dans le cas contraire, …


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