Le message de Noël du Pape François a réanimé l’Eglise catholique de la RDC dans sa volonté de contribuer à un processus électoral apaisé Hier mardi, les évêques membres de la Cenco (Conférence épiscopale nationale du Congo) avec à leur tête le cardinal Laurent Monsengwo sont allés à la rencontre de Minaku, non en tant que président de l’Assemblée nationale mais plutôt en sa qualité de secrétaire général de la MP (Majorité présidentielle). Ils ont indiqué que leur démarche consiste à approcher toutes les parties en présence, en vue de « parvenir à dégager un consensus sur l’essentiel pour ne pas rester dans un blocage ». Réussiront-ils leur mission ? Difficile à prédire.



Qui a dit que l’Eglise catholique était opposée à toute forme de dialogue politique? En relevant dans son message « urbi et orbi» de Noël 2015, la nécessité d’un dialogue dans les pays tels que la RDC, le Burundi et le Sud-Soudan, le Pape François a lancé un appel que les évêques, membres de la Cenco, ont saisi à sa juste valeur.



En bons pèlerins, les princes de l’Eglise ont pris leur bâton pour prêcher l’évangile de la paix à toutes les parties impliquées dans le processus électoral en RDC. C’est par la Majorité présidentielle (MP) qu’ils ont entamé, hier mardi, leur périple, tout en promettant de l’étendre à d’autres composantes.



Selon la Cenco, la démarche initiée auprès des acteurs politiques et sociaux s’inscrit dans le cadre du principe fondamental de l’Eglise, principe rappelé, ont-ils dit, par le Saint Père dans son message de Noël.



CONSENSUS ET COMPROMIS A L’ORDRE DU JOUR

Au sortir de cet entretien, le président de la Cenco, Mgr Nicolas Djomo s’est exprimé en ces termes : « Les évêques ont pris l’initiative de venir à Kinshasa juste après Noël, c’est parce qu’ils ont des inquiétudes, ils se trouvent face à des incertitudes et ils ont estimé qu’il était nécessaire comme pasteurs de venir échanger avec les uns et les autres sur un principe qui a été rappelé dimanche passé par le Saint Père, qui est un principe fondamental dans l’Eglise catholique. C’est que lorsqu’il y a un problème, on essaie de se mettre autour d’une table moyennant conditions acceptables, bien sûr pour tenter de trouver une solution. Nous sommes venus contacter toutes les parties concernées pour leur demander si moyennant concession, moyennant compromis, on peut parvenir à dégager un consensus sur l’essentiel pour ne pas rester un blocage ».



Pour le président de la Cenco, il faut œuvrer en faveur de la décrispation de la situation. « Le blocage n’est pas bon. Nous allons commencer à rencontrer les uns et les autres. C’est pour cela que nous sommes venus rencontrer le président de l’assemblée nationale qui est en même secrétaire général de la MP et donc l’échange a porté sur cette préoccupation ».



A la question de savoir si les évêques ont d’ores et déjà trouvé un compromis avec la MP à l’issue de cet échange, Mgr Nicolas Djomo à indiqué que « pour le moment nous ne pouvons pas encore parler de compromis parce que nous sommes encore en train d’échanger avec d’autres groupes. Demain, on a encore d’autres rendez- vous. Nous ne pouvons pas donc pour le moment conclure ».



S’agissant de l’appel du Pape François, le président de la Cenco a estimé que ce point de vue fait partie de la vie de l’Eglise : « Rappelez-vous en 2012, au lendemain des tensions qu’il y avait eu en 2011, les évêques, nous avions fait le tour des états- majors pour demander à toutes les parties de se mettre ensemble pour discuter sur les points qui ont provoqué des tensions de façon à dégager un consensus. C’est la mission de l’Eglise, et le Saint Père n’a fait que rappeler quelque chose que nous pratiquons d’une manière continuelle ».



MINAKU DÉSAMORCE LES TENSIONS

De son côté, le président de l’Assemblée national et secrétaire général de la MP a apprécié la démarche de la Cenco.



«A la demande de la Cenco, nous avons eu une séance de travail d’une heure. Et au c’ours de cette séance, nos évêques nous ont fait savoir qu’ils s’interrogeaient sur le dialogue, pourquoi il ne débute pas, pourquoi une partie de l’opposition n’avait pas encore répondu positivement à l’appel du président de la République. Ils nous ont aussi fait savoir que selon la doctrine de l’Eglise catholique, telle que rappelée par le Saint Père dernièrement, lorsqu’il y a un problème, un litige, un questionnement, il est bon que les uns et les autres se retrouvent autour d’une table pour échanger. Nous leur avons fait savoir que le dialogue a déjà été solennellement annoncé par le président de la République. Il a déjà pris une ordonnance et le dialogue politique national inclusif va se tenir. Il y a une équipe qui est en train d’organiser le travail qui commencera par le comité préparatoire. Donc, il est bon que tous les Congolais répondent positivement à l’appel du président de la République ».



Il s’est voulu rassurant : «Les débats lors du dialogue seront francs, ouverts, et en toute liberté». Selon Aubin Minaku, « tout celui qui évite le dialogue aujourd’hui, en réalité, est contre une organisation harmonieuse des élections crédibles et apaisées parce que l’objet du dialogue est focalisé sur les modalités consensuelles pour organiser des élections correctes, non génératrices de situations chaotiques après ». Et de poursuivre « En tant que Majorité présidentielle, nous considérons que la démarche actuelle des évêques est pertinente parce que le peuple congolais aujourd’hui n’a plus besoin de schémas tel que l‘organisation des marches croisées chrétiens de la majorité, chrétiens de l’opposition. Kinshasa n’a pas besoin de pillages, de tueries, Kinshasa a besoin que les urnes soient en place pour que nous ayons des élections correctes ».



UNE DÉMARCHE LOUABLE

A première vue, la démarche des évêques de la Cenco est louable. De toute façon, il ne pouvait qu’en être ainsi, étant donné que l’Eglise a le devoir de se mettre toujours au milieu du village, en tentant de rapprocher les uns et les autres. Si l’on salue l’initiative des évêques qui répondent à un appel du Pape François, la finalité de cette démarche dépend cependant de la sincérité des parties impliquées, à savoir la Majorité présidentielle, l’Opposition, la Société civile et les partenaires au développement.



La garantie pour le succès de la démarche des évêques réside dans l’obligation de tous de regarder dans la même direction, en mettant en avant les seuls intérêts du pays et la nécessité d’amener le peuple congolais à un processus libre, démocratique et apaisé.



Car, il faut reconnaître que les évêques ne disposent pas de bâton magique pour faire changer quoi que ce soit. Comme de bons pasteurs, ils sont porteurs d’un discours de paix dans un élan de consensus et de compromis autour de l’essentiel. Or dans l’état actuel de la RDC, l’essentiel est de préserver l’ordre institutionnel issu du compromis de Sun City, d’où est sortie la Constitution du 18 février 2006, fondement de la 3ème République.



C’est cette Constitution – cet héritage commun obtenu dans la douleur – que les uns et les autres doivent préserver en vue de se mettre en phase avec les évêques de la Cenco qui, en tout temps, ne se sont jamais opposés au dialogue. En effet, la Cenco est restée fidèle à la ligne qu’elle s’est imposée, réaffirmant son adhésion au dialogue dans les limites tracées par la Constitution.



Est-ce que les gens qu’elle s’apprête à consulter vont l’entendre de cette oreille et remettre dans les fourreaux leurs épées? La paix en dépend.



Par LE POTENTIEL


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