
La question est tellement délicate qu’elle requiert, après tout, toutes les précautions d’usage. Car, si le Conseil de sécurité doit aussi statuer sur ce dossier, il aura, logiquement, comme documents de travail, le rapport de Ban Ki-moon, très nourri au travail de Martin Kobler et, même du tout nouveau venu, Maman Sidikou, et à celui de Saïd Djinnit. Tout comme, il pourrait s’étendre ses analyses, contre toute attente, aux rapports, maintes fois élaborés, par les Envoyés spéciaux de l’Onu, de l’UA, de l’UE… qui, eux, sont généralement très hostiles aux prises de position affichées, depuis un certain temps, par Kinshasa, quant aux priorités à accorder, lorsqu’il s’agit, par exemple, de la présidentielle et des législatives nationales, lors de l’organisation des prochaines élections, voulues équitables et apaisées en RD. Congo. Bien plus, le Conseil de sécurité ne saurait s’y prononcer, sans procéder, préalablement, à l’évaluation du taux d’exécution de ses résolutions 2098 et 2211, sans oublier, ici, l’Accord-cadre ainsi que tous les autres textes ayant justifié la présence des casques bleus en RDC. Loin s’en faut, l’idée visant à recourir à un médiateur international mais dont le rôle serait limité aux bons offices, s’étiole. Plus les jours passent, mieux les choses prennent une autre tournure. Et, dans ce contexte, elle est confrontée à une écharde ; celle d’une communauté internationale que l’on voulait, à tout prix, mettre à l’index et qui, paradoxalement, s’invite et se retrouve à l’épicentre de l’organisation dudit dialogue, au cas où le Conseil de sécurité lui conférait, semble-t-il, des missions, au-delà de bornes tracées par le Président Kabila, dans son Ordonnance y relative, et, même, par l’ensemble des autorités congolaises. S’il est permis de croire que Ban Ki-moon soit tenu à l’obligation de désigner le médiateur international, en respectant les termes définis dans la demande congolaise, il n’est pas exclu qu’il soit tenté, par la même occasion, d’y truffer des conditionnalités du genre ‘’dialogue circonscrit aux questions électorales’’, ‘’respect des délais constitutionnels’’, ‘’pas de transition’’, ‘’ priorités aux élections constitutionnellement contraignantes etc. Ce qui, visiblement, pourrait télescoper les discussions centrées sur les thématiques évoquées dans l’Ordonnance présidentielle, ou, à la limite, chevaucher avec les buts recherchés au travers de tous les agendas dits ‘’cachés’’ autour du dialogue. Comment alors, récupérer la situation ? Comment, s’il y a dérive, la RD. Congo, une fois le Médiateur International désigné, saura-t-elle exercer sa souveraineté, pour tirer ses propres conclusions au bout du dialogue, en toute indépendance et liberté, comme l’avait si bien dit et répété le Président Kabila ? L’Udps qui avait fait de cette question de médiation internationale, son tendon d’Achilles, n’a-t-elle pas eu tort, par cette revendication extrémiste, de pousser Kinshasa à la faute ?
LPM