Jonas Tshiombela, Coordonnateur de la Nouvelle Société Civile Congolaise, a répondu aux questions de La Prospérité, jeudi 17 décembre 2015, dès son retour de l’Ile de Gorée, à Dakar, où il a pris part à l’atelier des opposants et membres des mouvements citoyens de l’Afrique sub-saharienne. Invités par la Fondation allemande Konrad Adenauer, les participants ont réfléchi sur les moyens de faire respecter la Constitution et favoriser l’alternance démocratique, notamment en RDC. Côté congolais, on a enregistré la participation des Mouvements citoyens Filimbi et Lucha. A signaler que les Sud-africains de Brenthurst ont également mis la main à la poche. Revitalisé, Jonas Tshiombela s’engage à combattre l’irrespect de la Constitution. « Nous ne sommes pas au temps de coup d’Etat. Nous sommes à l’époque de la démocratie et de la libre expression qui est garantie à tout le monde », lance-t-il.

La Prospérité : Après trois jours de travaux sur les enjeux du processus électoral en Afrique sub-saharienne tenus à l’Ile de Gorée, à Dakar au Sénégal, pouvez-vous éclairer les Congolais et Congolaises sur les objectifs de ce forum ?

Jonas Tshiombela : Je crois que s’il y a des gens qui complotent contre la République, ce sont ceux qui tentent de changer la Constitution et les règles du jeu électoral. Nous avons été à l’Ile de Gorée à Dakar pour juste évaluer le processus électoral autour du thème : « Enjeu du processus électoral en Afrique sub-saharienne ». Il y avait des représentants des pays comme le Togo, la Tanzanie, la Namibie, le Mozambique, le Sénégal, le Burkina Fasso et la RDC. Presque 8 pays ont participé à cette rencontre. Cet atelier avait pour objectif d’étudier les mécanismes de faire respecter les Constitutions en Afrique. C’est dans cette partie du monde que, chaque fois quand on arrive à la fin d’un mandat, il y a toujours une tentative de changement de Constitution. C’est le cas du Congo Brazzaville et du Rwanda. Est-ce que dans une région les gens ne peuvent pas réfléchir sur l’avenir même du processus électoral en étudiant pourquoi nous ne pouvons pas avoir des cadres juridiques fondamentaux stables ? Et puis, s’il y a un coup d’Etat à opérer, mais il ne se prépare pas au grand jour ! Ce sont des choses qui se préparent de manière camouflée. Nous étions sortis en bonne et due forme. Nous sommes arrivés, on a travaillé avec les collègues qui étaient avec nous. Il appartient à chacun de tirer les leçons qu’il faut pour stabiliser le système électoral de son pays, ou d’apporter sa contribution au système électoral de son pays. Il n’a jamais été question d’aller conspirer un complot contre la République. Nous avons l’intention de militer pour protéger la Constitution, y compris les institutions qui s’y trouvent.

La Pros : Pourquoi décréter le huis-clos ?

Jonas Tshiombela : Les réunions n’étaient pas à huis-clos. La presse locale était invitée. Pensez-vous que Filimbi peut travailler pour le Togo, la Namibie, le Mozambique ou bien la Tanzanie pour ce genre des pratiques ? C’est un faux fuyant. Filimbi est une Ong citoyenne de ce pays qui se bat pour la démocratie. Il y a des gens dans ce pays qui ont appelé à la haine, à tuer au mieux de chasser le non originaire. Ce sont-là, des gens qu’il faut réprimer. Il y a des gens qui se battent pour l’enracinement des valeurs démocratiques. En plus, Filimbi est constitué des jeunes gens.

La Pros : Il ne s’agissait donc pas d’une cure d’endoctrinement à l’Ile de Gorée ?

Jonas Tshiombela : Croyez-vous que Monsieur Gilbert Kiakwama, avec son passé politique et son âge, peut-il être endoctriné? Lui, aussi, peut-il prendre des armes à son âge ? C’est une réflexion simpliste. On ne peut plus indéfiniment continuer à désinformer l’opinion et la détourner du vrai problème qui se pose au pays. Il se pose un réel problème du processus électoral, de la protection de la Constitution, du délai du mandat présidentiel, des moyens pour l’organisation des élections auxquels on peut réfléchir ! Il ne faut pas dire que c’est parce qu’il y a Lucha, Filimbi, Y en a marre et le Ballet citoyen que nous devrions être endoctrinés. Ceux qui tentent de tromper la vigilance de nos populations attendront encore longtemps. L’appareil judiciaire doit s’occuper de ceux qui tentent de violer la Constitution de la République.

La Pros. : Rien de subversif, à vous en croire ?

Jonas Tshiombela : Les matières étaient centrées sur le processus électoral, l’alternance au pouvoir d’Etat. Même s’il fallait préparer la révolution, ce n’est pas au Sénégal, un pays modèle en Afrique noire qui n’a jamais connu un coup d’Etat. Ils ont des Chefs qui s’alternent. Si tel était le cas, nous serions partis dans les pays où on prépare des soulèvements. Ce que l’on n’a pas fait. En plus, lorsque ceux qui complotent contre la Constitution se sont rendus à Rome et ailleurs avec l’UDPS, les Congolais n’en ont pas fait un problème ! La négociation à Kampala avec le M23, les Congolais n’en ont pas fait de souci. Nous ne sommes pas au temps des coups d’Etat. Nous sommes à l’époque de la démocratie et de la libre expression qui est garantie à tout le monde.

La Pros : Comment jugez-vous le processus électoral en RDC ?

Jonas Tshiombela : Le processus piétine, il est même bloqué. Pour organiser ces élections, la CENI est là. Depuis qu’on a donné les injonctions par la Cour constitutionnelle afin qu’elle puisse réévaluer de manière indépendante, elle-même commence à lier la sortie du calendrier électoral au dialogue national inclusif. Ce sont toutes ces questions qui nous inquiètent. Et, nous risquons de nous retrouver en novembre 2016 sans que nous n’ayons des élections. Que deviendra notre pays en ce moment là ? En bon citoyen, c’est le moment de réfléchir sur le moyen de passation de pouvoir pacifique. La vérité nous donnera tort ou raison. Car, nous ne sommes pas dans la démarche de nous justifier. Nous ne sommes pas dans une époque ou une frange de Congolais doit nous imposer leur point de vue. Cette époque là est révolue.

La Pros : Le dialogue national inclusif, qu’est-ce que cela vous inspire ? Le Président Kabila l’a répété devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès.

Jonas Tshiombela : Je crois que c’est un discours bilan sur le travail réalisé et des choses à faire. Mais, nous pensons que ce qui est prioritaire maintenant c’est le processus électoral. Le Chef de l’Etat aurait bien fait de fixer l’opinion que la Constitution sera respectée. Ou qu’il s’en tiendra à son serment tel que prescrit dans la Constitution. Tout le monde a le droit de spéculer sur ce qu’il fait parce qu’il le fait au nom de la République. S’il fixait l’opinion sur son mandat, il calmerait toutes les agitations. Le contenu du dialogue a un problème parce que personne ne sait s’il va porter sur quoi. Il y a eu les Concertations, ses recommandations sont restées lettre morte. La grande réside dans sa survie politique.

La Pros : Le Président, dans son discours, à lancé l’idée d’un processus électoral authentiquement congolais. Votre commentaire ?

Jonas Tshiombela : Il se pose là des problèmes techniques qui peuvent trouver des solutions maintenant s’il y a la volonté politique. Parmi ces problèmes techniques, il ya l’enrôlement des jeunes, la loi sur l’identification, la prise en compte des Congolais de l’étranger, la sécurisation électorale, la mobilisation des finances des élections. Toutes ces questions peuvent-elles être traitées au dialogue ? NON. C’est le Parlement, l’armée, la police et le Gouvernement qui sont indiqués pour régler ces problèmes ! Déjà à ce niveau, il y a une grande partie de problèmes qui ne dépend pas du dialogue mais qui dépend du pouvoir en place. S’il faut attaquer le fond des problèmes, il faut avouer que la CENI n’était pas obligée de mettre dans le processus les élections locales. Mais, il y a des élections qui ont une date précise dans la Constitution qu’on doit respecter. Il y a des non-dits. Si ce n’est pas une emprise politique, c’est le souci de la survie politique. Dans ce cas, les acteurs politiques entre eux peuvent dialoguer ou tout simplement, ils ne jouent pas franc jeu. L’agenda du dialogue n’est pas assez clair. Les 500 millions proposés suffisent pour organiser l’élection présidentielle et les législatives. Le plan de décaissement, c’est encore le dialogue qui doit décanter cela ? Comme le Gouvernement est incapable de mobiliser les fonds, la moindre des choses, c’est de démissionner.

La Pros : Votre mot de la fin ?

Jonas Tshiombela : Nous allons organiser une réunion où nous allons présenter une partie des pistes des solutions. Nous ne refusons pas le dialogue, mais c’est l’agenda qui n’est pas clair. Nous encourageons ceux qui estiment que le dialogue est la voie obligée mais nous demandons à ce que la Constitution soit respectée. Nous sommes à l’ère moderne où rien ne pouvait se passer sans être connu. Nous regrettons une campagne médiatique au niveau de l’Etat qui n’honore pas.

Propos recueillis par Peter Tshibangu

LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top