Vente de disques, commerces de voitures, « Mabanga » et même trafics d’humains (Ngulu)… enquête sur les sources de revenus des musiciens congolais qui ne cessent de s’afficher avec de plus en plus de biens matériels. Article publié par Direct.cd

Il y a plusieurs décennies, le circuit de la musique congolaise était réservé aux personnes de basse classe dont la plupart étaient versées dans la boisson, le chanvre et le sexe. A l’époque, aucune famille congolaise n’acceptait donner la main de sa fille à un musicien qu’on qualifiait, à la ronde, de voyou. Cela était encore perceptible après l’accession de notre pays à l’indépendance…

Mais, avec l’arrivée des générations montantes, les choses ont changé, les musiciens devenus des voix les plus écoutées par les autorités nationales et, par ricochet, ont obtenu une notoriété dans toutes les familles si bien que la musique qui, hier encore était l’apanage des « vauriens » a vu défiler, dans son champ, des artistes qui ont valablement terminé leurs études. Cela pour dire que la musique aussi était une profession noble comme toute autre. Cependant, si l’artiste d’hier faisait de la musique pour l’art, celui d’aujourd’hui, avec la modernité, n’a des visions que sur l’argent afin de vivre dans l’opulence et de rouler carrosse. Interviendra alors un commerce rudimentaire et prohiber consistant à trafiquer les êtres humains. Dans le jargon kinois on a baptisé ces immigrés clandestins de « ngulu » (cochon) qu’on trimballe tels des bétails, moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. Au retour, tous les artistes opérateurs de cette traite, ont eu l’idée de mettre en épigraphe des groupes musicaux qui leur serviront d’appât afin d’attraper beaucoup de poissons qui seront, par la suite, déverser dans la nature en Europe.

Des artistes-musiciens comme Papa Wemba avec son consortium Viva la Musica, Koffi Olomide et son Quartier Latin International, Félix Wazekwa et son Cultur’A Pays Vie, Werrason et son Wenge Musica Maison Mère, JB Mpiana et son Wenge Bcbg, Nyoka Longo et son Zaiko Langa Langa Nkolo Mboka, Bozi Boziana et son Anti Choc, Rombaut Tunani et son Riche Monde, Trinita Abalolo et son La Chapada, cette liste n’est pas limitative, ce sont servis de leurs orchestres pour s’enrichir au détriment de leurs musiciens. En effet, improvisant des voyages en Europe avec leurs groupes, tous ne s’acharnaient qu’à glisser les « ngulu » sur leurs listes, en lieu et place des musiciens, dont certains n’ont jamais effectué des déplacements de l’Europe alors que sur leurs passeports, on note bien de nombreux visas de sortie et d’entrée. Moyennant une somme de 3.500 $ par personne, sous l’étiquette des musiciens, de nombreux clandestins se trouvent présentement dans le vieux continent.

Mis au parfum par d’autres congolais vivant dans un antagonisme outré, les polices européennes, paraphrasant celle de l’Angleterre qui, la première, avait découvert cette supercherie et avait tranché en disant : « Très pepele finish », sont devenues très vigilantes. « Très pepele », en fait était le slogan que les congolais, nouvellement arrivé à Londres, lançait pour déjouer la police dans sa naïveté. C’est pourquoi aujourd’hui, la vigilance est accentuée à un niveau très élancé dans l’espace Schengen, aussi bien en Grande Bretagne qui ne fait pas partie de cette juridiction…

Des châteaux se sont écroulés

Ainsi, les musiciens, trafiquants des êtres humains, ont commencé à voir leurs initiatives s’écrouler tels des châteaux en carton. Le premier a tombé sous le coup, c’est Papa Wemba qui, avec ses deux groupes « Cour des Grands » en Europe et « Viva la Musica » à Kinshasa, s’est enrichi illicitement.

Voici comment. Nos sources démontrent que pendant qu’ils abandonnaient les vrais musiciens de Viva la Musica, malheureux et sans ressource à Kinshasa, il voyageait avec des « ngulu » qu’il prétendait être ses musiciens une fois débarqués en Europe. Là-bas, à la sortie de l’aéroport, chaque clandestin prenait sa route pour aller gonfler le nombre désimmigrés dans le vieux continent. S’il y avait une production en vue, c’est le groupe « Cour des Grands » qui partait jouer et non ces « ngulu » qui ne sont pas musiciens.

Cette machination a duré jusqu’au jour où, le Kuru Yaka est tombé dans les filets de la police française. Passant aux aveux, il avait été condamné à quatre mois de prison ferme avant de payer une caution pour sa liberté. La police belge aussi avait été saisie d’un autre dossier du genre. Papa Wemba est aussi tombé dans les filets de la police belge à partir de l’aéroport de Zaventem, à Bruxelles…

Le dossier ayant suivi son cours normal, le patron de Viva la Musica a été condamné, depuis le lundi 6 février 2012, à 15 années de prison avec sursis et au paiement d’une amende de 20.000 Euros…

Félix Wazekwa S’Grave a aussi connu les affres du trafic des êtres humains pour lequel, il venait d’être condamné par la justice belge, à 2 années de prison avec sursis et au paiement d’une caution…

Tablant, en outre, sur l’épée de Damoclès suspendu sur la tête de Mopao Mokonzi Koffi Olomide pour le même fait que ci-dessus évoqué, il y a lieu de signaler que les autres musiciens comme Werrason, JB Mpiana, Vieux Bombas Nyoka Longo, le Grand Père Bozi Boziana ont tout fait pour rembourser de l’argent de nombreux « ngulu » qui, heureusement ou malheureusement, c’est selon, n’ont pas fait le déplacement du vieux continent, les mettant ainsi loin des cadrans de la police européenne. D’autres, par contre, comme Rombaut Tunani, Trinita Abalolo, etc…, n’ont pas mieux trouvé que d’abandonner leurs orchestres à Kinshasa avant de prendre la tangente pour un voyage de non retour vers Londres en Grande Bretagne où ils résident.

Les musiciens chrétiens, eux aussi, ne sont pas restés en laisse. Pour se faire de l’argent, ils ont aussi glissé leur nez dans cette affaire de « ngulu ». Sans trop parler, nous prendrons seulement le cas de feu frère Debaba qui, avec un groupe de personnes qu’il faisait passer comme étant les musiciens évoluant au sein de son orchestre, a été cueilli dès son entrée en Suède par la police de ce pays. Tous les « ngulu » ont été, sans autre forme de procès, refoulés vers la RDC… Les exemples sont légion pour élucider nos propos…

Investissement

Comme on pourra le constater, tous les musiciens cités ainsi que tous ceux qui n’ont pas été cités mais qui se reconnaîtront dans ce commerce, savent qu’ils ont encaissé d’énormes sommes d’argent qu’ils n’ont pas mis à profit pour investir au pays. Si aujourd’hui, ils peuvent encore se prélasser dans des palaces et rouler carrosse, c’est grâce aux sponsors qui leur ont acheté des belles maisons ainsi des belles voitures cylindrées… (Dossier à suivre).

DIRECT.CD
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