
La question de l’enrôlement de nouveaux majeurs et du nettoyage du fichier électoral persiste. En un mot, les modalités de constitution du fichier électoral. La CENI n’a aucune proposition pour évacuer ce qu’elle présente comme préalables. Autrement dit, la CENI ne prendra aucune initiative aussi longtemps que les donneurs d’ordres n’auront pas levé une option politique. Le Président de la CENI hésite à mettre sur la place publique un calendrier électoral qui subirait le même sort que le calendrier global du 12 février dernier et le calendrier partiel. Parmi les difficultés mises en avant par la CENI, pour tenter de justifier l’absence d’un chronogramme des élections, figure, en bonne place, le manque des ressources financières. En effet, depuis la législature en cours, les Députés nationaux ont laissé entendre que dans chaque exercice budgétaire, le Gouvernement prévoyait plus de 250 millions de dollars américains en faveur du processus électoral. Il semble qu’il ne s’agissait que des prévisions budgétaires, pendant que le décaissement des fonds n’a jamais eu lieu. En début de semaine, Corneille Nangaa a rencontré le Premier Ministre, Matata Ponyo. D’après la presse officielle, les deux hommes ont soulevé, au cours de leurs échanges, le problème de financement des élections. Lors de l’examen du Budget de l’Etat 2016 à l’Assemblée nationale, l’Opposition parlementaire a vivement dénoncé que le Gouvernement ait prévu de mobiliser 500 millions de dollars pour l’organisation éventuelle d’un référendum, alors que le processus électoral 2015-2016 avait été évalué à 1,2 milliards de dollars.
Les problèmes de la CENI sont aussi d’ordre technique. La Mission d’audit dépêchée par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) a conclu à la révision du fichier électoral. Le travail à faire consiste à élaguer des listes électorales, tous les morts estimés à 2 millions d’individus. La réponse de Corneille Nangaa ne va pas dans le sens de rencontrer la préoccupation de l’OIF. Il déclare que la CENI n’a pas la capacité légale, ni technique d’extraire les morts du fichier électoral. Selon lui, en effet, la RDC n’a pas de registres d’état-civil. Sans avoir la moindre intention de minimiser les difficultés de la CENI, la démarche de son Président étonne. Le message qu’il envoie à l’opinion est celui de dire qu’il n’est pas si indépendant qu’on ne le croit. Il passera encore du temps à attendre que d’autres décident à sa place. Son salut résiderait, à y regarder de près, dans le dialogue politique. Or, le dialogue n’est pas la seule et l’unique option. Il y en a qui insistent sur le respect de la Constitution, comme gage de la stabilité du pays. La CENI, investie par toutes les lois du pays du pouvoir organisateur des élections, n’a pas d’injonction à recevoir pour faire correctement son travail. Sauf si on a un penchant. Tout au long de l’année 2015, les animateurs de la CENI, forcés à la démission, le mois dernier, ont multiplié des préalables pour ne pas exécuter le calendrier électoral global. Bien que les candidats aux provinciales aient versé leur énorme caution financière non remboursable, la CENI a juste diffusé un communiqué de presse pour reporter sine die les élections provinciales. A l’allure où vont les choses, alors que le temps presse, à moins d’une année de la fin de la législature, rien n’indique que les élections seront tenues dans les délais. A défaut de décaisser 2 millions de dollars pour organiser l’élection des Gouverneurs intérimaires, le Gouvernement a privilégié la nomination contestée des commissaires spéciaux. C’est comme si, en 2016, un autre communiqué de presse pourrait faire l’affaire et reporter aux calendes grecques, les élections dites constitutionnellement contraignantes. Si la solution aux problèmes du Congo ne peut venir du respect absolu des lois du pays, elle viendrait du dialogue dont le triste mérite, actuellement, est de renforcer davantage les clivages sur la scène politique congolaise.
La Pros.