
En tout cas, on a de plus en plus du mal à lire la trajectoire de l’UDPS. De même qu’il n’est pas non plus aisé de dire qui commande le parti. Le dirigeant historique, aujourd’hui âgé de 83 ans, étant à bout de souffle, la bataille pour sa succession semble avoir commencé. Et malheureusement, la rivalité entre les aspirants respectifs en arrive à affecter le positionnement de la formation politique. Ainsi, la semaine dernière, c’est le secrétaire général, Bruno Mavungu qui, par rapport à la journée de ville morte de ce mardi, dénonçait une tentative de récupération de la date commémorative d’une autre manifestation qui, en 1992, avait été sévèrement réprimée par le Tout-puissant Mobutu. Sauf qu’hier même, prenant le contrepied de cette sortie, c’est Félix Tshisekedi, lui-même secrétaire national, qui a annoncé l’adhésion et invite même au passage les militants du parti à se conformer au même mot d’ordre de ville morte. Il faut avouer que c’est à ne rien comprendre.
D’autant que la figure tutélaire du parti, à savoir Etienne Tshisekedi lui-même, n’est pas particulièrement cohérent pour ce qui est de l’attitude à tenir face à Joseph Kabila. En témoigne la position qu’il affiche par rapport au dialogue politique proposé par le président congolais. En effet, à la faveur de son message de nouvel an, il avait notamment indiqué que le dialogue est « la voie royale pour obtenir par voie consensuelle un processus électoral crédible et apaisé (…) exempt de tripatouillages des résultats et des violences occasionnant des pertes inutiles en vies humaines à l’instar des élections 2011 ». De la part de celui qui passe pour va-t-en-guerre et qui s’était même déclaré vainqueur du scrutin de 2011, une telle déclaration sonne la rupture dans l’orientation du parti. On pourra toujours arguer qu’étant au crépuscule de sa vie et de sa carrière politique, il a fini par épouser une certaine sagesse. Mais cela ne saurait suffire à rendre compte du revirement spectaculaire que pourrait opérer l’UDPS. Ce qui, pour l’opposition congolaise, plus que jamais engagée dans une bataille de longue haleine contre le régime de Joseph Kabila, ne sera pas une bonne nouvelle. Mais il en va ainsi des engagements et des convictions de nos politiques.
Boubacar Sanso Barry
ledjely