Soixante-douze heures après l’«élection» des gouverneurs des nouvelles provinces, la «mouvance kabiliste» exulte. Et pour cause, elle a réussi – dans les conditions que l’on sait – à placer les
«hommes du raïs» à la tête de la quasi-totalité des exécutifs provinciaux. Selon des sources,
«Joseph Kabila» serait moralement «requinqué». L’appétit venant en mangeant, l’homme paraît décidé à aller vers d’autres "conquêtes". Des informations encore fragmentaires font état de la reprise des pourparlers, en France, entre la « majorité » et l’Union pour la démocratie et le progrès social d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Objectif : « la mise sur pied d’un gouvernement de transition». « Faux », rétorquent des cadres de cette formation politique.

A quelques huit mois de la fin de son second et dernier mandat, «Joseph Kabila» n’a pris contact avec aucune entreprise de «déménagement» pour préparer l’emballage de ses effets. Bien au contraire. Le locataire du Palais de la nation affiche l’assurance de celui qui attend une « tacite reconduction » de son « contrat de bail ». Un contrat qui expire pourtant le 19 décembre 2016. Cette situation incline les analystes à envisager l’avenir du Congo-Kinshasa sous la forme d’un grand point d’interrogation. Un avenir plein d’incertitudes.

Des observateurs ne s’expliquent pas autrement l’activisme que déploie le président sortant congolais à affecter l’argent public non seulement à l’achat des allégeances mais aussi pour renforcer la présence militaro-sécuritaire dans plusieurs provinces du pays en général et dans l’ex-Katanga en particulier. Que mijote-t-il?

Samedi 26 mars, l’élection des gouverneurs des nouvelles provinces a eu lieu. A coup d’espèces sonnantes et trébuchantes ainsi que des intimidations, la mouvance kabiliste a fait tomber dans son escarcelle 15 gouverneurs sur 19. Quatre postes ont été remportés par des « Indépendants ». « Des faux indépendants », ironisent les Kinois. Il faut dire que les prétendants « labelisés » indépendants finissent généralement par rentrer dans les rangs de la « majorité ». Une majorité dont l’emprise sur l’appareil d’Etat présente tous les reliefs d’un parti unique. Point de salut, hors de la « majorité présidentielle ».

D’aucuns ont failli s’étrangler en entendant Corneille Nangaa, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), déclarer, lors de la publication des résultats provisoires de l’élection qui nous occupe, que « cette élection s’est déroulée sans incident majeur ». Nangaa tente ainsi d’éluder les pressions exercées sur les « grands électeurs » tant par les caciques de la MP par le chef barbouze Kalev Mutondo. En réalité, la compétition qui vient de se dérouler n’a guère été à armes égales. Le vote n’a été ni libre ni équitable.

L’élection des gouverneurs pour le Nord Ubangi et le Sud Ubangi est fixée respectivement au 29 mars et au 1er avril. La publication des résultats officiels définitifs pour l’ensemble des 21 postes aura lieu 18 avril prochain aussitôt après que les Cours d’appel auront statué sur les éventuels recours en contestation des résultats provisoires.

Et maintenant !

A en croire Corneille Nangaa, après cette « expérience électorale réussie », la CENI va
«s’attaquer bientôt à la révision du fichier électoral en vue de poursuivre le processus électoral ».

Conformément à l’article 73 de la Constitution, le scrutin pour l’élection présidentielle doit être convoqué 90 jours avant l’expiration du mandat du Président en exercice soit mi-septembre prochain. Des experts sont d’avis que le fichier électoral peut être « nettoyé » en l’espace de cinq mois.

Seulement voilà, des observateurs sont unanimes à reconnaître qu’étant inéligible aux termes du premier alinéa de l’article 70 de la Loi fondamentale, « Joseph Kabila » n’a aucun intérêt à la tenue de l’élection présidentielle. Le « dialogue politique national inclusif » qu’il réclame à cor et à cri, n’a qu’un but : contourner ces consultations politiques.

Selon des informations fragmentaires, une délégation de la Présidence de la République – composée de Néhémie Mwilanya Wilondja (directeur du cabinet), She Léonard Okitundu (Sénateur PPRD) et Antoine Ghonda Mangalibi (ex-MLC, ambassadeur itinérant) – a séjourné le week-end dernier en France où elle aurait eu des pourparlers avec une délégation de l’UDPS. « C’est le secrétaire général adjoint de l’UDPS, Bruno Tshibala, et un fils Tshisekedi prénommé ‘Christian’ qui conduisaient l’équipe de l’UDPS », croit savoir une source. Une autre d’enchaîner : « Les deux équipes ont opté pour la France du fait de la présence u Facilitateur Edem Kodjo dans le pays. Elles auraient convenu, samedi 26 mars, de convoquer, dans une dizaine de jours, le fameux dialogue politique ».

Notre interlocutrice ne s’arrête pas là. Il poursuit en insistant sur le conditionnel : « Les deux parties se seraient convenues de mettre sur pied un régime de transition. La primature devrait revenir à l’UDPS ainsi que 40% des postes ministériels; la MP et le reste de l’opposition devraient se partager respectivement 50% et 10% des maroquins. Des analystes se demandent si Etienne Tshisekedi wa Mulumba était au courant de cette démarche».

Pour avoir le cœur net et surtout entendre un autre son de cloche, l’auteur de ces lignes a contacté quelques cadres de l’UDPS. Ici, les démentis sont cinglants et catégoriques. «Le secrétaire général Bruno Tshibala a quitté Kinshasa jeudi 25 mars et se trouve, depuis vendredi 26, à Bruxelles, via Franckfort. Il est en Belgique pour des raisons de santé ». L’homme qui parle s’appelle Tharcisse Loseke Nembalemba. Pour lui, «cette histoire est parfaitement fausse». Il ajoute : « L’UDPS ne peut pas entamer des négociations avec la majorité présidentielle au moment même où le président Etienne Tshisekedi attend de connaître la substance de la Résolution que le Conseil de sécurité doit prendre dans les jours à venir... ». « A l’UDPS, nous ne sommes pas au courant de cette rencontre, confie un cadre de ce parti qui a requis l’anonymat. D’ailleurs, ‘Christian’ n’a jamais été impliqué dans les activités politiques de son père ». Qui dit vrai ?

Une chose paraît sûre : après « l’élection réussie » des gouverneurs des provinces, plus rien n’arrêtera «Joseph Kabila». L’homme ne croit qu’à la ruse ainsi qu’à force brutale. Il parait conforté dans son ambition d’aller jusqu’au bout de son «rêve» pour un troisième mandat. On espère que l’UDPS et les autres partis de l’opposition ne se laisseront pas entraîner dans ce marché de dupes...

B.A.W



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