La requête en interprétation de l’article 70 déposée par les députés MP à la Cour constitutionnelle ne trompe plus sur les intentions du camp présidentiel de marcher sur le dialogue présenté comme passage obligé pour obtenir un consensus autour du processus électoral. Un signal succédant à un autre, la MP est allée jusqu’à imposer au facilitateur qui il peut consulter, quand et à quel endroit. Illustration : Edem Kojo a été interdit d’effectuer le déplacement de Lubumbashi où il devait rencontrer, notamment Moïse Katumbi Chapwe.



La Majorité présidentielle croit-elle encore au dialogue prôné par son autorité morale? On s’en doute. Raison, elle se distingue dans des schémas qui vont en l’encontre du contenu, de l’initiative que Joseph Kabila avait imprimé à ce forum national. Après avoir embouché la trompette de l’accusation à l’endroit de l’Opposition en la présentant comme blocage à la tenue effective du dialogue politique que le Conseil de sécurité de l’Onu a récemment recommandé dans sa résolution 2277, la MP vient de démontrer qu’elle était en train de rouler tout le monde dans la farine. Une attitude qui lui permettait de gagner du temps en attendant de peaufiner des stratégies relativement à son projet de glissement du processus électoral.



La duperie ne pouvait durer trop longtemps. Elle a fini par éclater au grand jour, car jouer et gagner sur plusieurs tableaux à la fois n’est pas toujours une mince affaire. Pressentant que l’évolution de la situation ne lui accordait plus beaucoup de chance de gagner haut la main au cours du dialogue, la MP a déroulé son artillerie de réserve. Dans une démarche menée discrètement au Palais du peuple, elle a arraché plus de trois cent signatures auprès des députés nationaux. Nombre suffisant qui lui a permis de déposer tambour battant une requête en interprétation de l’article 70 de la Constitution auprès de la Cour constitutionnelle.



Le caractère festif qui a accompagné le dépôt de la requête a indiqué tout de suite la’ conviction de la MP d’obtenir gain de cause auprès de la haute Cour, que l’UDPS a qualifiée dans sa feuille de route de février 2015 d’être la Cour au service du pouvoir en place.



Assurée d’avoir incessamment en poche « son arrêt », la MP a perdu son calme. Elle s’est invitée dans le travail de facilitation d’Edem Kodjo. Alors qu’il était assuré du soutien de la majorité au pouvoir d’aller vite au dialogue, quelle n’a pas été sa surprise de voir interdit d’aller à Lubumbashi, où il devait rencontrer des acteurs politiques, dont Moïse Katumbi Chapwe, candidat du G7 à la présidentielle. Et pourtant, ce déplacement au chef-lieu du Haut-Katanga s’inscrivait dans le cadre de la poursuite de ses consultations qu’il avait entamées au pays et en Europe.



Selon nos sources, le Togolais se serait plaint de l’attitude des autorités congolaises qui se permettent l’audace de limiter sa liberté de mouvement. A ses dépens, il apprend que, malgré son statut de facilitateur désigné de l’UA, il ne peut pas évoluer en électron libre. Raison pour laquelle la MP n’hésite pas à lui mettre les bâtons dans les roues.



Entre concilier des points divergents des parties congolaises conviées au dialogue, Kodjo doit aujourd’hui se battre pour s’affranchir de la forte emprise de la MP sur la mission de facilitation lui confiée par l’UA.



LA MP SABORDE LE DIALOGUE

A première vue, la Majorité présidentielle n’est pas loin de ce coup fourré. Elle en a les moyens. Néanmoins, en restreignant le champ de manœuvre de Kodjo, le pouvoir en place a étalé au grand jour toute sa maladresse. C’est à se demander si elle n’a pas franchi le Rubicon.

Cette interdiction de séjour d’Edem Kodjo à Lubumbashi donne de l’eau au moulin de ceux qui redoutent le dialogue, tels le G7 et la Dynamique de l’Opposition qui ont unanimement renouvelé leur opposition à ce forum national.



En effet, la MP a assigné au dialogue des objectifs qui n’ont apparemment aucun lien avec le désir affiché d’un processus électoral apaisé. Tous ces agissements prouvent le contraire, au point de vider le dialogue attendu de son contenu. Dans ce cas,, y a-t-il encore une bonne raison d’adhérer au projet de dialogue? A moins d’être naïf en croyant en la bonne foi de là MP.



Comme un naufragé qui a perdu tout espoir de survie, la MP tente le tout pour le tout. Jusqu’à approcher le ridicule.



Dans les faits, la MP pèche par son excès de zèle. Elle est la première à mobiliser tous les moyens de la République pour battre compagne en faveur du dialogue. Elle est tout aussi prête à se lancer dans un travail de sape de ce même dialogue en multipliant des actes de provocation, les arrestations et intimidations, les restrictions de libertés de ses adversaires politiques de même que les violations incessantes de la Constitution et des lois du pays.

Ce comportement indique que la MP veut une chose et son contraire à la fois. Ce qui compte à ses yeux est la survie de son autorité morale après 2016. Comment peut-on, dans ces conditions, rapprocher les protagonistes et faciliter la recherche du compromis politique qui libérerait le processus électoral ?



Tout compte fait, la MP devait se regarder dans la glace. En toute sincérité, elle se rendra compte qu’elle s’est engagée sur une mauvaise pente. Le succès dont elle se targue n’est que d’apparence. En réalité, la MP se bat contre elle-même. Minée par ses propres contradictions, elle a perdu toute la raison. C’est un navire sans commandant où chacun croit détenir la clef du sauvetage. Quiconque apporte une nouvelle trouvaille visant à contourner le verrou constitutionnel qui empêche le président Kabila de prétendre à un troisième mandat est le bienvenu.



Edem Kodjo devrait se ressaisir et envoyer des signaux qui rassurent. Dans le cas contraire, il se cassera les dents une nouvelle fois et essayera un autre échec qui va rajouter à son palmarès pas reluisant en matière de facilitation ou de médiation sur le continent.

Par LE POTENTIEL
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