Jason Stearns, chercheur reconnu mondialement pour ses analyses sur la situation politique et les groupes armés en République démocratique du Congo (RDC) a été contraint de quitter Kinshasa jeudi 7 avril 2016. Il a été jugé « indésirable » par les autorités

Il s’agit sans doute de l’un des spécialistes les plus importants sur le Congo contemporain. Jason Stearns, ancien expert de l’ONU et directeur du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) a été expulsé de République démocratique du Congo (RDC), jeudi 7 avril par les autorités congolaises. Le chercheur a été renvoyé par avion en Europe d’où il a regagné les Etats-unis ce week-end. Officiellement, Kinshasa reproche à Jason Stearns d’avoir « trompé les services de l’immigration » sur son lieu de résidence dans la capitale congolaise et d’être à la tête d’une organisation qui n’est pas « enregistrée dans le pays » selon l’AFP. Le chercheur a donc été jugé « indésirable » par Kinshasa.

Certains y voient également une mesure de rétorsion après les déclarations du chercheur à la suite des « Panama Papers ». Jason Stearns s’était exprimé via l’agence de presse Bloomberg sur des proches du président Jospeh Kabila, cités dans le scandale, estimant que ces révélations « donne un aperçu rare de ce que nous supposons être un éventail vaste et varié des actifs détenus par la famille du président« . Des allégations démenties par le porte-parole du gouvernement congolais.

Mais c’est sans doute le dernier rapport du Groupe d’étude sur le Congo sur les responsabilités des tueries de Beni qui vaut une expulsion en bonne et due forme du chercheur. L’enquête jetait une lumière crue sur les responsables multiples de ces massacres, imputés jusque-là aux seuls rebelles ougandais des ADF. L’équipe de Jason Stearns mettait en accusation certains membres de l »armée régulière (FARDC) ainsi que d’autres groupes armés et pointait l’impuissance coupable des autorités congolaises – voir notre article.

Dans un communiqué, le Groupe d’étude sur le Congo explique que son rapport, violemment contesté par les autorités, a été mal interprété : « Contrairement aux allégations du gouvernement, le rapport ne conclut pas que les Forces Armées de la République démocratique du Congo (FARDC), en tant qu’institution, sont responsables des massacres autour de Beni. Par contre, le rapport met en cause certains de leurs éléments, ainsi que d’anciens membres du Rassemblement Congolais pour la Démocratie–Kisangani/Mouvement de libération (RCD–K/ML) et des membres de l’Alliance of Democratic Forces (ADF). De ce fait, le rapport ne dédouane pas les ADF qui portent probablement la plus grande responsabilité dans ces massacres » précise le GEC. L’ONG explique enfin que les irrégularités d’immigration sont des « questions mineures de procédure, que nous sommes en train d’essayer de régler » et que le GEC va demander un nouveau visa pour Jason Stearns, qui reste « impatient de continuer à travailler avec les autorités congolaises et les autres membres de la société congolaise« .

Christophe RIGAUD – Afrikarabia

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