Pour les funérailles de l’artiste musicien Jules Shungu, connu sous le sobriquet Papa Wemba, le Palais du peuple – devenu temple de la démocratie du fait d’abriter l’Assemblée nationale et le Sénat – a recouvré sa vocation initiale de temple de la Culture. C’est dans ses installations que les honneurs prévus ont été rendus à celui qui entre dans l’Histoire du pays avec la qualité d’icône de la rumba congolaise…

Il faut bien l’admettre : le comité d’organisation coordonné par le gouverneur de la ville de Kinshasa André Kimbuta, sous les auspices du cabinet du Président de la République en la personne du Pr Nehemie Mwilanya a bien fait son travail pour réussir ce qui doit être reconnu comme une première dans les annales culturelles : la présence personnelle du Chef de l’Etat aux funérailles d’un artiste pour le décorer devant un parterre relevé puisque constitué d’officiels congolais et étrangers, mais aussi de membres de la famille biologique et de la famille professionnelle du défunt, auxquelles se sont ajoutés fans et citoyens lambda.
Aussitôt arrivé au Palais du peuple, le Président Joseph Kabila, s’est incliné devant la dépouille de l’artiste avant de déposer la couronne de fleurs au pied de la catafalque, de procéder à la décoration en prononçant le mot sacrémental et de témoigner de sa solidarité à l’égard de la veuve Amazone, de son vrai nom Marie Rose Luzolo, et des orphelins.
« Nous vous élevons, à titre posthume, à la dignité du Grand Officier de l’Ordre National ‘Héros Nationaux Kabila-Lumumba, pour vos mérites, vos loyaux et éminents services à la Nation », a-t-il déclaré à cet effet.
Ainsi, Papa Wemba a fait retentir et entonner par la Garde républicaine deux fois l’Hymne national « Debout Congolais » avec, en intervalle, le Chant aux Morts.

Ont succédé alors au Président de la République l’artiste musicien Nyoka Longo, au nom de la corporation artistique, la fille aînée du défunt au nom de la famille biologique, Telia Shungu, et le ministre de la Culture et Arts Baudoin Banza Makalayi pour le compte de la Nation.
Trois messages forts
Remerciant le Chef de l’Etat pour la réaction spontanée ayant consisté, alors en séjour à New York où il venait de participer à la signature de la Convention-cadre de Paris sur les changements climatiques, à exprimer sa vive émotion à l’annonce du décès de Papa Wemba survenu à Abidjan et à instruire le Gouvernement d’« organiser des funérailles dignes de l’icône de la musique congolaise qui vient de nous quitter », le ministre Banza à fait état de trois initiatives de son département à soumettre aux autorités compétentes, à savoir, pour le Gouvernement, la consécration de la journée du 24 avril comme « Journée de la Musique congolaise » et l’aménagement d’un local, au musée national en 
construction sur la place ex-Tembe na Tembe, devant abriter les effets personnels de l’artiste. La dernière initiative, à l’attention de l’Unesco, est de décréter la rumba congolaise patrimoine de l’humanité.

Telia Shungua a remercié également le Président Joseph Kabila pour les honneurs rendus à l’illustre disparu dont elle a décrit les qualités de parent à la fois attentif et exigeant. En plus, elle l’a présenté en chef de clan et en patriarche, terminant son message par un pathétique « Adieu Papa, bravo l’artiste ».
Quant à Nyoka Longo, après les mêmes remerciements « pour la prompte intervention » du Chef de l’Etat dans l’organisation des funérailles, il a relevé l’exaucement du vœu de Papa Wemba de mourir sur la scène musicale. Il a décrit les premiers pas de l’artiste dans l’orchestre Zaiko, soulignant au passage un fait inconnu du grand public : la paternité de l’appellation « Langa Langa ».
La dernière partie de la cérémonie a été le dépôt des fleurs successivement par les présidents de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, et du Sénat, Léon Ken gouvernement wa Dondo, suivi du Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, et des représentants des Cours et Tribunaux, du Corps diplomatique, des délégués en provenance de la Côte d’Ivoire, du Congo-Brazzaville, de l’Afrique du Sud (dont la star Yvonne Shaka Shaka) et du Gabon.
Se livreront au même rituel le ministre de la Culture et des Arts Baudoin Banza Mukalayi, le Chef d’état major général des Fardc Didier Etumba, le commissaire général de la Pnc Charles Bisengimana et le gouverneur de la ville André Kimbuta, avant les musiciens (dont les deux ailes de Viva la Musica), la communauté Anamongo et, honneur final oblige, la famille biologique de Nkuru Yaka, autre sobriquet de l’artiste.
La partie officielle des funérailles terminée, le Président Joseph Kabila a quitté le Palais du peuple sous les vivats des Kinois amassés sur l’esplanade, attendant le départ du cortège funèbre vers le village Molokai constitué de rues et avenues Masimanimba, Oshwe, Lokolama, Kanda-Kanda et Inzia, côté Matonge. C’est la base naturelle de Papa Wemba.
Les membres du cabinet du Chef de l’Etat y ont accompagné la dépouille mortelle.
Le programme prévoit la mise en terre le mercredi 4 mai au nécropole Ect (Entre Ciel et Terre).
Omer Nsongo die Lema
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