« Hier soir, nous avons prié la prière de la ‘Icha (ndlr, la prière du soir) avec l’imam à la mosquée centrale de Butembo, nous confie un fidèle, assidu aux assises données par l’imam Hamza Baguma. Ce matin, nous avons appris qu’il avait été escorté par les FARDC jusqu’à Beni. Il y a été emmené avec deux autres imams. »
À la barre, le dénommé Kassim, présumé-ADF particulièrement bavard depuis le début du procès, et qui avait promis hier de dévoiler les noms de ses recruteurs, a ainsi désigné l’imam Hamza Baguma ainsi que l’imam Djibril, tous deux de Butembo. Une troisième personnalité musulmane locale aurait également été arrêtée pour être entendue à Beni, où seront auditionnés les imams cités. Hier, au 3ème jour du procès des présumés ADF, le ministère public avait empêché l’un des prévenus de citer les noms d’un officier et d’une personnalité politique locale, qui contribueraient au ravitaillement des ADF.
Personnalité ultra-populaire auprès des jeunes de Butembo, l’imam Hamza Baguma a déjà été mis sous pression par les services de sécurité congolais par le passé, qui le soupçonnaient de recruter pour les rebelles ougandais, sans qu’aucun élément n’ait jamais été retenu contre lui. Et pour cause, le religieux est connu auprès des fidèles de la mosquée centrale comme un homme de paix, dont les discours tournent autour du rejet du radicalisme, du terrorisme et de la prévention contre les activités des ADF. Alors que Lambert Mende a récemment déclenché la colère des musulmans du pays pour avoir annoncé, à tort, qu’un imam de Butembo avait été arrêté pour des activités de recrutement en faveur des ADF, l’arrestation aujourd’hui de Hamza Baguma et de l’imam Djibril fait dire à l’ensemble de la communauté musulmane qu’il ne s’agit là que d’un complot, un coup-monté orchestré par le gouvernement congolais.