Filmé en train de frapper l’une de ses danseuses, le pape de la rumba congolaise a passé quatre jours derrière les barreaux à Kinshasa, avant d'être libéré sous caution samedi 30 juillet.

Koffi Olomidé : « La mort de Papa Wemba, un grand handicap pour la musique africaine »
En quatre jours top chrono, le « dieu » de la musique congolaise est tombé de son Olympe pour descendre aux enfers. Arrêté, menottes aux poignets, dans son imposante résidence kinoise le 26 juillet, Koffi Olomidé est rapidement passé devant un juge avant d’être mis en détention provisoire à Makala, la sinistre prison de Kinshasa. Finalement, Antoine Christophe Agbepa Mumba – vrai nom de ce chanteur au timbre vocal reconnaissable par les amateurs de rumba congolaise des trois dernières décennies – a pu en sortir sur décision du parquet général de Kinshasa. Les poursuites ne sont pas pour autant abandonnées, a-t-on appris de source judiciaire.

Un scandale et des fans en colère

Sans doute grisé par le succès, le natif de Kisangani (dans l’est de la RD Congo) se croyait intouchable. N’a-t-il pas dépassé maintes fois les limites en toute impunité dans son pays ? Lorsque, le 22 juillet, à l’aéroport international Jomo-Kenyatta de Nairobi, l’artiste donne un coup de pied dans l’abdomen à l’une des danseuses qui l’accompagnent dans sa tournée en Afrique de l’Est, il croit pouvoir bénéficier de la même mansuétude. Manque de chance, la scène est filmée par des admirateurs qui se pressent autour de lui comme à chacune de ses apparitions.


Largement partagée sur les réseaux sociaux, la vidéo fait hurler les féministes et embarrasse ses fans. Les commentaires énamourés virent au réquisitoire inquisitorial. « Un coup de folie », tentera-t-il piteusement, pour se dédouaner, sur un plateau de télévision sans parvenir à circonscrire l’incendie, tant ses excuses sonnent creux. Le feu de la polémique se propage et menace de carboniser l’idole. Sans attendre, les Kényans expulsent l’icône continentale vers son pays, où les autorités, sous pression, le font arrêter dès le lendemain.

Souvent poursuivi mais jamais puni


Jeter en prison une star internationale coupable d’avoir donné un coup de pied à sa danseuse paraît excessif au pays du docteur Mukwege. À première vue, les faits sont dérisoires au regard des viols subis par les nombreuses victimes que soigne ce chirurgien. D’ailleurs, la jeune femme n’a même pas porté plainte. Cette anonyme vivant dans l’ombre du pape des soirées kinoises ne sait que trop bien ce qu’il lui en coûterait.

Souvent poursuivi mais jamais puni, le roi de la rumba a échappé en 2012 à la justice française, qui l’avait mis en examen à la suite de trois plaintes pour viol. Ses inconditionnels ne lui en ont pas tenu rigueur, et la RD Congo n’a pas donné suite. La même année, il est jugé pour « coups et blessures volontaires » sur son producteur et n’écope que d’à peine trois mois de prison avec sursis. Une tape sur les doigts.
Est-il allé trop loin cette fois ?

Les Congolais ont longtemps fermé les yeux sur les excès de ce personnage fantasque à l’univers bling-bling, peuplé de femmes aux formes généreuses, scintillant sous un amoncellement de bijoux et grouillant de figurants à la peau ravagée par des cosmétiques à l’hydroquinone. Les fans ont tout pardonné au compositeur qui a signé 26 albums, dont plusieurs tubes continentaux. Tout passé à la bête de scène qui a été le premier artiste africain à se produire à Bercy, le 19 février 2000 – et à remplir les 17 000 places de la salle parisienne.

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Dissociant l’homme, détestable à maints égards, de l’artiste, Aubin Minaku, le président de l’Assemblée nationale, lui a décerné en décembre 2015 la médaille du Mérite des arts, des sciences et des lettres. Olomidé a donc été reconnu par les siens même si, bousculé par de jeunes chanteurs plus populaires, le parolier aux accents romantiques, jadis initié au chant par Papa Wemba, a viré pornographe dans ses chansons. Un comble pour l’autoproclamé « défenseur » de la cause féminine. Son dernier dérapage pourrait être celui de trop.

Georges Dougueli
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