La majorité présidentielle et une partie de l’opposition sont en passe de signer un accord politique pour reporter de deux ans l’élection présidentielle et maintenir Joseph Kabila au pouvoir pendant la période de transition .

Sauf surprise de dernière minute, le dialogue national initié par le président Joseph Kabila pour régler la crise politique en RDC pourrait trouver son épilogue ce mardi. Après six longues semaines de débats, de claquages de portes et de suspensions de séances, un accord semble se dessiner entre la majorité présidentielle et l’opposition favorable au dialogue. Ce week-end, un consensus a été trouvé autour de plusieurs points : la refonte totale du fichier électoral, entraînant le report des élections, prévues en novembre 2016, pour fin avril 2018 ; le maintien en fonction l’actuel chef de l’Etat jusqu’à l’installation du nouveau président élu et la nomination pendant la période de transition d’un Premier ministre issu de l’opposition, sans doute l’ancien président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe.

Une transition sous surveillance internationale

La principale mission de ce nouveau gouvernement d’union nationale consistera à organiser les futurs élections dont les scrutins doivent être couplés. La présidentielle se tiendra le même jour que les législatives, les provinciales et les locales, si les capacités techniques et financières permettent d’organiser ce dernier scrutin. Enfin, une commission internationale de surveillance de la transition doit être mise en place. Une commission assistée par l’ONU, l’Union européenne (UE), l’Union africaine (UA), les Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de développement d’Afrique centrale (SADC).

Une CENI encore aux ordres ?

Si l’accord est signé dans ces termes, tous les problèmes politiques sont-ils pour autant réglés en RDC ? Certainement pas. On s’achemine vers une transition « longue durée » (2 ans) et le flou est toujours entretenu sur la date précise des prochaines élections. Si le scrutin pourrait se tenir fin avril 2018, selon le dialogue, c’est la Commission électorale (CENI) qui a encore la haute main sur le calendrier électoral. Souvent accusée de faire le jeu du camp présidentiel, la Commission pourrait encore retarder la tenue des élections, avançant des motifs d’ordre techniques ou financiers. En 2015, la CENI avait publié un calendrier électoral prévoyant l’organisation de sept scrutins jusqu’à la présidentielle de novembre 2016… sans en organiser aucun, présidentielle comprise. La confiance dans la loyauté de la CENI est donc sérieusement égratignée. L’opposition congolaise l’accuse d’être encore aux ordres de Joseph Kabila.

Pas un mot sur le sort de Joseph Kabila après la transition

Autre zone d’ombre de l’accord politique entre la majorité et l’opposition pro dialogue : le sort de Joseph Kabila après la fin de la transition. Selon la Constitution, le président congolais n’est pas en mesure de briguer de nouveau mandat. Mais au vue des multiples stratagèmes utilisés par le camp résidentiel pour retarder le processus électoral, on peut se poser de réelles questions sur la volonté de Joseph Kabila de quitter ou non le pouvoir après son dernier mandat. L’idée d’un référendum afin de modifier la Constitution refait opportunément surface ces derniers jours. L’accord politique ne dit rien sur l’impossibilité faite à Kabila de se représenter à la prochaine présidentielle. Pour bon nombre d’opposants, Joseph Kabila devrait s’engager clairement à renoncer au pouvoir après la période transitoire.

Opération ville morte le 19 octobre

Pour la grande majorité de l’opposition, regroupée au sein du Rassemblement d’Etienne Tshisekedi, qui boycotte le dialogue, l’accord politique qui devrait être signé en début de semaine ne fait que deux vainqueurs : Joseph Kabila, qui s’offre au moins deux ans de prolongation de mandat et Vital Kamerhe qui devrait obtenir la Primature (sauf retournement de situation). Le Rassemblement appelle ce mercredi 19 octobre les Congolais à observer une journée ville morte pour protester contre la non tenue des élections dans les délais. Du côté du dialogue, une réunion plénière devrait se tenir ce lundi 17 octobre à 15h pour exposer les différents points de l’accord politique aux 300 délégués et la clôture du forum devrait être programmée le lendemain, mardi 18 octobre à 12h. Autant dire que ce début de semaine à Kinshasa s’annonce particulièrement tendu… et sans doute riche en rebondissements.

Christophe RIGAUD – Afrikarabia
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