Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD, le député Delly Sesanga, président de Envol et cadre du Rassemblement, a estimé que le président de la république n’a pas suffisamment appuyé la médiation menée par la CENCO. Il répondait aux questions de Stany Bujakera.

Quelle analyse faites-vous du discours de chef de l’Etat devant le congrès ?

Ecoutez, j’ai déploré d’abord le ton de ce discours qui aurait dû être apaisant vu que Joseph Kabila est à la fin de son mandat. Mais ce discours n’a pas été apaisant. Concernant le bilan, le discours sur le fond contient un certain nombre d’éléments controversés. Voilà le pays qui devait devenir un Etat mais qui ne l’est toujours pas devenu. Parce que nous n’avons pas approfondi les réformes en vue de renforcer l’Etat de droit, de consolider la démocratie, d’affermir l’administration publique autour de ce qui en est la colonne vertébrale aujourd’hui à savoir la décentralisation. Sur ces grands chantiers de la réforme de l’Etat, si je peux le résumer ainsi, il faut y ajouter aussi la justice, le gouvernement a subi un échec cuisant. Bien qu’après l’accord de Sun-city, aujourd’hui nous avons une prise de la continuité du cycle électoral. Et sur  le plan économique et social, on peut noter cette dichotomie entre une croissance qui a été à des niveaux élevés, qui a été porté essentiellement par la demande extérieure et l’absence des réformes et de leur application en interne en vue de tirer tous les profits qu’on aurait dû tirer de la croissance et surtout lorsque nous étions en période de grande prospérité économique, de mener cette croissance à des niveaux de deux chiffres. Aujourd’hui le Premier ministre dont on parle a démissionné, et il a laissé le pays comme un rat qui quitte un bateau en train de couler. Cette situation elle est très difficile. Alors sur le plan politique, j’ai noté une avancée. C’est pour la première fois que Joseph Kabila lui-même comme Président de la République se prononce sur son sort. Donc de ce point de vue il y’a une avancée. Mais on peut regretter qu’en même temps, la médiation qui est conduite par la CENCO n’a pas été suffisamment appuyée par le Président de la République en vue de parvenir à une issue négociable sur la crise actuelle, et surtout de pouvoir élaborer un compromis politique global et inclusif tel qu’attendu dans le cadre de la résolution 2277 et tel qu’attendu par notre peuple. Et nous comme Rassemblement, comme Alternance pour la République, nous sommes profondément impliqués dans le cadre de cette médiation et nous pensons que c’est la voie royale pour parvenir à une solution à la crise que traverse notre pays.

Vu que le Rassemblement a refusé d’adhérer à l’accord issu du Dialogue, peut-on s’attendre à une confrontation entre lui et la MP ?

Je pense que le Président de la République a dit plusieurs choses. Je voudrais ici, en tant que patriote, m’accrocher à ce que j’estime être encore une voie possible à prospecter pour avoir la paix, la stabilité du pays et  la sécurité dans la région des grands lacs, la région de l’Afrique centrale et je crois que c’est ça qui nous préoccupe. Le président de la République a dit que cet accord est perfectible et donc il est sujet à discussion. Il a dit que la discussion reste ouverte tout en fermant la voie de la médiation. C’est là qu’il y a une contradiction. Je crois que le Président doit revenir à de bons sentiments. Il devrait considérer qu’on n’a pas encore suffisamment payé pour le prix de la paix.  Qu’on n’a pas suffisamment fait pour sonder les voies possibles d’une solution à la fois d’un compromis global et inclusif et qui répondent aux attentes de nos concitoyens. Ce devoir-là s’impose à tous. En premier au Président de la République, à l’ensemble de la classe politique et je pense avec la volonté, il est possible d’y parvenir.

Où en êtes-vous dans les négociations avec la CENCO ?

Au niveau du Rassemblement on devrait rencontrer la CENCO aujourd’hui. Mais autour de la CENCO nous devrions rencontrer les représentants de ceux qui ont signé à la cité de l’UA. On devrait se voir. Avant même que cette réunion n’ait eu lieu, j’ai comme l’impression que le Président a voulu trancher. Mais trancher trop tôt c’est toujours à tort. Le président de la République doit s’en remettre à la médiation. Il doit avoir la patience pour que l’on puisse trouver une issue pacifique à la crise parce que les voies et moyens existent pour pouvoir y parvenir. Et nous avons tous le devoir d’y concourir. Y compris le président de la République.

Donc la réunion n’a pas eu lieu ?

La réunion n’a pas eu lieu parce que la Majorité ne s’est pas présentée. Le discours sur l’état de la nation devant être présenté aujourd’hui, il nous semblait tout à fait normal que cette réunion soit remise à plus tard. Mais pas que la médiation en elle-même soit remise en cause. Je crois que c’est là qu’il faut travailler à mon avis pour que cette médiation puisse fonctionner afin de trouver une issue sensée à la crise.  

Interview à suivre intégralement ici


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