* En choisissant la date du 16 février 2017 pour révéler à l’opinion son Plan B, la Cenco sort du mandat
reçu du Chef de l’Etat…
* Et en y impliquant le Calcc, elle crée le précédent fâcheux : l’érection du catholicisme comme système de gouvernement, avec pour conséquence dramatique l’apparition de la "guerre des religions" en RDC.



Annoncé par les Evêques de la Cenco en charge des négociations politiques en cours au centre interdiocésain, le Plan B a rien d’un mirage. Il existe. La confirmation est venue de Crispin Nlanda, président du Conseil de l’apostolat des laïcs catholiques du Congo (Calcc), en réaction à un article paru sur le Net le 30 janvier 2017 sous le titre "Voici le plan B de la CENCO qui fâche". C. Nlanda écrit : "Le Plan B de la CENCO intrigue tous ceux qui cherchent à pérenniser en RDC un régime de mensonge et de corruption.



 Il suscite un espoir et enthousiasme auprès du peuple meurtri et révolté. Ce plan B existe bel et bien. Nous y travaillons. Nous le déroulerons à partir du 16 février 2017. Prenez donc patience. Dans deux semaines, vous aurez les bonnes informations. Merci". 



L’auteur de l’article aurait cherché à lever le lièvre qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Au moins, maintenant, l’opinion sait que ce plan est l’œuvre commune "Cenco-Calcc ". Pour information, le Calcc comprend les Laïcs catholiques congolais constituant la majorité numérique des acteurs politiques, économiques et sociaux de la République en pole position dans la gouvernance institutionnelle et non institutionnelle du pays depuis quasiment l’Indépendance…



En attendant de savoir si Crispin Nlanda a obtenu ou non l’accord des Evêques pour lever un coin de voile sur ce Plan ayant fait penser à certains qu’il s’agissait d’une mise de la RDC sous tutelle des Nations Unies, on peut déjà avancer que le choix de la date du 16 février est politiquement motivé.



Cette date est entrée dans l’Histoire du processus démocratique comme étant celle de la répression sanglante de la Marche des Chrétiens organisée en 1992 en revendication de la réouverture de la Conférence nationale souveraine (Cns). 



Pour rappel, les travaux de ce forum avaient été suspendus par le Gouvernement Nguz, issu des Accords du Palais de Marbre II en prévision desquels le sénégalais Abdoulaye Wade avait déploré le manque de culture politique dans le chef de nos acteurs politiques. Les Zaïrois tués, blessés et pillés lors de cette manifestation avaient été victimes d’un conflit interne surgi au sein de la Cenco et des Laïcs !



En effet, certains abbés et laïcs pro-Udps avaient refusé d’écouter la voix de la raison du cardinal Frédéric Etsou, rentré d’Iyonda satisfait du résultat de son entretien avec le maréchal Mobutu puisque ce dernier s’était engagé à rouvrir la Cns. L’importance de revenir sur cette page d’histoire tient du fait que l’Udps devait célébrer le 10ème anniversaire de sa création le samedi 15 février 1992.



 Ce parti avait besoin d’une action d’éclat. La date du 16 février faisait l’affaire : c’était un dimanche, jour de grande mobilisation des Chrétiens au travers des messes dominicales pour toutes les communautés chrétiennes.



A l’occasion du 25ème anniversaire qui tombe le 16 février 2017, la Cenco et les Laïcs catholiques ont visiblement besoin d’une autre action d’éclat. D’où l’annonce du Plan B.



NI PONCE PILATE, NI SALOMON
A elle seule, la manière cavalière dont les Evêques en ont fait état traduit une pression, mieux un chantage intentionnellement exercé sur la classe politique.



Pour le circonscrire, il faut aller au-delà de l’annonce. Un Plan B, qui ne se justifierait que par la consommation de l’échec du Plan A (non proclamé) que seraient les négociations en cours, n’a rien de Ponce Pilate, ni de Salomon.



L’opinion avertie sait que dans cette perspective, il y aurait un gagnant et un perdant. Le gagnant serait celui qui n’a rien à donner. Le perdant celui qui se fait dépouiller de ce qu’il détient.
Dans cette logique, l’arbitre que devient la Cenco a tout à gagner de l’échec du Plan A pour imposer le Plan B.
 Le sien !



Seulement voilà : ce n’est pas parce que le peuple est meurtri et révolté qu’il devient amnésique. Ce peuple sait que depuis l’Indépendance, son leadership est animé par des personnalités publiques - essentiellement politiques - qui envahissent le dimanche les bancs des paroisses, toutes confessions chrétiennes confondues.



 A chaque prêche, il entend et voit ses prêtres, pasteurs, bergers etc. brandir l’épée de la justice pendant qu’ils savent que telle ouaille insulte, tue, vole, viole, se prostitue etc. Le peuple voit, à la levée des offrandes, des dîmes, des aumônes et autres libéralités, le produit de la méchanceté remplir la maison de son Dieu ! Il se découvre le dindon de la farce.



QUE DIEU NOUS PRESERVE DES GUERRES DU GENRE
Le constat fait depuis l’accession du pays à l’Indépendance est qu’aux premiers signaux du changement politique, ses prêtres, pasteurs, bergers etc. ne s’embarrassent pas de scrupules en livrant à la vindicte populaire les ouailles à ce moment-là aux affaires (Pouvoir). 



Question de faire croire au peuple qu’ils sont en tous lieux et en toutes circonstances avec lui. Ils s’activent alors pour lui offrir l’alternance politique avec l’avènement des ouailles jusque-là non aux affaires (Opposition). Et, la roue de l’Histoire tournant, ils planifient la prochaine alternance, peu importe qu’elle soit le fait des urnes, des armes ou de la rue. 



La fin, dit-on, justifie les moyens. Ils ont le mot juste pour confirmer la mission divine leur dévolue : accompagner le peuple qui souffre.
Quand alors la Cenco profite de cette mission pour concocter avec le Calcc le Plan B qui n’est rien d’autre qu’une troisième voie, pourquoi s’emploierait-elle à favoriser la réussite du Plan A qui n’est pas le sien ?
Et quand le Plan B est décrit dans les termes utilisés par l’Opposition radicale à l’égard de la Majorité présidentielle, comment ne pas admettre qu’il y a là une intention délibérée de se s’afficher pro-Rassemblement ?



Et quand le même Plan B ne peut viser que la gouvernance institutionnelle (but du Plan A), comment ne pas admettre que la Cenco et le Calcc entendent éliminer de cette gouvernance les acteurs politiques, économiques et sociaux de la Majorité présidentielle, ou encore les inciter à isoler la famille politique et son Autorité morale ?



La première évidence à admettre que les Laïcs de la Mp et d’autres forces politiques pro-Dialogue de la Cité de l’Union africaine peuvent ne pas aimer l’emprise catholique en cours sur la scène politique. La deuxième évidence à réaliser que le silence assourdissant observé dans le chef des confessions religieuses interdites de participation au centre interdiocésain inquiète les analystes avertis. Au demeurant, le fait d’assister à l’exclusion de leurs propres Laïcs de la nouvelle gouvernance annoncée pour le 16 février 2017 n’est pas pour encourager ni consolider la cohésion nationale.




C’est donc la RDCongo qui risque d’entrer dans une ère de "religionalisation" de la gestion politique, ce qui est contraire à l’esprit et à la lettre de la Constitution dans l’alinéa 1 de son article 1 ainsi libellé : "La République Démocratique du Congo est, dans ses frontières du 30 juin 1960, un Etat de droit, indépendant, souverain, uni et indivisible, social, démocratique et laïc".
Vouloir amener le pays à la "catholisation" par le simple fait de profiter du mandat donné à la Cenco (et non au Calcc) n’a aucune différence avec l’islamisation tant redoutée.




On imagine bien ce qui arriverait si les autres confessions religieuses venaient à se déclarer non concernées par le Plan B de gouvernance institutionnelle concoctée sans elles, donc contre elles ! Le pays, qui a déjà fait les frais des guerres d’agression et de rébellion entrerait de plain-pied dans la pire des guerres qui puisse exister sur le plancher des vaches : celle des religions !
Croisons les doigts pour que Dieu nous préserve des guerres du genre.



L’Histoire rappelle qu’elles avaient ravagé le royaume de France au XVI° siècle entre Catholiques et Protestants (Huguenots). Plus près de nous, elle fait rage au Soudan du Sud, séparé du Soudan musulman par la volonté de Washington. Pays voisin de la RDC, le Soudan du Sud est en proie à un conflit terrifiant entre leaders chrétiens.On imagine bien ce qui adviendrait au Congo-Kinshasa au moment où tous les ingrédients de l’explosion ou de l’implosion sont (comme) réunis.
De grâce, réfléchissons-y avec tout le sérieux exigé par la délicatesse des enjeux…

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