Décidé de régler ses comptes au gouvernement d’union nationale où sa propre Majorité ne l’a pas reconduit, le député de Masimanimba s’illustre par des contrevérités… au point de faire preuve de déloyauté
Dans son édition n°1392, le Soft International consacre sa Une à la tournée de Mgr Marcel Utembi, président de la CENCO, dans certains pays d’Occident consécutivement à son passage au Conseil de sécurité. Sous le titre «Arrêtons le déclin», Tryphon Kin-Kiey Mulumba s’attaque, avec raison, à ce qu’il qualifie lui-même de mensonges du prélat, notamment lorsque ce dernier traite toutes les institutions nationales d’illégitimes, ou lorsqu’il affirme que la République Démocratique du Congo n’a jamais connu de situation où un président arrivé fin mandat continue d’assumer la fonction suprême en attendant l’élection de son successeur.

Curieusement, le même Kin-kiey prend parti pour la deuxième partie des accusations du même évêque. Lesquelles? Verbatim: «Ainsi en est-il de «l’interruption de la scolarisation»; de la famine qui mine la population; des bandes armées en Ituri, au Nord-Kivu à Beni et Lubero, dans le Tanganyika; de Bundu dia Kongo dans le Kongo Central ou dans la Capitale Kinshasa; d’attaques d’églises, de presbytères et de couvents de religieuses; du rapt d’experts onusiens; des fosses communes au Kasaï; du risque de report des scrutins; de l’éventuel référendum; de la révision constitutionnelle; de la situation économique «de plus en plus préoccupante et inquiétante»: des entreprises «qui tournent au ralenti»; de la monnaie «qui perd de jour en jour de sa valeur»; du pouvoir d’achat «insignifiant»; etc.».

Mentir de sang froid

Et pourquoi? Simplement parce que, selon l’éditeur du Soft International, le seul responsable de cette situation est connu: le Premier ministre Samy Badibanga. Il le dit clairement: «Il faut nous mettre d’accord. Si ce tableau brossé par Utembi correspond malheureusement à la situation que vit le pays, la CENCO fait fi en revanche du système politique congolais qui érige le Gouvernement en institution qui «conduit la politique de la nation (art 91) et que ce Gouvernement est «dirigé par le Premier ministre, chef du gouvernement (art. 90). La CENCO oublie que depuis le 19 décembre 2016, ce Gouvernement est dirigé par un opposant, Samy Badibanga Ntita, Député UDPS qui en présida depuis le début de la législature le groupe parlementaire d’opposition à l’Assemblée nationale et, qu’en l’espèce, le Chef de l’Etat, n’aurait pu trouver mieux…».

Et, le venin étant dans la queue, la conclusion coule de source: «Autre affaire est de savoir si ce Premier ministre nommé conformément à l’accord du 18 octobre est à la hauteur des enjeux».
Difficile de trouver meilleure illustration de l’expression «mentir de sang froid», tant la mauvaise foi est manifeste à mille lieux. Ça fait scandale.

En effet, toutes les situations ainsi décrites, toutes alors mais sans la moindre exception, de la paupérisation de la population, cause des interruptions de scolarité, à l’inflation rampante, en passant par les groupes armés de l’Ituri, les massacres récurrents des populations civiles de Beni attribués aux rebelles ougandais des ADF-NALU, les affrontements meurtriers entre Pygmées et Bantous au Tanganyika avec leurs centaines des milliers de déplacés, le conflit kasaïen avec l’assassinat du chef Kamuina Nsapu et l’émergence de la milice se réclamant de son nom, tout cela c’est bien l’héritage du gouvernement Matata, c’est-à-dire du gouvernement dont Kin-Kiey a lui-même était ministre, pendant 4 ans et 7 mois, autant que le surdoué en chef. Cinq ans durant, ce gouvernement n’a réussi à trouver la moindre solution à ces questions. Cet héritage ne saurait être imputé à un gouvernement jeune d’à peine trois mois, c’est un non sens. Encore faut-il le rappeler: le gouvernement Badibanga a mis fin au conflit entre Pygmées et Bantous dans la nouvelle province de Tanganyika.

Mauvaise foi

Déjà, dans une édition précédente, le même Kin-Kiey écrivait: «Tous les signaux sont au rouge: il ne faut pas être économiste pour le dire. La monnaie nationale -le franc- régresse face au dollar comme jamais. Au 30 décembre 2016 -les seules indications officielles disponibles aujourd’hui au niveau de la Banque Centrale du Congo- l’exécution du budget en devises s’est soldée par un déficit mensuel de USD 36,17 millions résultant des recettes de 35,42 millions et des dépenses de 71,59 millions.

Programmées à 282,4 milliards de CDF, les recettes ont été mobilisées à hauteur de 242,9 milliards de CDF, dégageant un taux de réalisation de 86,0 %. Rapprochées au niveau de décembre 2015, ces recettes ont enregistré une régression de 21,2 %, d’une année à l’autre. Les recettes collectées par la DGDA et la DGRAD ont chuté de 38,1% et de 39,9% respectivement alors que celles mobilisées par la DGI ont connu une contraction de 1,5 %. Les réserves de change sont passées d’un niveau de USD 881,61 millions à USD 845,44 millions. Soit 3,72 semaines d’importation des biens et services».

La mauvaise foi, encore. Ici plus qu’ailleurs, Kin-kiey Mulumba ne peut être accusé d’ignorance coupable. Mais, encore une fois, de mensonges de sang froid. En effet, tous les chiffres qu’il égrène -de fin décembre 2016- sont bel et bien le bilan du gouvernement Matata, le gouvernement Badibanga n’ayant été investi que le 22 décembre. Il refuse ainsi de relever que, ayant hérité d’un déficit calamiteux de 515 milliards de l’ère Matata accrochée à la planche à billets, le gouvernement Badibanga, suite à une rigoureuse discipline, a réussi à équilibrer le compte général du trésor dès fin-janvier 2017, et réalisé des excédents de l’ordre de près de 6 milliards de francs en janvier et de 3,6 milliards de francs en février.

Fibre optique introuvable

Kin-Kiey Mulumba «oublie» également de signaler que contrairement aux derniers mois du gouvernement auquel il a appartenu, les régies financières ont toutes dépassé les assignations dès janvier, c’est-à-dire après seulement un mois d’exercice: 99 milliards de francs de réalisation sur les 85 milliards attendus pour la DGDA, soit un taux de réalisation de 117%; 133 milliards réalisés contre 110 milliards attendus pour la DGI, soit un taux d’exécution de 114%; et 41 milliards de recettes contre 36 milliards projetés pour la DGRAD, soit un taux d’exécution de 117%. Au total, sur les recettes de l’Etat projetées à 248 milliards, les régies financières ont effectivement encaissé plus de 292 milliards, soit un taux d’exécution de 118%. Lorsqu’il écrit son article en février, ces chiffres sont tous disponibles, mais Kin-Kiey les a simplement zappés.

Qu’est-ce qui peut justifier une telle hargne contre un gouvernement d’union nationale dont les premiers pas sont pourtant prometteurs? Le fait de n’avoir pas été reconduit comme ministre? Le fait de n’avoir pas été promu Vice-Premier ministre aux Transports comme il rêvait de l’obtenir d’un Premier ministre issu de l’Opposition alors que lui, député MP, le seul de son parti, le PA, et président de Kabila Désir, fait partie du Bureau politique de la Majorité présidentielle, où le PPRD, l’AFDC et le PALU comptent comme principales forces? Voulait-il être présenté sur la liste de l’Opposition au point de sacrifier la loyauté à Kabila tant vantée et exigée des autres, notamment du G7? Nul ne sait.

Toujours est-il que l’opinion retiendra du dernier «Commissaire d’Etat» à l’Information de Mobutu d’avoir été le ministre d’une fibre optique qui a coûté plus que toutes ses semblables à travers le continent, mais qui est désespérément introuvable nulle part. Une fibre optique dont les fuites réseaux dépassent les 75% et qui contient tout sauf de l’Internet, là où des petits pays comme le Rwanda nagent dans le haut débit.
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