Le mercredi 7 juin 2016, le chef de la Monusco, Maman Sidikou, a organisé en son cabinet de travail une réunion restreinte entre la MP et le Rassemblement. Pas grand-chose au terme de cette rencontre. La tripartite a accouché d’une souris. Ce fiasco indiquera, si besoin en était encore, de quel côté se trouve le vrai coupable de la crise politique congolaise.

Face à l’arrogance de la Majorité au pouvoir qui croit avoir apaisé les tensions avec la nomination de Bruno Tshibala au poste de Premier ministre, la Monusco oppose la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre 2016, conformément à la résolution 2348 du Conseil de sécurité, pour une paix durable en RDC. Quid ?

La Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo continue toujours à croire à la mise en œuvre de l’accord politique de la Saint signé sous l’égide de la Cenco (Commission épiscopale nationale du Congo). Maman Sidikou, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RDC, multiplie des contacts pour tenter de rapprocher les deux principaux protagonistes, à savoir la Majorité présidentielle et le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement.

C’est dans ce cadre qu’il faut placer la rencontre mercredi au siège de la Monusco entre des délégués de la MP et ceux du Rassemblement. Du côté de la MP, on a noté la présence d’Aubin Minaku, secrétaire général de la MP, entouré de Lambert Mende, Adolphe Lumana et Emmanuel Ramazani Shadary, tous membres du bureau politique de la MP. Le Rassemblement se fait représenter par Pierre Lumbi, président de son Conseil des sages qu’accompagnaient Christophe Lutundula, Délly Sesanga et Jean-Marc Kabund.

Comme au Centre interdiocésain où la MP est restée de marbre jusqu’à hypothéquer les discussions autour de l’arrangement particulier à l’accord du 31 décembre 2016, les délégués ont affiché la même attitude à la réunion tripartite du mercredi 7 juin. La rencontre, notent des sources dignes de foi, n’aura été qu’un langage des sourds. D’un côté, la MP ne s’est pas montrée disposée à faire bouger ses lignes ; de l’autre, le Rassemblement s’est accroché à la mise en œuvre dans faille de l’accord du 31 décembre 2016.

Autant dire que la réunion, censée jeter les bases pour une sortie de crise politique, de l’avis de la Monusco, s’est finalement terminée en queue de poisson. Selon des témoignages recueillis auprès des sources internes de la Monusco, la MP a réfuté toute option de revenir sur l’accord du 31 décembre 2016 qu’elle considère comme déjà en train d’être mis en application avec la nomination de Bruno Tshibala au poste de Premier ministre. Ce qui n’a pas été de l’avis du Rassemblement qui considère que cet accord a connu un coup d’arrêt par le fait d’une mauvaise foi avérée de la MP. Ces divergences inconciliables ont finalement plombé la rencontre d’harmonisation voulue par le chef de la mission onusienne en RDC.

Arrogance et triomphalisme à la Kabilie

Tout compte fait, la MP ne s’est pas écartée de la logique qu’elle s’est imposée depuis les discussions directes du Centre interdiocésain. La famille politique Kabiliste s’illustre par une arrogance qui l’empêche de voir la réalité en face. Et cette réalité, c’est celle qui rend compte de l’enlisement de la crise politique par le fait d’une majorité au pouvoir qui rejette toute concession qui réduirait les marges de manœuvres de Kabila.

Mercredi en présence de Kabila, la MP a soutenu mordicus que l’accord du 31 décembre est déjà en œuvre. Selon elle, il ne reste plus que la désignation des membres du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA) et de son président pour boucler cet accord. Ce qui est une fois de plus loin de la réalité. Pire, la MP considère que le Rassemblement incarné par le tandem Félix Tshisekedi et Pierre Lumbi ne représente qu’une frange de l’Opposition parmi tant d’autres. Pince sans rire, elle qualifie celle-ci « d’Opposition katumbiste ». Une indexation qui a fait sortir de leurs gonds les délégués du Rassemblement présents à la cette rencontre.

Au bout du compte, la rencontre initiée par Maman Sidikou n’aura été qu’un fiasco sur toute la ligne. Pas la peine de nommer le coupable. Il est connu du grand public. Obnubilé par un semblant de triomphalisme après avoir réussi à débaucher certains cadres du Rassemblement, la MP croit avoir résolu le problème. Une grave erreur ! Car, dans les faits, la crise est bien là. Elle empire au jour le jour.

En acceptant de répondre à l’invitation de Maman Sidikou, les délégués du Rassemblement ont dit avoir prouvé une fois de plus leur disponibilité à participer à toute initiative tendant à la décrispation politique actuelle. Mais, en face d’eux, disent-ils, il y a la MP qui multiplie des peaux de bananes, bloquant toute issue dans la recherche d’une solution consensuelle.

« Puisque tout se passe bien, la MP peut donc continuer sur sa voie », a rapporté à la presse sur un ton ironique un délégué du Rassemblement, présent à cette rencontre.

Appel à la vigilance

Jeudi dans la soirée, le Rassemblement a, par un communiqué signé par le président de son Conseil des sages, réaffirmé « sa disponibilité » à dialoguer, invitant par la même occasion « le peuple congolais à demeurer vigilant » pour, sans nul doute, reconquérir la démocratie que tente de lui confisquer la MP et ses acolytes.

Après cet affront infligé au représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RDC, les regards sont maintenant tournés vers le Conseil de sécurité. De l’attitude des Nations unies dépendra l’avenir de la résolution 2348 qui reste, à ce jour, le seul cadre défini par les Nations unies pour sortir la RDC de l’impasse politique.

LP/NPB/LC
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