A l’heure où la radio Top Congo, un des médias les plus respectables et respectés du pays, est dessein de critiques abruptes, pour avoir, semble-t-il, diffusé des sondages à répétition dans le but de « préparer les esprits » pour un référendum censé prolonger le séjour du président Joseph Kabila au Palais de la nation; il sied finalement de puiser, loin de cette vilénie, pour analyser sérieusement cette question vitale.

Premièrement, il s’agit d’un faux débat: le Président a déjà prolongé son mandat, censé prendre fin le 20 décembre dernier, sans avoir recours au référendum! Et, à ce stade, aucune force politique, sociale ou même militante n’a réussi à s’opposer à lui. De plus, Joseph Kabila a clairement fait savoir qu’il ne pourra pas convoquer un référendum. Même son de cloche du côté de la Majorité Présidentielle. Deuxièmement, pour les athées, certes la Constitution garantie au président le droit de convoquer une consultation populaire, pour des questions vitales de la nation. L’article 218 de la Constitution donne ce droit au Président de la République; au Gouvernement après délibération en Conseil des ministres; à chacune des Chambres du Parlement à l’initiative de la moitié de ses membres; et à une fraction du peuple congolais, en l’occurrence 100.000 personnes, s’exprimant par une pétition adressée à l’une des deux Chambres d’amender la Constitution. De plus, explique cet article de la Constitution, « le projet, la proposition ou la pétition n’est pas soumis au référendum lorsque l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès l’approuvent à la majorité des trois cinquième des membres les composant. » Toutefois, il y a des questions qui ne peuvent pâtir de modification. Notamment le fameux article 220, bornant le nombre de mandats du Président de la République. A ce juste titre, tout référendum que le président Joseph Kabila est présentement en droit de convoquer ne peut donc tourner sur cette question. Un peu plus loin, il faudra tout aussi noté que le Présent n’est plus légitimement « voté » depuis le 20 décembre 2016. Joseph Kabila a été maintenu au pouvoir par deux dispositions dont l’une est constitutionnelle: l’article 70 de la Constitution dont l’interprétation a été clarifiée dans un arrêt désormais célèbre; ainsi que l’autre, découlant de l’accord du 31 décembre. Les deux dispositions ne permettent non plus au Président de convoquer des consultations sur son maintien au Pouvoir. Même les cas de jurisprudence, évoqués souvent pour des questions de survie ou de continuité de la nation, tiennent compte de la logique, de la situation et de l’histoire. Le président américain Franklin Delano Roosevelt a, à ce titre, été autorisé à effectuer un troisième mandat à la tête de son pays, alors que les Etats-Unis étaient en pleine deuxième mondiale. Ce qui n’est pas le cas de la République démocratique du Congo, sauf si les Kamwina Nsapu et les Makassa réussissaient à envahir l’Arabie Saoudite. L’histoire récente, ainsi que l’origine actuelle de la querelle institutionnelle et politique à la tête du pays veulent que le président Joseph Kabila soit partie prenante de la crise. Pour des raisons légitimes ou contestées, le Président n’a pas pu ou su organiser les élections pour sa succession. De ce fait, il ne peut en aucun cas bénéficier d’une jurisprudence qui lui permettrait de se maintenir au pouvoir. De ce qui précède, tout référendum est bienvenue au pays. A condition qu’il aboutisse sur un autre président que Joseph Kabila et permette la sortie de crise qui gangrène le pays. Chutons. Top Congo a le droit de poser de questions sur des sujets qui semblent importants aux yeux de la rédaction de ce média qui n’a plus rien à prouver. La colère populaire, justifiée certes, doit toutefois être dirigée vers les protagonistes de la crise; dont les uns prennent délibérément en otage le pouvoir et les autres échouent lamentablement à leur barrer la route. De plus, l’activisme de la République démocratique de Twitter n’a jamais rien apporté à ce pays. Le temps de bloquer Top Congo, le Président peut tout aussi convoquer un référendum « na nko! »* et personne ne saurait lui barrer la route, en s’appuyant seulement sur des publications sur les réseaux sociaux. Comme je l’ai dit dans mon édito d’hier: « Reportons les élections« , il va falloir arrêter la comédie à un moment et nous mettre réellement au travail. Litsani Choukran Le Fondé. * Délibérément, d’une expression en Lingala.
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