Depuis plusieurs mois, les habitants de Goma ne voient plus l’eau couler de leurs robinets. Cette situation touche le centre urbain comme les quartiers périphériques. Pendant ce temps, de nombreux habitants utilisent l’eau sale non chlorée du lac. Un vrai drame humanitaire qui fait le lit de la propagation de l’épidémie de choléra. La Régideso, l’entreprise nationale de distribution d’eau, compte sur une subvention spéciale du gouvernement provincial ou national pour acheter du gasoil en vue de tourner ses machines, en l’absence de l’électricité.

Le bureau de la Régideso à Goma tire la sonnette d’alarme. Elle se dit incapable de fournir de l’eau en permanence aux habitants, faute de courant électrique pour tourner ses grosses machines de pompage. Même au centre-ville, on enregistre parfois trois semaines sans eau dans les maisons.
Dépendant du courant de la rivière Ruzizi de Bukavu (Sud-Kivu), la population de la ville de Goma est aujourd’hui aux abois. La centrale de Ruzizi n’envoie, en fait, à Goma que 2 mégawatts pour alimenter une ville de plus d’un million d’habitants et desservir les industries. Le délestage est quotidien. Si certains habitants se débrouillent avec des groupes électrogènes, des panneaux solaires et du pétrole pour éclairer leurs maisons, la Régideso, elle, ne supporte pas le coût du gasoil pour pomper l’eau.

DES PARTICULIERS DANS LA DANSE
"La Snel n’est pas capable de nous fournir de l’électricité, car elle a aussi des problèmes, et le niveau de l’eau a baissé au lac. La Regideso donne une solution de rechange avec ses générateurs. Mais le coût est énorme, et nous ne pouvons pas l’utiliser toute la journée. Il nous faut 370 litres de gasoil par heure", explique Bwana Fataki, chef de division provinciale (Directeur provincial) de la Regideso, lors du Café de presse organisé par la Section provinciale de l’Union Nationale de la presse du Congo ce jeudi 17 août 2017.
Pendant la pénurie, de nombreux particuliers se livrent au commerce de l’eau. Mais parfois, ces privés, à la recherche du gain, ne chlorent pas l’eau avant de la vendre à la population. A leur clientèle, ils brandissent de l’eau impropre à la population.

DES ABONNES INSOLVABLES
Seuls, 20% des abonnés de la Regideso Goma paient régulièrement leurs factures. Les 80% autres ne paient pas. Les dettes à recouvrer auprès des abonnés privés s’élèvent à 6 ,5 milliards de Francs congolais jusqu’au mois de juillet de cette année. Une moyenne de 14 factures impayées par abonné.
En plus, la dévaluation du Franc Congolais occasionne des pertes, car les abonnés paient pratiquement la même somme en monnie locale , malgré la hausse du dollar. Les privés ne sont pas les seuls. L’Etat également ne paie pas la consommation de ses services (les camps militaires et des policiers, les bureaux, les résidences des officiels…). La dette de l’Etat s’élève à 60 millions des Francs congolais par mois, et cela depuis plusieurs années.

LA QUALITE DU SERVICE REDUITE
"Tous ces facteurs réduisent la capacité de l’entreprise à rendre un service de qualité. Dans ce cas, même l’achat du gasoil est un casse-tête", se désole le chef de Division.L’entreprise compte sur une subvention spéciale du gouvernement provincial ou national pour acheter du gasoil afin de tourner ses machines, en l’absence de l’électricité.
La ville connaît une croissance démographique sans précédent, car les populations désertent les milieux ruraux à cause des conflits armés et de l’insécurité persistante. La Regideso reconnaît aussi l’absence de son raccordement dans certains quartiers de la ville, car, selon l’entreprise, la population croît plus vite que ses prévisions de 3 % l’an. D’où, la projection sur 2030.

CONSOMMATION DE L’EAU NON TRAITEE DU LAC
Une épidémie de choléra touche la ville depuis plus d’un mois. C’est depuis le 11 juillet que le vice-gouverneur, Feller Lutahichirwa, a officiellement déclaré l’épidémie de choléra dans la ville de Goma et dans le territoire de Nyiragongo, voisin de Goma. Au premier août, on dénombrait 3.500 malades et 17 décès.
D’après les autorités sanitaires de la province, cette situation est tributaire de la consommation de l’eau non traitée du lac Kivu. Un certain nombre de mesures ont été prises pour faire face à cette épidémie, mais le manque criant d’eau dans la ville et ses périphéries contratie les efforts entrepris.

L’ACCES A L’EAU, UN DEFI MAJEUR CONTRE LE CHOLERA

"Les défis majeurs auxquels on est confronté, c’est l’approvisionnement en eau. Par moment, nous assistons à des interruptions de la fourniture en eau, alors que pour éviter le choléra, nous devrions normalement avoir de l’eau potable de manière permanente", déplore Dr Janvier Kubuya de la Division provinciale de la santé au Nord-Kivu.
"Il y a des quartiers de la ville de Goma et même du territoire de Nyiragongo qui ne sont pas couverts par la REGIDESO et l’accès à l’eau potable est difficile", reconnait-il.
Le gouvernement provincial et des partenaires comme la Monusco, MSF… organisent déjà une riposte efficace. Le vice-gouverneur du Nord-Kivu a également invité les habitants de Goma et de Nyirangongo à observer strictement des mesures d’hygiène.
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