Le Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement, aussitôt après la journée « ville morte » du mercredi 15 novembre 2017, a écrit au gouverneur de la ville de Kinshasa pour l’informer de sa décision d’organiser, le mardi 28 novembre 2017, une marche pacifique. Celle-ci est motivée par son souci de réaffirmer, de concert avec les masses militantes, la disqualification de Joseph Kabila comme chef de l’Etat au-delà du 31 décembre 2017 ainsi que son rejet du calendrier électoral de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) fixant les élections présidentielle, législatives nationales et provinciales au 23 décembre 2018, en violation de l’Accord de la Saint Sylvestre.

Pendant que cette méga-plate forme de l’Opposition se mettait en ordre de bataille à travers des campagnes de sensibilisation de sa « base » dans la capitale, la Majorité Présidentielle est sortie du bois pour saisir à son tour l’Hôtel de ville de son projet d’organisation, à la même date, d’une « marche pacifique » parallèle ayant pour fondement le soutien du calendrier électoral de la CENI et de la tenue d’un référendum en vue de la révision de la Constitution.

D’emblée, les observateurs s’interrogent au sujet du mutisme du gouverneur André Kimbuta face à une démarche qui vise manifestement le torpillage de l’activité politique du Rassemblement.

Compte tenu du climat politique de l’heure, le numéro un de la ville de Kinshasa ferait œuvre utile s’il invitait la famille politique du Chef de l’Etat à trouver une autre date pour sa « marche pacifique », celle du 28 novembre étant de nature à tourner à l’affrontement entre les deux forces politiques. Deux « marches pacifiques » auraient pu se dérouler concomitamment dans la capitale si la police congolaise était réellement neutre et professionnelle. Malheureusement, dans le contexte actuel de son instrumentalisation à outrance par les hommes au pouvoir, la pire des choses qu’on pourrait attendre d’elle serait la répression brutale de la marche du Rassemblement et l’accompagnement complaisant de celle de la Majorité Présidentielle.

S’agissant de la demande de la MP, l’on s’étonne que la lettre porte la signature d’un ministre en fonction, en l’occurrence Joseph Kokonyangi de l’Urbanisme et Habitat. Selon la législation congolaise, l’homme n’est pas qualifié pour engager son parti ou sa famille politique. Rien qu’au regard de la disposition de la loi qui place ce membre du gouvernement sous le coup de l’incompatibilité, le gouverneur de Kinshasa aurait dû déclarer sa lettre non recevable.

S’agissant de la procédure, l’initiative d’une marche pacifique à la date du 28 novembre 2017 revient d’abord au Rassemblement, ce qui devait appeler de l’Hôtel de Ville de Kinshasa une prompte réaction devant aller dans le sens de changement de date pour la seconde partie demanderesse.

Une éventuelle décision d’interdiction de la marche de l’opposition ou des deux à la fois serait une grave entorse à la liberté de manifestation reconnue par le législateur aux personnes physiques et morales, sous réserve du respect de l’ordre public. A propos de la sécurité des manifestations, il est bizarre que l’Hôtel de Ville invoque machinalement des risques de dérapages, alors que l’administration urbaine est censée disposer des unités de la police requises pour les encadrer. Cadres et militants de l’opposition ont déjà eu à démontrer, plus d’une fois, qu’ils sont capables de s’auto-discipliner si leurs activités ne sont pas délibérément troublées par les hommes en uniforme ou des « infiltrés » instrumentalisés par la Majorité présidentielle pour les besoins de la cause.

Un nouvel aveu d’impuissance de l’Hôtel de ville pour le rendez-vous du 28 novembre 2017 voudrait simplement dire que l’année prochaine, aucun opposant ne pourrait ni tenir un meeting dans un lieu public, ni organiser une marche dans les rues de Kinshasa dans le cadre de sa campagne électorale. Car, dans le cadre des enjeux électoraux, les candidats de la Majorité comme ceux de l’Opposition seraient appelés à programmer non pas une marche ou un meeting par jour, mais plusieurs activités électorales aux quatre coins de la capitale. Que ferait la police face à des dizaines de marches et meetings se tenant dans le même périmètre ? Il est temps que l’administration urbaine se ressaisisse pour tirer notre démocratie par le haut, en permettant aux citoyens d’entendre tous les sons de cloche.

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